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Plastiques et océans : la confrontation ravageuse

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Les déchets plastiques constituent un problème croissant : la production de plastique va doubler au cours de la prochaine décennie et, sans planification pour une gestion efficace de ses déchets, l’impact social, économique et environnemental devrait également augmenter. Nous sommes aujourd’hui confrontés à la pollution des océans par le plastique qui a envahi nos vies. Cependant, au cours des dernières années, de nombreuses initiatives ont été prises à tous les niveaux pour mettre en place des stratégies et des moyens de gérer ce problème complexe. 
 
Aujourd’hui, nous sommes inondés de déchets plastiques en raison de notre approche négligente de l’utilisation et, plus encore, du manque de planification de la vie après utilisation de ce matériau durable, qui s’est accompagné d’un important impact et coût à la fois social, économique et écologique. Selon le rapport de La revue de l’Institut Veolia – Facts Reports consacré aux plastiques, 5 250 milliards de particules plastiques flottent à la surface des mers et des océans du monde, soit l’équivalent de 268 940 tonnes de déchets.
Au cours des dix à quinze prochaines années, la production mondiale de plastique devrait  doubler, selon le dernier rapport du WWF publié ce 5 mars 2019. Aussi, les systèmes de fabrication, de distribution, de consommation et de commerce du plastique doivent donc absolument changer.

LIRE DANS UP’ : Le plastique va devenir le marqueur fossile de l’Anthropocène

La plupart des déchets marins sont constitués de matériaux qui ne se dégradent que lentement, voire pas du tout (la plupart de ces déchets dérivent en mer avant de se détériorer, un processus qui peut prendre entre 100 et 1 000 ans), de sorte qu’un apport continu de grandes quantités de ces matériaux entraîne leur accumulation progressive dans l’environnement marin et côtier.
 
Cette tendance négative a été confirmée par plusieurs études dans différentes régions, indiquant clairement que la situation concernant les déchets marins continue à se détériorer. C’est de ce fait que les déchets marins sont non seulement un problème environnemental mais aussi un problème de santé, d’économie et d’esthétique.
 

La mer Méditerranée en danger de mort

Neuf milliards de tonnes de plastique se sont accumulées depuis 1950 ; 9 % seulement du plastique est recyclé ; 150 millions de tonnes de déchets plastiques sont dans les océans ; 100 % de la mer Méditerranée est polluée par les plastiques, selon l’article paru dans la revue de l’Institut Véolia sous le titre « L’indispensable réinvention des plastiques ». Selon les experts de l’Ifremer, 700 tonnes de déchets se déversent chaque jour en mer Méditerranée qui représente l’une des régions les plus impactées par la pollution marine, plastique tout particulièrement. C’est aussi l’avis du député des Bouches-du-Rhône, François-Michel Lambert, qui estime que « 50% des micro-plastiques mondiaux sont aujourd’hui dans la Méditerranée « . 
 
Notre confrère, le magazine The Conversation explique cette situation du fait du caractère de mer semi-fermée qu’est la Méditerranée qui connaît une exposition plus forte que les océans : le taux de renouvellement de ses eaux est de 90 ans alors que la persistance des plastiques est, elle, supérieure à 100 ans.
Entre 1 000 et 3 000 tonnes de plastiques flottent actuellement à la surface (fragments de bouteilles, sacs, emballages, fils de pêche…), provenant en grande partie des zones d’accumulation des villes côtières, des zones à forte activité touristique et des décharges à ciel ouvert. La majeure partie de la pollution méditerranéenne provient des 250 milliards de fragments de microplastiques qui s’y trouvent, selon les estimations de l’Expédition MED.
Un problème exacerbé par d’autres facteurs : les côtes densément peuplées, le tourisme fortement développé, le passage de 30 % du trafic maritime mondial et les apports supplémentaires des déchets par les rivières et les zones très urbanisées.
Selon le rapport du WWF 2018, le plastique représente 95 % des déchets en haute mer, sur les fonds marins et sur les plages de la Méditerranée. Ce qui a mené certains experts à la qualifier de sixième grande zone d’accumulation de déchets marins au monde, après les cinq gyres océaniques. 
 
