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La Belle Vie Numérique : 30 artistes de Rembrandt à Xavier Veilhan

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« Ceci n’est pas une exposition d’art numérique » mais le regard porté par des artistes du monde entier sur la transformation de notre vie quotidienne par l’apparition à la fin des années 80 de l’ordinateur et plus largement des technologies numériques.
L’exposition proposée par La Fondation Groupe EDF et Fabrice Bousteau, du 17 novembre 2017 au 18 mars 2018, tente de capter un instantané de notre époque insaisissable et questionne également la transformation des pratiques artistiques. Comment les artistes des dernières générations, ceux qui ont vu arriver la révolution numérique et ceux qui sont nés avec, ont-ils transformé leurs pratiques ? Comment reflètent-ils le changement de perception du monde ressenti par chacun d’entre nous ? Leurs outils de création ont-ils été influencés par les outils GAFA (Google, Amazon, Facebook, Apple) ? Quels regards portent-ils sur ce nouveau monde dont on ne perçoit plus parfois les frontières entre réel et virtuel ?
Photo : Carla Gannis – The Garden of Emoji Delights
 

A travers un parcours sensible, rassemblant les travaux d’une trentaine d’artistes aussi bien reconnus qu’émergeants comme Aram Bartholl, Lee Lee Nam, Lyes Hammadouche, Matteo Nasini, Amalia Ulman, Winshluss, Xavier Veillan, Julien Levesque, Encoreunestp, cette exposition peut surprendre car elle se détache volontairement de l’image technologique ou des clichés technoïdes que le mot «numérique» fait surgir dans l’imaginaire collectif. Elle questionne plutôt le visiteur avec humour, dérision ou encore émerveillement, le renvoyant à son vécu, à ses sentiments, et l’invite à découvrir les délices, et les vices, de son devenir numérique.
 

Vie numérique mode d’emploi 

 
La Belle Vie Numérique invite de manière ludique, le visiteur à réfléchir, réagir, participer plutôt que d’imposer des réponses. En élargissant son propos universel au-delà des propositions artistiques, l’exposition constitue une trame, un parcours-jeu où artistes internationalement reconnus, dessinateurs de bande dessinée, musiciens et architectes se mélangent à travers des thématiques qui interpellent chacun d’entre nous au quotidien. Ici des pépites d’art brut amateur, captées sur le net, se mesurent à des œuvres contemporaines historiques reconnues et font face à des créations d’intelligence artificielle. 
 
Au-delà des nouvelles technologies…
 
En avril 2016, Microsoft et deux musées hollandais ont créé, 373 ans après la mort de Rembrandt, un tableau inédit de l’artiste grâce à des algorithmes et une imprimante 3D. Jacques Attali affirme que dans moins de quinze ans on pourra reproduire quasiment à l’identique n’importe quelle œuvre d’art. Grâce aux ordinateurs, des artistes comme des architectes créent aujourd’hui des formes, des sculptures, des bâtiments que l’on pouvait jusqu’ici dessiner mais qui étaient impossibles à réaliser. Sur Instagram ou Youtube des artistes qui s’ignorent créent des pépites d’art brut du XXe siècle tandis que sur Facebook on peut découvrir le profil du premier artiste-avatar exposé dans des galeries bien réelles  ! Une nouvelle frontière vient d’être franchie avec l’intelligence artificielle créée par Google  : vingt ans après avoir battu Garry Kasparov, le meilleur joueur d’échec au monde, le logiciel a réussi à battre un joueur professionnel de go et désormais, des applications, tel que Deep Dreamer, produisent de manière autonome des œuvres hallucinantes. La machine qui, jusqu’alors, remplaçait l’homme dans les tâches mécaniques est aujourd’hui dotée de neurones artificiels  : douée de paroles, de pensée et de créativité, elle se mesure aux capacités humaines et les défie dangereusement.
Dans cette ère numérique, qui change le quotidien de chacun et dessine une vie nouvelle, complexe et absurde, belle et effrayante à la fois, l’individu cherche ses repères ou adopte avec émerveillement des nouveaux réflexes, de nouvelles façons d’être, de penser, de vivre et de créer…
 
Une création de Pablo Valbuena dans le parcours de la Nuit Blanche
 
L’artiste espagnol Pablo Valbuena à crée une installation lumineuse pour la façade de la Fondation Groupe EDF. Cette création explore la création des formes, à partir des points lumineux, qui à travers le temps créent un tableau abstrait transformant une partie de la façade à un voile translucide en mouvement. Visible depuis l’impasse Récamier et l’intérieur de la Fondation elle offre aux visiteurs deux expériences différentes modifiant ainsi leur perception. Elle a été présentée en avant-première de l’exposition lors de la 16e édition de la Nuit Blanche.
 
Pablo Valbuena Array, 2017 Lumière, architecture Installation in situ pour la Fondation EDF

Un parcours de visite thématique  

 
Dans le « numérique », on retrouve le langage binaire composé d’une série de 0 et de 1. Partant de ce constat, le commissaire a choisi de mettre les visiteurs face à un choix. Ce système binaire dirige toute création humaine et ce bien avant le « numérique »  : oui ou non, bien ou mal… des oppositions claires, rencontrées dans la base de toute culture et civilisation.
 
Dès l’entrée immersive, les visiteurs sont invités de choisir parmi le (0) et le (1), parmi les deux parcours qui s’ouvrent à eux grâce à une double entrée. Des codes couleurs issus de la colorimétrie numérique et trichromique RVB marquent les cheminements : le rouge pour le (0) et le vert pour le (1). Ces deux cheminements dialoguent, se séparent ou encore se croisent, en passant par des zones de connexion dans les nuances de bleu. Selon le cheminement choisi chaque visiteur aura une perception de l’exposition différente et unique. Les questionnements forment le fil conducteur qui guide le visiteur.
 
