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Revenu de base

Revenu de base et technologies de la singularité : même combat ?

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Qu’ont en commun les esprits progressistes et révolutionnaires débattant place de la République de lendemains qui chantent, et les apôtres de la singularité promoteurs zélés du remplacement des hommes par des robots ? Tous deux défendent le même projet : la mise en œuvre d’un revenu de base universel, d’une rémunération où la contrepartie travail aurait disparu. Une révolution activée par deux pôles diamétralement opposés, une étrange première.
 
Le revenu de base universel (RBU) est un thème qui se débat de plus en plus, dans de nombreux pays du monde. Cette idée ancienne, puisqu’elle remonterait à Thomas More en 1516, a longtemps senti le parfum de l’utopie et des rêves révolutionnaires. Plus proche de nous, c’est l’économiste prix Nobel Milton Friedman qui enfourche ce cheval de bataille, selon lui seul remède contre la pauvreté qu’il prévoit grandissante dès le début des années soixante-dix. Que l’on procure à tous un revenu décent pour qu’il n’y ait plus personne qui meurt de faim. Idée généreuse qui serait restée au rayon des bonnes intentions si d’autres économistes comme le prix Nobel 2013 Paul Krugman, mais aussi des penseurs, des philosophes, quelques hommes politiques, ne se mirent à prendre cet étendard.
 
Le revenu de base universel est devenu le thème symptomatique des temps qui changent dans lesquels nous sommes en train d’évoluer. Certains pays ont tenté de le mettre en œuvre avec plus ou moins de bonheur, mais c’est vers la Suisse que les regards se tournent. Le 5 juin prochain, en effet, la confédération helvétique votera sur ce qui pourrait être la révolution du XXIe siècle. Une nouvelle ère où le revenu serait dissocié du travail, où tout le monde pourrait avoir droit à un minimum de bonheur, où la pauvreté et la misère ne seraient plus que des images jaunies de l’histoire.
 
Certes, face à ce type d’idées humanistes, les financiers de tous poils sortent leur machine à calculer et font leur compte. Est-ce finançable ? D’autres voix chagrines, marquées par des siècles d’injonction « tu gagneras ton pain à la sueur de ton front », agitent l’épouvantail de la société d’assistés et le spectre de ces masses devenues oisives. Comment les occuper ? Les questions ne manquent pas face à ce sujet qui traversent les partis et les opinions politiques traditionnelles. Chacun y va de sa ritournelle, de la gauche à la droite, des écologistes aux libéraux, de peur de passer à côté de l’histoire ou plus prosaïquement, de l’élection.
 
Pourtant, il est un mouvement d’une force incoercible qui pourrait tout bousculer et précipiter l’instauration d’un revenu universel, avec beaucoup plus d’efficacité de ce dont sont capables les plus puissantes organisations citoyennes ou politiques.
Ce mouvement est celui qui transforme, sous nos yeux, dans des proportions jamais vues, le monde. L’automatisation de la société, l’émergence des robots partout, les progrès quotidiens des technosciences pour simplifier notre vie ou la rendre plus longue, ce mouvement qui bouscule toutes nos habitudes est en train, petit à petit, de changer l’activité des hommes.  Nous relations dans ces colonnes comment la Chine lance un plan massif de robotisation de son industrie pour remplacer 100 millions de travailleurs par des robots.

LIRE DANS UP : Chine : 100 millions d’ouvriers seront remplacés par des robots

Cette initiative est spectaculaire mais il y en a d’autres, à moindre échelle ou plus discrètes qui vont dans le même sens : le remplacement de l’homme par des machines. Il suffit d’aller dans un supermarché pour le constater déjà. Une étude de l’Université d’Oxford estime qu’environ 47% des emplois risquent de disparaître ces vingt prochaines années. Le World Economic Forum a fait de ce sujet un thème principal cette année.
 
Comme le remarque Johann Roduit, Managing Director du Centre d’Humanités Médicales de l’Université de Zurich, l’Internet des objets, l’ubérisation, les Big Data, les imprimantes 3D, les drones et les voitures autonomes, les robots de toutes sortes, petits, grands, domestiques, industriels nous envahissent comme les vagues d’une marée démesurée.  « Il est de plus en plus difficile d’imaginer quel type de travail ne sera pas radicalement transformé et quelle profession ne deviendra pas obsolète » dit-il. Les ouvriers ne sont pas seuls visés, les cols blancs aussi, mais aussi les avocats, les médecins, les pédagogues… le mouvement est en marche.
 
Les promoteurs de ces « innovations » sont des gens extraordinairement convaincus de ce qu’ils font. Leur mission a quelque chose de messianique et en ce sens, elle est inéluctable. Ils perçoivent pourtant le risque majeur, car il y en a un, et il est de taille suffisante pour fracasser leur élan. En développant leurs technologies, en améliorant l’intelligence des machines, en s’approchant chaque jour davantage du point de singularité, ils savent qu’ils se heurteront à un risque : celui de l’humain.  Et le risque non maîtrisé n’est jamais très bon pour le business.
 
C’est la raison pour laquelle on voit aujourd’hui les gourous du transhumanisme, les papes des universités californiennes de la singularité, les technologues les plus avancés, se transformer en ardents défenseurs et promoteurs d’un revenu de base pour tous ces humains que leurs technologies auront mis au rencart. En se libérant de ce souci, en payant ceux qu’ils auront remplacés par des machines, ils s’achètent une paix inestimable.

LIRE DANS UP : Silicon Valley : coup de blues ou signes précurseurs d’une révolution ?

Ils y voient aussi des perspectives inédites de création de valeur. L’idée d’instaurer un revenu garanti, loin des motivations morales ou sociales que l’on entend de ce côté de l’Atlantique, servirait à favoriser l’implantation durable d’un nouveau capitalisme : le capitalisme cognitif. En accordant un revenu de base, on permet l’accélération de la circulation des idées dans les circuits économiques, d’une part et, d’autre part, on valorise tout ce qui n’est pas considéré actuellement comme du travail mais qui apporte néanmoins de la valeur. C’est en d’autres termes, le digital labor, c’est-à-dire la monétisation de l’implication des citoyens-utilisateurs dans la formation de la valeur d’un service ou d’un produit.
 
L’histoire nous réserve toujours des situations que les esprits les plus cyniques n’auraient jamais osé imaginer. Cette convergence du capitalisme le plus débridé avec les mouvements les plus révolutionnaires du moment n’est-elle pas un fantastique pied de nez de l’histoire en train de se faire ?
 
 

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