 
En 2014, la fondation Tara a conduit une expédition pendant neuf mois dans le bassin méditerranéen pour étudier spécifiquement les microplastiques et en comprendre les impacts sur cet écosystème. Elle a permis d’effectuer 2 000 prélèvements dans quelque 350 stations, près des côtes, proches des villes, des embouchures de rivières et dans les ports. Des données représentant 75 000 particules de plastique, actuellement en cours d’analyse.
L’expédition a déjà permis un constat clair : que ce soit près des côtes ou plus au large, la Méditerranée est polluée à 100 % par les plastiques. Plus alarmant encore, la concentration des microplastiques est parfois aussi importante que celle trouvée dans le « 7e continent de plastique » – qui fait trois fois la taille de la France, dans le Pacifique. Leur nombre avoisine par ailleurs l’ordre de grandeur du plancton, à la base de la chaîne alimentaire.
 

En quoi consistent les déchets marins ?

Le Programme des Nations Unies pour l’environnement (PNUE) définit les déchets marins comme « tout matériau solide persistant, fabriqué ou transformé, rejeté, éliminé ou abandonné dans l’environnement marin et côtier ». Il s’agit d’éléments perdus ou rejetés par les personnes dans les mers, rivières, sur les plages, ou apportés par les eaux pluviales, les eaux usées ou le vent, ou encore par des objets tels que les filets de pêche et les cargaisons perdues.

LIRE DANS UP’ : L’ONU déclare la guerre à l’océan de plastiques

On estime ainsi que plus de 150 millions de tonnes de plastiques se sont accumulées dans les océans du monde et que par ailleurs :
– 50% des plastiques grand public sont à usage unique ;
– 10% de tous les déchets d’origine humaine sont en plastique ;
– 500 milliards de sacs en plastique sont utilisés chaque année ;
– 1 million de bouteilles en plastique sont achetées chaque minute ;
– 13 millions de tonnes de plastique fuient dans l’océan chaque année ;
– 100 000 animaux marins sont tués par des déchets plastiques chaque année.
 
Les déchets marins peuvent être transportés sur de longues distances avec les courants et les vents océaniques et se retrouvent donc dans toutes les mers et dans les zones isolées, comme par exemple, sur des îles au milieu des océans et dans les régions polaires.
 

Qu’en est-il des microparticules de plastique ?

Comme cela est décrit dans le rapport du PNUE à propos des « leçons globales », les microplastiques sont généralement définis comme de petites particules ou des fragments de plastique mesurant moins de 5 mm de diamètre. Certains microplastiques sont délibérément fabriqués à des fins industrielles et domestiques. D’autres sont le résultat de l’altération et de la fragmentation d’objets plastiques plus volumineux (fragments de textile synthétique, particules de plastique utilisées dans des produits cosmétiques, produits nettoyants industriels, etc.), processus qui est renforcé par une exposition aux rayons UV mais qui devient extrêmement lent une fois que le plastique coule sous la surface. Même les plastiques marqués comme « biodégradables » ne se dégradent pas rapidement dans l’océan. Les plastiques de taille nanométrique sont probablement aussi courants que les plastiques de taille micrométrique ou micrométrique, mais leurs dangers sont moins bien compris et pourraient être plus complexes. Les principales sources de pertes macroplastiques proviennent de déchets solides municipaux mal gérés (c.-à-d. décharge à ciel ouvert et mise en décharge insuffisante), représentant environ la moitié des macroplastiques dispersés dans l’environnement.
 
Les principales sources de pertes de macroplastiques proviennent de déchets solides municipaux mal gérés (c’est-à-dire de décharges à ciel ouvert et de mise en décharge inadéquate), représentant environ la moitié des macroplastiques perdus dans l’environnement, principalement en Afrique, Amérique latine, Caraïbes et Moyen-Orient, qui consomment tous une grande quantité de plastique et produisent une grande partie des déchets ménagers mal gérés. Les quantités et les types (taille, forme, densité, composition chimique) des matériaux, ainsi que les points d’entrée dans l’océan, détermineront dans une large mesure la répartition et l’impact ultérieurs
 
Les pertes de microplastiques, par contre, sont principalement dues à une forte population et à une consommation de plastique par habitant. Les régions les plus contributives sont l’Amérique du Nord, la Chine, l’Asie (à l’exception du Japon, de l’Inde et de la Chine) et l’Europe occidentale.
 

Quels sont les principaux problèmes environnementaux soulevés par les déchets marins ?