De l’utopie futuriste à la vie selon GAFA (Google, Amazon, Facebook, Apple)
 
Première thématique introductive où la vie mode d’emploi dans l’ère des GAFA se dessine et prend forme. Elle interroge sur les deux domaines radicalement changés par le numérique aujourd’hui : le quotidien et la ville. Avec l’intervention de l’artiste Winshluss, qui à travers une vidéo façon bande dessinée commente avec humour noir et dérision la dépendance aux Smartphones, dominant notre quotidien. Quant en face les jeunes architectes Sériès et Sériès, projettent des tours virtuelles dans le paysage parisien prouvant que des utopies des années 60 où Archigram ont dessiné pendant des heures des cités utopistes, futuristes, où lignes courbes, tours sans fin, jardins flottants représentant une nouvelle vision de la vie aux architectures non standard, aux dessins jugés « irréalistes », un chemin a été parcouru grâce aux nouveaux outils informatiques… Est-ce que la ville virtuelle l’est-elle toujours autant ?
 
Winshluss Courtesy de l’artiste et Galerie GP & N Vallois, Paris
 

Les absurdités numériques
 
Dans le monde lisse, immatériel et aseptisé des séries numériques de 0 et de 1, quelle est la part laissée à l’incongru, à l’inattendu, à la matière vivante ? Une nouvelle esthétique empruntée à Google (code captcha) et au monde Internet est-elle en train de se développer ? Les réseaux sociaux dictent-ils nos comportements ? Avec les œuvres de Aram Bartholl, Katja Novitskova…
 
La « Beauté » numérique
 
Des milliers d’images sont transmises et partagées en temps réel, quelle forme de beauté cherchons-nous ? Les nouveaux outils technologiques de création révolutionnent-ils les codes esthétiques ? Le flux, la data, la connexion en temps réel offrent un fond inépuisable d’images, sons et données… Un nouveau paysage recomposé et changeant se dessine en permnence. Avec les œuvres de Marie-Julie Bourgeois, Julien Levesque, Jean-Baptiste Michel, Udo Noll : Radio Aporee, Xavier Veilhan…
 
Fantasmes et peurs numériques  
 
Dès que l’homme a commencé à représenter et projeter son avenir, les fantasmes utopiques enchanteurs et les catastrophes apocalyptiques ont partagé l’imaginaire collectif. Et si les craintes et débats actuels sur l’intelligence artificielle faisaient échos aux peurs de l’ère industrielle ? Sociologues et anthropologues s’interrogent et constatent : depuis quelques années la science-fiction, les projections futuristes, semblent se tarir.
Sommes-nous devenus incapables de nous projeter plus loin ? L’intelligence artificielle est créatrice ? Avec les œuvres de Du Zhenjun, LaTurbo Avedon, Stéphane Degoutin et Gwenola Wagon, ou encore Mwood (qui revisite l’Art brut contemporain via Periscope) …et des créateurs qui s’approprient l’application Deep Dreamer pour transformer des œuvres d’art connues mais aussi des scènes de la vie quotidiennes à des hallucinations calculées par algorithme.
 
Marie-Julie Bourgeois TEMPO II, 2008-2017 Luiza Jacobsen (co-réalisation), Rémi Bréval (programmation), Julien Bréval (composition sonore)
 

Avec le numérique, tout le monde est artiste  
 
La démocratisation du partage, l’accès à un flux continu d’information, la visibilité des images dans le monde entier à travers les réseaux sociaux ou encore l’art du selfie…, peuvent-ils offrir à chacun son quart d’heure de célébrité présagé par Andy Warhol ? Qui est l’artiste désormais ? Instagram peut créer les artistes de demain ? Le Geek Art trouve sa place dans les musées et révolutionne le marché de l’art ? Avec les œuvres de Amalia Ulman, Carla Gannis, Encoreunestp, Greg Léon Guillemin, Suicide Girls…
 
Les nouveaux possibles  
 
Des artistes encore s’initient au code, sélectionnent, privilégient l’instantanéité de l’outil et proposent des créations hybrides où réel et virtuel se mélangent…ou encore les outils numériques transforment le processus de la création de la même façon qu’à la Renaissance la typographie ou l’invention de la perspective ont révolutionné la création artistique… Si Leonardo da Vinci avait eu une imprimante 3D, il l’aurait utilisée ? Avec les œuvres de Carla Giannis qui fait de l’Emoji Art, Lee Lee Nam, Lyes Hammadouche, Matteo Nasini qui sculpte le rêves ou encore Scenocosme qui sait faire parler les plantes …
 
Le numérique est-il la préhistoire du monde quantique ?
 
En conclusion la vie numérique change notre vision du monde. Un monde d’interstices, un monde intermédiaire entre réel et virtuel qui annonce vraisemblablement un autre monde, celui-ci encore plus inconnu, impénétrable et indéfinissable bien que si proche : le monde quantique. La physique quantique a prouvé qu’un élément peut être dans deux conditions différentes à la fois (par exemple la lumière onde et particule). Internet et le monde du travail aujourd’hui nous poussent à devenir quantiques : être dans deux conditions à la fois, dans deux lieux virtuels en simultané. Avec l’œuvre participative de Véronique Béland qui calcule et interprète le champ électromagnétique de chaque visiteur pour créer sa propre « musique » et « image  » unique, pour capter son aura…
 
Commissariat et direction artistique : Fabrice Bousteau
Coordination artistique et scénographie : Société Molle
 
Lieu : Fondation Groupe EDF  6, rue Récamier Paris 7°  (Paris M° : Sèvres-Babylone)
Entrée libre, du mardi au dimanche 12h-19h
 
 

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