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Société disloquée et hors-sol généralisé

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Dans une période d’infobésité, tout est sur le même plan : les actualités écrasent en quelques minutes les informations précédentes. Le scrolling des données participe au zapping permanent. Les engouements se succèdent comme autant de feux de paille, sans forcément beaucoup d’engagements pérennes. Cette agitation participe aux dislocations des institutions qui jusqu’ici tenaient le social ensemble. Du religare religieux à celui politique de la démocratie. Qu’est-ce qui a conduit à ce hors-sol généralisé ?
 

Tohu-bohu dans les « ordres » qui structurent les sociétés humaines

Dans toutes les sociétés et les civilisations, les « classes sociales » étaient organisées par des ordres qui tenaient la société ensemble. Il y avait d’abord les prêtres et prêtresses qui s’occupaient de l’ordre spirituel (avant de nourrir le religieux), directement reliés à ce que nous nommerons aujourd’hui la source, ils apportaient la guidance du sens, de la transcendance et de l’éthique. Ce qui inspirait l’ordre temporel, tenu par les rois et les empereurs chargés de l’orientation du royaume. Aujourd’hui, nous le traduisons par la politique et rappelons-nous les principes de la Grèce Antique, il s’agissait de la gestion de la Cité. Puis, venait l’ordre marchand permettant d’apporter les richesses au pays et l’ordre des guerriers assurant la sécurité du royaume / Etat. Et enfin, l’ordre des artisans puis des paysans, nourrissant tous les autres.
 
Dans un pays comme la France, l’émancipation par rapport à l’Eglise (Descartes notamment instaurant le doute comme condition de la pensée et de l’existence) s’est faite progressivement et cette individuation (au sens de Jung) était souhaitable. Acquérir l’autonomie de jugement, le discernement vis-à-vis du dogme de l’Eglise s’est développé depuis la Renaissance avec les Lumières. L’être humain venait d’acquérir son autonomie vis-à-vis de Dieu. A la suite de Nietzsche, nous pouvions alors comprendre que « Dieu était mort ».
 
Si cette émancipation était souhaitable, comme condition de notre liberté, elle s’est faite, tout comme la loi de 1905 – en jetant avec l’eau du bain deux bébés (comme dirait Patrick Viveret). Premièrement, en se séparant de la nature (Les Lumières insistèrent sur la nécessaire maîtrise de la nature), deuxièmement, en se coupant de cette filiation des ordres qui assurait une cohérence à la société et un « religare » à la population.
La société tenait debout. L’émancipation de l’être humain s’est traduite par plusieurs coupures d’avec un ordre naturel qui nous rend désormais hors-sol physiquement et symboliquement.
Alors lorsque l’ordre religieux/spirituel se corrompt, il ne permet plus de garantir la guidance spirituelle au politique, qui à son tour se corrompt, privilégiant ses intérêts personnels au détriment de ceux du collectif. C’est alors la loi du marché qui prévaut comme structuration sociétale. Et ce qui fait lien ce sont les soldes « on communie » pour acheter tous ensemble et en même temps des produits souvent inutiles. On communie au foot, équivalent des jeux du stade contemporains, afin de sentir l’intensité de la vibration fusionnelle, on communie dans les rave party et dans les marches pour des causes à défendre (qui, elles, renouent avec le sens).
 
