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Les Français face au progrès technologique : C’est bien, mais pas pour les enfants !

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Pour comprendre et analyser la perception des Français à l’égard des technologies et de leur place dans l’avenir, l’Académie des technologies (1) et OpinionWay ont réalisé un sondage qui nous apprend que les Français s’intéressent fortement à la technologie (79%) mais qu’en même temps elle les inquiète (38%) et ils sont 68% à craindre que la technologie apporte au moins autant de dangers que d’opportunités pour leurs enfants…
 
« La société française, aujourd’hui, a peur de l’avenir » affirmait dans l’ouvrage « Réinventer le progrès »(2) le journaliste économique Philippe Frémeaux. Il faut, en effet, s’adapter aux mutations technologiques et comme l’expliquait Michel Cartier dans son livre paru en 2001, « Quelle société voulons-nous laisser à nos enfants ? » (3), « Il est beaucoup plus facile en effet de modifier un circuit électronique ou un produit qu’un comportement. »
L’irrésistible essor de la technologie, à travers l’industrialisation, les biotechs, la révolution de la production agricole, la multiplication des services, … crée une interdépendance croissante à la fois dans le pays et entre les nations. Alors, à l’instar de Tocqueville, pour rassurer les Français, il faudrait sauvegarder la liberté des individus au sein de la démocratie ou, comme le souhaitait le Général de Gaulle, sauvegarder « l’âme et la dignité des hommes, la liberté des citoyens » de la massification et de l’uniformité des technologies (4). Car le problème sous-jacent à ces inquiétudes n’est-il pas de donner à la technologie une orientation qui la mette au service des individus et de l’intérêt général ? 
49% des Français perçoivent leur pays comme le leader du progrès technologique dans la santé. L’aéronautique et l’aérospatiale (35%) sont ensuite plébiscitées, suivies en troisième position par l’automobile 18%. Ils ne sont que 10 % à voir la technologie comme leader dans l’intelligence artificielle ou 7 % dans les green tech. Reste qu’ils considèrent que le progrès de la technologie est inéluctable, car il est désormais intégré à leur quotidien avec des innovations telles qu’Internet, le smartphone, la PMA, etc. Dans ce contexte où il devient impossible de l’éviter, les Français attendent plus d’informations concernant les conséquences de la technologie, notamment celles prêtant à controverse. Comment maîtriser la technique toujours rebondissante et le progrès sans fin qui semblent emporter l’homme et la civilisation dans un tourbillon infini d’innovations et de puissance ? Comment faire pour que le rêve démiurgique de l’homme, progressivement réalisé grâce aux technologies, ne devienne demain un monde diabolique ?
 
Les Français s’intéressent massivement à la technologie, mais elle est source d’inquiétude pour 38% et 68% d’entre eux craignent qu’elle apporte au moins autant de dangers que d’opportunités pour leurs enfants.

79% des Français se montrent majoritairement intéressés par la technologie et son développement. Cet intérêt marqué l’est davantage parmi certaines strates de la population telles que les hommes (89% vs 70% des femmes), les jeunes âgés de 18 à 24 ans (85%), les cadres (86%) – trois populations traditionnellement plus sensibles aux sujets technologiques – ainsi que les Français résidant en Ile-de-France (83%), où la capitale, foyer des innovations et concentré des nouvelles technologies rayonne.

Les Français soulignent notamment son impact positif sur différents pans de leur vie. Dans la vie professionnelle, 47% considèrent les technologies comme une plus-value, mais 52 % y voient au moins autant de dangers que d’opportunités.
La crainte augmente quand on parle des enfants. En effet 68 % des Français déclarent que les technologies apportent plus de dangers que d’opportunités ou au moins autant d’opportunités que de dangers pour leurs enfants. 
 
L’écart se creuse entre hommes et femmes quand on considère l’impact positif de la technologie dans la vie quotidienne (38% des femmes contre 48%). Parce qu’ils ont vécu la dématérialisation des outils et techniques de travail, les 50-64 ans, tous sexes confondus, sont particulièrement enthousiastes quant aux opportunités créées par la technologie dans la vie professionnelle.
L’intérêt des Français pour la technologie s’exprime jusqu’au travers de leurs habitudes de consommation personnelle, puisque 40% des personnes interrogées déclarent aimer acheter des technologies dernier cri. Une fois de plus, les hommes (48%), les plus jeunes (58% des Français âgés de 18 à 24 ans), les cadres (51%) mais également les Franciliens (51%) se démarquent par une sensibilité plus forte à la technologie. 66% des Français estiment que le progrès technologique est synonyme de progrès pour l’humanité, et plus spécifiquement les Franciliens (80%), et les moins de 35 ans (73%).
 