Les déchets marins menacent la diversité biologique marine et côtière dans les zones côtières productives, causant des dommages et la mort au sein de la faune. L’enchevêtrement dans des filets de pêche et l’ingestion sont les principaux types de dommages directs causés à la faune par les déchets marins, tels que les balanes et les vers, qui dévorent les morceaux de macroplastiques. D’autres menaces pour la faune et l’environnement, notamment la couverture des fonds marins et la perturbation des habitats liés au nettoyage mécanique des plages.
 
On considère de plus en plus que les déchets marins sont aussi une source d’accumulation de substances toxiques ou encore de perturbation des écosystèmes dans l’environnement marin liés au transfert d’espèces envahissantes entre les mers, comme des proliférations d’algues, et d’agents pathogènes nuisibles. Pour le rapport GESAMP, toutefois, il n’est pas clair si au taux d’augmentation actuellement observé de microplastiques, cela sera significatif au niveau des populations.
 
Chaque année, la présence de déchets marins entraîne également des dommages qui entraînent des risques pour la santé et des pertes en vies humaines, des pertes de biens et de moyens de subsistance, mais aussi des coûts économiques élevés. De plus, les déchets marins gâchent, détruisent la beauté de la mer et de la zone côtière.
 

Y a-t-il un impact établi des microplastiques provenant des déchets marins sur la santé humaine ?

Les déchets plastiques, en particulier d’origine médicale et sanitaire, ingérés par les organismes marins (poissons, crustacés, …) peuvent constituer un risque pour la santé et pourraient potentiellement causer de graves dommages. D’une manière générale, on pense que seules les plus petites particules (1,5 micromètres ou moins) de ces plastiques peuvent pénétrer dans les vaisseaux capillaires des organes et que les autres seront excrétées. Certains de ces microplastiques sont soupçonnés de pouvoir alors interagir avec le système immunitaire, de provoquer un stress oxydatif ou de provoquer des dommages à l’ADN.
 
Néanmoins, il existe de nombreuses lacunes dans les connaissances, telles que des données toxicologiques sur les microplastiques couramment ingérés, leur impact potentiel résultant de la cuisson ou du traitement à haute température des aliments issus de la pêche, ainsi que concernant les voies spécifiques d’absorption, de distribution et de translocation de ces particules microplastiques dans les tissus et organes du corps humain.
 
C’est ce que confirme de nouveau la Fondation Tara : outre les dommages financiers engendrés par le plastique sur les écosystèmes – qui seraient, à l’échelle mondiale, de l’ordre de 13 milliards de dollars annuels, notamment à travers la pêche, la plaisance et le tourisme – l’impact sur la biodiversité et la santé humaine de cette forme de pollution demeure encore mal connu.
Plusieurs hypothèses de dessinent toutefois : d’une part, les microplastiques attirent et accumulent les contaminants déjà présents dans l’eau, comme les produits chimiques et les engrais. Ensuite, il existe du fait de leur petite taille un risque de confusion important entre le plancton et les micro-déchets par les organismes filtrants, comme les poissons ou les baleines.

 
Selon le récent rapport de l’Organisation des Nations Unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO), sur le sort des plastiques dans le corps humain et leurs effets potentiellement néfastes sur la santé , beaucoup reste en effet à établir et, sur la base des preuves scientifiques actuellement disponibles, les microplastiques ne semblent pas constituer une menace importante pour la sécurité sanitaire des aliments, les bénéfices pour la santé associés à la consommation de produits de la pêche dépassant les risques potentiels.
 

Quels sont les principaux obstacles à la résolution du problème des déchets marins ?

Parmi les raisons majeures du problème des déchets marins, qui semble s’aggraver dans le monde entier, il y a les pratiques de déchets du secteur des transports maritimes, ainsi que le manque d’infrastructures terrestres pour recevoir les déchets, associées au manque de sensibilisation des principaux acteurs et du grand public, notamment dans les pays en développement. Le rapport analytique sur les déchets marins du PNUE souligne dans ce contexte que parmi les principales contributions au problème étaient alors les lacunes dans la mise en œuvre et l’application des accords internationaux et régionaux existants relatifs à l’environnement, ainsi que dans les réglementations et normes nationales.
 

Quelles sont les principales initiatives prises pour gérer les déchets plastiques et les déchets marins ?

