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Comment ré-humaniser le secteur sanitaire et médico-social ?

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Les signes de la crise de l’hôpital public sont manifestes : pénurie de médecins et d’infirmières, attentes et encombrements dans les services d’urgence, épuisement professionnel des soignants, « grèves » et manifestations, démissions de chefs de service, … Tout le monde s’accorde pour dire que l’hôpital public va mal. Comme l’explique Cynthia Fleury (1), « Le constat de déshumanisation de la société est assez général. L’hôpital, soumis aux mêmes processus de rentabilité et de rationalisation des coûts, n’y échappe pas. Mais ce sentiment est renforcé du fait qu’il est censé être une instance de soins. » La logique de l’hôpital-entreprise, on le sait, est en contradiction avec le fait de prendre soin. Alors pourquoi ne pas mettre à profit les nouvelles technologies, notamment le numérique et la robotique, pour réhumaniser le travail des personnels d’EHPAD où d’hôpitaux en prenant en charge les activités mécaniques et « sans valeur ajoutée » ?
 
Selon le dernier baromètre d’Odoxa (2) sur les « nouveaux usages en santé », plus des trois quarts des Français pensent que le développement du digital dans la santé améliorera, plutôt qu’il ne détériorera, la coopération et les relations interprofessionnelles entre les personnels soignants (77 %), l’implication des patients dans le suivi du traitement (74 %) et leur observance des traitements et prescriptions (78 %). 61 % considérent que le numérique en santé renforcera la qualité de la relation entre patients et soignants, contre 37 % à estimer que le « recours à la technologie déshumanisera cette relation en rendant les choses plus mécaniques ». Les Français comptent également sur ces technologies (73 %) pour « dégager du temps » aux soignants pour discuter entre eux des patients.
 
Le secteur de la santé, des hôpitaux aux EHPAD, traverse aujourd’hui une crise majeure qui a commencé il y a déjà presque 20 ans. Cette crise trouve ses racines dans sa lointaine histoire, des Hôtel-Dieu aux congrégations qui géraient ces lieux avant l’émergence de la professionnalisation du secteur. Cette professionnalisation a progressivement entraîné tous les acteurs dans une exigence de qualité, tout à fait légitime, initiée et voulue tant par l’État, les professionnels, les usagers que les familles.
 
Le secteur a dû progressivement s’adapter à une exigence de technicité, de règles, de traçabilité, avec son corpus de documents, de dossiers, de projets et de plans, la plupart répondant aux différentes crises ou scandales qu’il a traversés.  Cette adaptation s’est opérée dans un contexte d’évolution de la société qui attend de la qualité et des résultats mesurables, alors que les contraintes budgétaires et l’augmentation de la dépendance se sont renforcées, imposant à tous des changements de pratiques, sans que les acteurs du secteur puissent mobiliser les ressources humaines pour y répondre.  La conjugaison de ces phénomènes a entrainé une forte augmentation des compétences organisationnelles et techniques des équipes, mais a aussi provoqué une intensification de la charge de travail, au détriment de la dimension relationnelle de l’ensemble des métiers du secteur. 
Avec la déshumanisation qui en a découlé, l’attractivité de ces métiers a été mise à mal, entraînant un cercle vicieux en termes de formation et de recrutement, rendant toujours plus difficile de répondre aux exigences. Pire encore, cette situation a provoqué découragement et épuisement chez les professionnels tout autant que pour les usagers et les familles. Ce constat est aujourd’hui plus criant que jamais, et le secteur de la santé semble dans une impasse tant la situation est dégradée. Malgré quelques mesures d’urgence, aucune des solutions déjà connues ne semble pouvoir y répondre.
 
Une autre voie se dégage aujourd’hui. Aussi étrange que cela puisse paraître, il est temps de se tourner vers des solutions technologiques.  À l’heure où nous disposons tous d’un téléphone portable, d’applications simplement accessibles et très performantes, de reconnaissance vocale et faciale, de GPS, de synthèse vocale, n’est-t-il pas temps de mettre toutes ces avancées au service des professionnels des secteurs sanitaire et médico-social ?
 
Il ne s’agit pas de proposer au personnel des établissements une énième technologie robotique, numérique ou d’appareil connecté mais de réaliser à partir de ce qui existe des applications concrètes à leur service pour commencer à les libérer des tâches répétitives, techniques ou déshumanisantes, tout en redonnant de l’autonomie aux personnes dont ils ont la responsabilité. Il s’agit de retrouver grâce à la technologie « l’ordre naturel » des choses car pour que l’homme puisse donner le meilleur de lui-même il ne doit pas être asservi aux machines. 
Pour réussir cette évolution, il est impératif que ces applications soient simples d’utilisation, fiables et conviviales, permettant une excellente expérience utilisateur. Il faut aussi s’attacher à développer des applications métiers qui puissent être utilisées par des filières complètes en étant facilement paramétrables ou modifiables. Cela permettra de créer un vrai marché et donc l’émergence de produits abordables, pour pouvoir ensuite développer de nouvelles fonctionnalités en capitalisant sur les retours du terrain et les évolutions technologiques.
 
Exemple de robotique : Le robot Pepper, appelé MediPep, produit par Softbank Robotics, est dédié à l’accueil et au suivi des résidents dans les EHPAD, EHPA et Résidences services.

 
Une attention particulière doit être portée sur le choix des partenaires et les options les plus intéressantes en termes financiers. L’État doit aussi jouer son rôle dans l’enclenchement de cette dynamique en accélérant l’adoption de ces applications par des mécanismes de financement attractifs. 
C’est en ré-humanisant le travail des équipes grâce à l’appui de la technologie que nous commencerons à entrevoir la sortie de cette crise profonde et que nous – familles, usagers, professionnels du secteur de la santé, institutionnels et politiques – pourrons faire face ensemble au vieillissement sans précédent de notre population.
 
Silvère JAUNY, Président de Spin’R et ancien directeur d’un Ehpad
 
(1) Cynthia Fleury dirige la chaire de philosophie de L’Hôtel-Dieu à Paris, créée en janvier 2016, qui dispense un enseignement visant à redonner sa place à l’humain dans l’hôpital
(2) Enquête réalisée pour MNH GROUP (actionnaire du « Quotidien »), Orange Healthcare et l’ASIP-Santé par Internet du 7 au 19 mars 2018 auprès d’un échantillon représentatif de la population française, de 322 médecins et de 176 directeurs d’hôpital.
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