Mais les Français, et les plus jeunes, ne cachent pas leur inquiétude

Néanmoins, les Français ne peuvent dissimuler leurs inquiétudes à l’égard de la technologie, perçue comme générant des contraintes et pouvant créer des problèmes. Ils expriment notamment une réserve quant aux dangers que rencontreront leurs enfants.
Les femmes (33%) s’inquiètent plus que les hommes pour le futur de leurs enfants. Les moins de 35 ans sont globalement les plus inquiets face à la technologie, qu’il s’agisse du futur de leurs enfants (37% contre 29% en moyenne), dans leur vie professionnelle (19% contre 14%) ou dans leur vie personnelle au quotidien (18% contre 14%). On peut supposer qu’ayant toujours connu et grandi avec les plus grandes avancées technologiques, les jeunes sont moins à même de reconnaître les changements positifs amenés dans le quotidien.
 
Pour Bruno Jarry, président de l’Académie des technologies « les Français et les jeunes en particuliers s’intéressent à la technologie, vantent ses bénéfices, tout en émettant des réserves. Ils expriment un besoin d’information quant à ses répercussions aussi bien au niveau personnel que professionnel. Le rôle de l’Académie des technologies est précisément d’apporter un éclairage sur des sujets aussi variés que la transition écologique, le BTP, la santé ou encore la robotique. L’expertise de nos 316 membres est complémentaire et nous pouvons ainsi apporter des éléments aux Français, qui demandent à être mieux impliqués dans les décisions sur les technologies ».
 

Le progrès technologique est inéluctable

Reste que les Français considèrent à 77% que rien ni personne ne peut enrayer le développement de la technologie, car elle est désormais intégrée à notre quotidien avec des innovations telles qu’Internet, le Smartphone, la PMA, etc.
Dans ce contexte où il devient impossible d’éviter la technologie, 85% des Français attendent plus d’information concernant les conséquences de la technologie, notamment celles prêtant à controverse.
Le père du cœur artificiel Alain Carpentier est à cet effet la personnalité française incarnant le mieux le progrès en France (26%), suivi de Roland Moreno, à l’origine de la carte à puce (16%) et du spationaute Thomas Pesquet (15%).
 

La technologie du quotidien plébiscitée

Pour 67% des Français, Internet apparait de loin comme le plus gros progrès technologique du XXIème siècle, suivi par le smartphone (41%), dont le marché s’est particulièrement étendu depuis 2007 et la commercialisation de l’iPhone. Il n’est pas surprenant de voir ces deux éléments, symboles de la communication aujourd’hui, figurer en tête du classement tant leur accès s’est démocratisé.
 
 
Internet a beaucoup plus marqué les seniors (77%) que les jeunes âgés de 18 à 24 ans (57%) « digital natives » qui l’ont toujours connu. A l’inverse, le smartphone, innovation plus récente, plébiscitée par les plus jeunes est davantage cité par ces derniers (45%) que par les plus âgés (39%), mais aussi par ceux aimant acheter des technologies dernier cri (45%).
 
Arrivent ensuite le processus de géolocalisation (20%, 28% parmi les seniors), les paiements numériques (20%), la voiture autonome (19%), la mobilité électrique (13%), les réseaux sociaux (9%), l’homme bionique (7%), les caisses automatiques (6%) et les OGM (4%).
 

Les Français perçoivent le secteur médical comme le principal progrès technologique au service de la société

De point de vue de l’intérêt général, les technologies perçues comme principaux progrès du XXIème siècle sont liées au secteur médical. Les troisième et quatrième technologies perçues comme principaux progrès du XXIème siècle sont liées au secteur médical, avec la robotisation en santé (38%) qui permet de réaliser ce que l’être humain à longtemps considéré comme impossible en soignant des maladies rares et la procréation médicalement assisté (23%) actuellement au cœur du débat public. La procréation médicalement assistée, quatrième innovation citée, l’est surtout par les femmes (29%) qui sont deux fois plus nombreuses que les hommes à l’évoquer (15%).
 
La santé demeure le domaine cristallisant le plus les espoirs et les attentes des Français : il est à la fois considéré comme étant le domaine dans lequel la France s’illustre le mieux en matière d’innovation technologique et celui pour lequel ils attendent le plus de progrès.
 
Les sciences telles que les biotechnologies (16%) et les nanotechnologies (14%) arrivent en quatrième et sixième positions. Des techniques spécifiques comme l’impression 3D (10%), l’Intelligence artificielle (10%) ou encore la réalité augmentée et la réalité virtuelle (7%) demeurent en retrait.
 
Beaucoup de ces dernières technologies sont liées aux premières figurant en tête du classement : c’est le cas des réseaux sociaux avec Internet, de l’homme bionique avec la robotisation de la santé, ou encore le système de géolocalisation et les paiements numériques utilisés dans certaines applications de smartphone. Ces technologies n’arrivent qu’en deuxième moitié du classement, car les Français ont avant tout cité celles qu’ils connaissaient le mieux, plus génériques et porte-étendard du progrès.
 

