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Gaz de schiste
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Extraction de gaz de schiste : six fois plus de séismes

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Alors que le Texas a multiplié par dix son volume de combustible extrait à partir des gaz de schistes, le nombre de tremblements de terre a, dans le même temps été multiplié par six. Une étude vient de démontrer la relation directe entre les procédés d’extraction du gaz de schiste et les séismes.
 
Les enquêtes, qui se succèdent, arrivent toutes à la même conclusion : la fracturation hydraulique, technique qui consiste à extraire pétrole et gaz par injection d’eau à haute pression dans des puits très profonds, situés sous les nappes phréatiques serait la première cause de secousses sismiques dites « artificielles », c’est-à-dire résultant des activités humaines. Des études avaient constaté ces séismes inhabituels au Kansas et dans l’Oklahoma. C’est au tour du Texas d’être ausculté par des experts en sismologie de l’institut de Géophysique de l’Université du Texas à Austin. Le verdit est implacable : sur les 162 secousses d’une magnitude de 3 ou plus sur l’échelle de Richter enregistrées entre 1975 et 2015, un quart sont « très certainement » provoquée par les activités gazières et pétrolières, quand 33% sont « probablement provoquées » et 28 % « possiblement provoqués ».
 
Depuis 2008 et la ruée vers les gaz de schiste et l’utilisation de la fracturation hydraulique, le nombre d’alertes sismiques d’une magnitude supérieure à 3 sur l’échelle de Richter a été multiplié par 6, passant de 2 à 12 par an dans le premier État pétrolier des États-Unis. Cette augmentation des secousses est liée à l’intensification, pendant la même période, de l’extraction de gaz et de pétrole dont la production a été multipliée par trois. Pour les experts qui ont signé un article publié le 17 mai dans la revue Seismological Research Letters, un lien direct serait établi « entre l’activité sismique et l’exploitation de gaz et pétrole de schiste », puisqu’elle remonte même jusqu’à 1925 et pointe du doigt le secteur des hydrocarbures.
Ainsi, par l’étude de plusieurs informations comme les données géographiques ou les indicateurs de profondeur, les chercheurs ont mesuré la probabilité, pour chaque séisme, d’être « induit » par l’activité humaine.
 
La technique d’extraction utilisée au Texas comme dans d’autres États américains consiste à injecter sous la roche où se trouve le pétrole ou le gaz que l’on souhaite récupérer, d’énormes quantités d’eau sous pression. Mélangée à du sable et des adjuvants chimiques, cette eau sous pression fissure les formations schisteuses afin de faire remonter gaz et pétrole vers la surface.  Les eaux usées sont rejetées dans les rivières mais une très grande partie est réinjectée dans le sol afin de la stocker le plus profondément possible. Et c’est là que le problème se pose. En effet, cette réinjection massive modifie la pression et donc la sismicité du sous-sol. Des déséquilibres se forment, conduisant à des secousses sismiques. Selon la lettre spécialisée legaz.fr, plus les explorations sont profondes, plus les risques augmentent. La plupart des séismes enregistrés sont peu perceptibles par les habitants des zones concernées, mais, certaines secousses sont supérieures à 4.6 sur l’échelle de Richter et deviennent problématiques. Les experts n’excluent pas des secousses de plus forte intensité. En mars dernier, un rapport publié par l’Institut américain de géophysique (USGS), établissait qu’environ sept millions d’américains sont menacés par des séismes provoqués par l’homme, principalement dans les États de l’Oklahoma et du Texas.

LIRE DANS UP : Ces forages qui font trembler la Terre

Si le Texas est aujourd’hui mis sur la sellette, d’autres régions schisteuses des États-Unis sont en effet aussi concernées. En Oklahoma, les sismographes ont enregistré 890 séismes supérieurs à 3 sur l’échelle de Richter en 2015. Avant 2008 et le lancement de l’exploitation du gaz de schiste, la région n’enregistrait que deux ou trois séismes de même intensité par an. Malgré ces chiffres, le déni des autorités et de l’industrie pétrolière persiste. Selon Reuters, un porte-parole de l’organisme gérant l’exploitation pétrolière au Texas, la Texas Railroad Commission, a rejeté l’étude comme « arbitraire » et « subjective » et a déclaré que l’agence avait également pris des mesures pour réduire les volumes d’injection. L’enjeu de l’exploitation des gaz de schiste est énorme pour les États-Unis. En effet, l’essor de la fracturation hydraulique a permis aux américains de détrôner l’Arabie saoudite de son titre de champion du monde de la production de pétrole. Le Texas est le fer de lance de ce secteur économique aux Etats-Unis puisque que cet État produit à lui tout seul plus d’un tiers du pétrole brut américain.
 
Selon le journal Le Monde, l’Europe et plus particulièrement la France ne sont pas à l’abri de cette problématique. Pierre Thomas, professeur de géologie à l’École normale supérieure de Lyon, affirme ainsi : « Même sans extraction de gaz de schiste, des séismes peuvent être provoqués par l’homme, En France, le récent séisme de magnitude 4 enregistré dans les Pyrénées-Atlantiques peut être relié à l’activité gazière importante du bassin de Lacq. »
Rappelons que la France a banni l’exploitation des gaz de schiste par fracturation hydraulique. Pourrait-elle tenir longtemps cette position vertueuse, et interdire comme le souhaite Ségolène Royal, leur importation sur notre sol ? La mission semble impossible pour des raisons juridiques mais aussi techniques. En effet, quand Engie ou EDF achètent du gaz, les cargaisons qui arrivent sur notre sol contiennent un mélange de gaz provenant de diverses origines. Difficile alors de distinguer les gaz vertueux et les autres. Or, selon Le Monde, les cargaisons livrées en France contiennent, incognito, entre 40 et 50 % de gaz d’origine schisteuse, dont une grande partie en provenance des États-Unis.  
 
 

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