La solution la plus urgente à court terme pour réduire les intrants plastiques, en particulier dans les économies en développement, consiste à améliorer la collecte et la gestion des déchets. La résolution 3/7 sur les déchets marins et les microplastiques, adoptée lors de la 3ème session de l’Assemblée des Nations Unies pour l’environnement, invite ainsi tous les pays et autres parties prenantes à utiliser le plastique de manière responsable, tout en s’efforçant de réduire l’utilisation inutile de plastique et de promouvoir la recherche et l’application de solutions de remplacement respectueuses de l’environnement.
Le problème est que les déchets marins ne sont pas toujours spécifiquement mentionnés dans les conventions, accords ou plans d’action mondiaux ou régionaux. Les solutions à long terme comprennent une gouvernance améliorée à tous les niveaux, ainsi que des changements de comportement et de système, tels qu’une économie plus circulaire et des modes de production et de consommation plus durables.
 
Dans le même temps, un large éventail d’instruments liés aux déchets marins existe déjà et des actions sont en cours aux niveaux mondial et régional. L’éducation, l’information et la formation sont alors parmi les composantes essentielles de tous les efforts à mettre en œuvre visant à promouvoir une réflexion plus rationnelle sur le gaspillage en général dans la société. Sur le plan pratique, les interdictions de sacs en plastique en vigueur dans plus de 100 pays prouvent à quel point l’action directe des pouvoirs publics sur les plastiques peuvent être puissantes.
Pour éviter les déchets marins provenant plus spécifiquement du transport maritime, des plateformes en mer et des navires de pêche, des efforts doivent être déployés pour y réduire la production de déchets et leur dissémination ceux-ci devant être stockés à bord et débarqués à terre dans une installation de réception appropriée. Tous les équipements et matériels destinés à la pêche, en particulier les filets dérivants, devraient être marqués pour pouvoir les retrouver s’ils sont perdus en mer. Aucun engin de pêche ne devrait jamais être délibérément rejeté en mer mais emporté à terre pour une élimination appropriée.
 
Des plastiques dégradables sont par ailleurs en cours de développement, ce qui pourrait aider à réduire la quantité de plastiques persistants dans l’environnement, mais pourrait aussi envoyer un mauvais signal aux personnes et serait assez contradictoire avec les nombreuses tentatives faites pour changer leurs comportements de consommateurs. Et si une contamination de l’environnement par certains déchets dits « compatibles » était jugée acceptable, il serait très difficile de tracer une ligne de démarcation et de le matérialiser un changement cohérent d’attitude et de comportement.
 
Au niveau européen, l’établissement de programmes de surveillance constitue une étape importante dans la mise en œuvre de la Directive-cadre sur la stratégie pour le milieu marin de 2008 (MSFD – 2008/56 / EC). Cela a consisté à élaborer un « Guide sur la surveillance des déchets marins dans les mers européennes ». La pollution des mers par les plastiques et les microplastiques est aussi devenue l’un des trois principaux domaines de la Stratégie européenne pour les plastiques dans une économie circulaire adoptée par la Commission européenne en janvier 2018.

Quels sont les défis auxquels les pays en développement sont plus particulièrement confrontés pour faire face aux problèmes des déchets marins ?

Les pays en développement sont confrontés à des difficultés liées au renforcement des capacités, à la mobilisation de ressources et au manque de solutions alternatives pour remplacer certains types de plastique. Les petits États insulaires en développement sont particulièrement vulnérables au problème des déchets plastiques et microplastiques en mer et sont confrontés à des défis importants en matière de gestion de ces déchets et de la pollution par les plastiques. Ces États ont donc besoin d’un appui international pour faire face à ce problème, ainsi que de programmes de sensibilisation sur les déchets marins et les microplastiques, en particulier pour les populations les plus vulnérables.
Source : Greenfacts, 15 février 2019 – Références
 
Pour aller plus loin :
  • Exposition « Océan – Une plongée insolite » à la Grande Galerie de l’évolution, du 3 avril 2019 au 5 janvier 2020 : Tout au long du parcours, l’exposition développe un fil rouge sur les menaces que l’humain fait peser aujourd’hui sur l’océan, tout en présentant aussi les alternatives que le visiteur peut mettre en place à son échelle.
 

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Photo d’entête : ©WWF France
 

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