Cette loi du marché n’a plus aucune limite, ce qu’apportaient justement les deux ordres précédents : morale et éthique, tenues par l’ordre religieux/spirituel, déclinées par des lois politiques, le juridique au service de l’éthique. Alors, les décisions se prennent dans un court terme, privilégiant l’intérêt de quelques-uns, montant cette poignée d’élite financière auto-proclamée contre tous – le reste, le peuple. Déclassant de facto les classes moyennes, le risque est de conduire à la guerre de tous contre tous. Et là intervient l’ordre des guerriers aujourd’hui tenu par l’armée et la police qui ont pour fonction d’obéir à l’ordre politique, pour autant que ce dernier tient son rôle. Le risque est alors de pousser cet ordre de nature obéissante, car subordonné à l’autorité de l’Etat, au coup d’Etat pour renverser un pouvoir politique qui pousse l’ordre guerrier dans ses retranchements, en le contraignant aux conflits de valeurs : maintenir l’ordre et affronter les civils qu’ils sont censés défendre.
Lorsque ce pas est franchi, il faut alors reconstruire pas à pas une démocratie qui puisse renouer avec les libertés qui sont généralement amoindries avec un régime autoritaire, ce qui est le cas lorsque des Généraux prennent le pouvoir.
 

Repenser l’horizontalité des relations humaines

Par ailleurs, nous sommes passés d’un moment de notre histoire humaine où la structure sociale était pyramidale et hiérarchique (ce qui est encore bien le cas) à celle de l’horizontalisation des échanges. Ce qui conditionne une forme particulière d’organisation des relations humaines et de la structuration des rapports sociaux.
Aujourd’hui, avec l’horizontalisation des relations, tout est mis sur le même plan, diluant les expertises et plaçant le débutant au même niveau que celui qui a 30 ou 40 ans d’expériences. Cela crée là aussi une confusion et les rapports humains sont à réinventer. Un religare qui ne soit pas uniquement basé sur de nouvelles formes d’affinité électives. Aux réseaux fermés et corporatistes succède celui ouvert des réseaux sociaux mais tout aussi sélectif et dont les critères ne sont plus les CSP mais les générations… « numériques ». Les scléroses générationnelles succèdent à celles basées sur le diplôme ou le compte en banque.
Il va nous falloir coinventer une maturité de rapports humains et de moyens de se relier et de tisser de nouvelles fraternités avec ces formes de reliance modifiée. Internet et les réseaux sociaux ont à créer leur éthique des nouveaux modes relationnels autres que ceux proposés par les Gafam.
 

Une voie pour le futur

Ainsi, prenons conscience de ce que nous avons laissé se déliter avant que la structure globale de la société ne « s’effondre » et laisse alors la place à des propositions conservatrices : régime politique et religion, qui apporteront des règles plus strictes pour tenir ensemble la société.
Nous pouvons décider de remettre d’équerre l’ensemble des « ordres » qui structurent notre société en les actualisant à notre évolution de civilisation. Une spiritualité mature, dégagée des dogmes obsolètes et représentés par des officiants cohérents et incarnant leur cheminement. Puis, réinventons une politique actualisée, à la démocratie participative et coopérative dont les formes variées pourront rendre la richesse de l’expression locale des citoyens. Evidemment, une économie renouant avec son étymologie (gestion de la maison) et qui permet l’équilibre et le rétablissement de circuits créant de la valeur et qui soit régénérative pour l’environnement et les citoyens. Une économie valorisant les métiers, au lieu de détruire le travail et les activités. Ce qui valorise les différents corporatismes. Et alors, police et armée remplissent leur rôle de gardiens de la paix civile.
Osons remettre chacun à sa place, investi de sa pleine potentialité à assumer ses rôles et responsabilités et l’énergie circulera mieux dans la société.
 
 

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phousez@nordnet.fr
3 années

Avec votre article, je découvre et me suis ouvert un compte à UP’, ne faudrait-il aller plus loin. Oui explorer le concept de « hors-sol » qui nous mène aux cultures du même métal à l’astronautique en passant par les transports aériens. Atterrir sur Mars dans la décennie prochaine ou continuer les cultures hydroponiques, sont-ils le chemin de l’apothéose du développement humain ? Ou au contraire, succédant à l’Exode rural commencé aux 17-18ème siècle et à l’hypertrophie citadin, l’à-venir n’est-il pas aujourd’hui concrètement à l’Exode Urbain. Le premier réflexe au début du confinement n’a-t-il pas été de trouver des aliments (et du… Lire la suite »

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