Les SFN sont les actions positives pour la biodiversité qui utilisent des propriétés des écosystèmes pour apporter des solutions climatiques (atténuation comme adaptation), comme la séquestration de carbone dans les arbres et les sols, la protection du littoral contre les tempêtes, ou encore l’adaptation aux sécheresses ou aux inondations croissantes. Elles semblent constituer un gisement d’opportunités « gagnant-gagnant » pour le climat et pour la biodiversité.
Une attention politique croissante pour les SFN climatiques
Dans les discussions internationales en cours sur le climat, la biodiversité et les océans, il est ainsi de plus en plus fréquemment mentionné que les écosystèmes terrestres et marins représentent une partie importante de la lutte contre le changement climatique, tant sur le volet de l’atténuation que de l’adaptation. Le Secrétaire Général des Nations Unies, Antonio Gutteres, a récemment repris le chiffre d’une étude internationale parue en 2017, et qui estimait qu’un vaste effort de conservation et restauration des écosystèmes pouvait représenter jusque 37 % de l’effort de réduction d’émissions de gaz à effet de serre nécessaire d’ici 2030 pour contenir le réchauffement global sous 2°C. Par ailleurs, et alors que les politiques en faveur de la biodiversité souffrent d’un manque de moyens financiers chronique, on peut régulièrement entendre, dans les discussions portant sur la gouvernance post-2020 de la biodiversité, qu’une plus grande part du financement climat devrait être allouée à la biodiversité. Des estimations de la société civile, mises en avant lors de la COP 24 climat, avançaient ainsi que les SFN ne recevaient que 3 % du financement climat, et qu’elles étaient donc « une solution oubliée ».
Recourir aux SFN n’est pas un réflexe dans le monde du développement
Pour comprendre ce paradoxe apparent, il faut d’abord saisir que pour des institutions dont « l’ADN a été les infrastructures grises pendant 75 ans » (2), envisager de financer des « infrastructures vertes » (nom parfois donné aux SFN) n’est pas un réflexe. Pour le monde du développement, du côté des bailleurs comme des pays, financer des projets biodiversité, au-delà d’être un domaine d’intervention en soi, n’est pas un réflexe lorsqu’il s’agit d’investir dans des actions d’atténuation ou d’adaptation au changement climatique. Le modèle de l’aide publique au développement (APD) tend par ailleurs à privilégier les prêts plutôt que les dons (en tous cas pour de grands pays comme l’Allemagne et la France), des montants élevés, et plutôt sur une logique de projets à court terme (typiquement, 5 ans, ce qui est court pour des politiques de développement). Or la rentabilité des projets SFN n’est pas toujours aisée à quantifier, ce qui les positionne plutôt comme des candidates aux dons, ou alors à des « petits » prêts, et plutôt sur le long terme pour laisser du temps aux dynamiques écologiques de se mettre en place.
Des incertitudes scientifiques et techniques persistent quant au déploiement à large échelle des SFN
Sur l’atténuation, les chiffres sont discutés dans la littérature scientifique et il reste des incertitudes sur les ordres de grandeurs en question, parfois importants. De manière générale, les connaissances acquises par les projets existants sont encore trop peu capitalisées et synthétisées. Par ailleurs, les écosystèmes étant eux-mêmes impactés par le changement climatique, il existe des incertitudes importantes sur leur capacité à remplir les fonctions attendues d’eux, pour l’atténuation comme pour l’adaptation.
Une « filière » SFN encore trop faible
Dans le secteur de la gestion de l’eau « classique » (stations d’épuration, acheminement, irrigation, etc.), par exemple, il existe des « facilités », comme la Facilité africaine de l’eau, soutenue par une douzaine d’États et des organisations internationales, et dont le but principal est la préparation et le soutien technique à des projets d’infrastructures liés au secteur de l’eau.
Agir à différents niveaux
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