Les visages du progrès technologique

Ces deux secteurs, que sont la santé et les nouvelles formes de communication, se retrouvent également sous les traits de personnalités. Alain Carpentier, le chirurgien ayant créé et implanté le premier cœur artificiel autonome, est le Français incarnant le mieux le progrès technologique en France (26%) et Bill Gates, créateur de Microsoft mais aussi du portail Internet MSN, de la messagerie Hotmail et de la messagerie instantanée Live Messenger, s’impose à la première place du classement international (32%).
 
 
Avec un modèle comme Alain Carpentier, il s’avère peu étonnant que les Français perçoivent avant tout leur pays comme l’un des leaders de l’innovation technologique en matière de santé et recherche médicale (49%) devant l’aéronautique et l’espace – pourtant un atout fort de la France (35%).
 
Chez les Français incarnant le progrès, Alain Carpentier précède Roland Moreno, le père de la carte à puce se place (16%) et le spationaute Thomas Pesquet (15%).
 
Parmi les personnalités étrangères, les américains trustent les premières places. Bill Gates devance ses pairs Steve Jobs (16%, 20% parmi les adeptes de technologie dernier cri), mais aussi Elon Musk (10%), Larry Page (8%) et Mark Zuckerberg (4%).
 
 
Si nous voulons que la jeunesse s’enracine dans nos sociétés de technologies avancées, y prospèrent et y soient simplement heureux, il faut se poser la question de comment la société politique française a formaté la société civile : elle ne l’a pas préparée à observer les signes mais, en privilégiant l’enseignement des concepts, l’a transformée en un ensemble de consommateurs passifs de technologies élaborées ailleurs. Quel que soit leur environnement initial, les enfants y ont été soumis aux mêmes directives pédagogiques et aux mêmes énièmes tentatives de réformes destinées à rattraper le retard des concepts sur l’évolution des choses.
Paradoxe des paradoxes, quoi de mieux que la technologie pour aider notre jeunesse à s’informer, à penser le monde qui vient ? Comme l’explique Laurent Bigorgne, directeur de l’Institut Montaigne, « De nouveaux outils et infrastructures révolutionnent actuellement le système éducatif et contribuent à développer l’accès à la connaissance à travers le monde. La révolution technologique et la numérisation des processus d’apprentissage sont plus que jamais une opportunité permettant d’accéder à des cours de qualité. La révolution qu’a déclenchée la technologie dans le domaine de l’éducation offre d’immenses opportunités qui doivent être saisies. Non seulement la numérisation permet-elle d’améliorer l’accès aux contenus éducatifs, mais elle est aussi un tremplin permettant à chacun de s’adapter aux nouveaux métiers d’un monde en pleine mutation. »
 
Il est urgent de former les futurs citoyens, dès le plus jeune âge, grâce à des concepts éducatifs adaptés pour appréhender les technologies actuelles et futures. Des enjeux éducatifs qui doivent devenir des savoirs fondamentaux, au même titre que l’apprentissage de la lecture ou du calcul.

 
 
 
(1) L’Académie des technologies
L’Académie des technologies, présidée par Bruno Jarry, est un établissement public administratif national placé sous la tutelle du ministre chargé de la recherche. Créée en 2000, elle est placée sous la protection du Président de la République depuis 2013. L’Académie réunit 316 académiciens, experts de leur secteur : technologues, ingénieurs et industriels, mais aussi chercheurs, agronomes, architectes, médecins, sociologues, économistes, avec une forte représentation des directeurs de R & D des entreprises industrielles.
Héritière du siècle des lumières, sa devise : « Pour un progrès raisonné choisi, partagé », reflète la profonde conviction que la technologie est source de progrès pour l’ensemble de l’humanité.
Elle contribue à la gouvernance des questions technologiques, par l’engagement de ses membres au sein d’instances de réflexion et de décision (processus Stratégie Nationale de Recherche et Haut Conseil de la Science et de la Technologie, Commission Innovation 2030, CESE, OPECST, ANR…).
Elle participe au développement des réflexions menées au niveau international ou européen. Elle assure le Secrétariat général d’EURO-CASE, qui fédère 23 académies européennes (soit 6 000 membres). Sa mission : Elle est définie par la loi du 18 avril 2006 de la manière suivante : « L’Académie des technologies a pour mission de conduire des réflexions, formuler des propositions et émettre des avis sur les questions relatives aux technologies et à leur interaction avec la société ». L’Académie des technologies examine les questions qui lui sont soumises par les membres du Gouvernement. Elle peut elle-même se saisir de tout thème relevant de ses missions.
(2) « Réinventer le progrès » de Pascal Canfin et Laurent Berger – Edition Les petits matins, 2016 – Entretiens avec Philippe Frémeaux.
(3) « Quelle société voulons-nous laisser à nos enfants ? » de Michel Cartier – Edition d’Organisation et Les Echos éditions, 2001.
(4) « De Gaulle et la technologie » de Gilles Marchandon et Patrice Noailles – Préface du Professeur Stanley Hoffmann – Editions Seillans, 1994.
(5) Source : Huffingtonpost « Des technologies et des hommes », 2012.
 

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