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Les nouveaux fondamentalistes: Enjeux nationaux et internationaux

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Comment passe-t-on d’une mentalité radicale ou zélote à une position de combat, voire à l’engagement terroriste ? Là était le questionnement d’un des derniers séminaires du Collège des Bernardins en octobre dernier. Séminaire auquel participaient Antoine Arjakovsky et Jacques Huntzinger pour essayer de répondre sur les aspects historiques, anthropologiques et psychologiques des parcours des différents fondamentalismes. 
 
Antoine Arjakovsky, depuis septembre 2011, codirige avec Antoine de Romanet le département « Société, Liberté, Paix » du pôle de recherche du Collège des Bernardins à Paris, qui réfléchit aux rapports entre états, religions et laïcité. Jacques Huntzinger, ancien Ambassadeur d’Israël, est aujourd’hui secrétaire général des Ateliers culturels méditerranéens, iniités par l’Elysée et le Quai d’Orsay et qui participent au projet de l’Union pour la Méditerranée. Ils étaient les principaux intervenants de ce cercle d’analyse pour tenter de nous donner un éclairage prècis sur ceux que nous appelons en Occident les extrêmistes.
 
La notion de « courant » est très particulière dans l’islam
 
Parce que le prophète Mahomet a également été un « roi », en construisant un Etat à Médine et parce que ses successeurs, les califes, ainsi que leurs opposants vont faire de la politique au nom de la religion, des courants « politico religieux » apparaîtront qui seront plus politiques que religieux.
La constitution des courants dans l’islam se produira à trois moments de son histoire. Au 7ème siècle, au moment de la succession du prophète, puis au 9ème siècle au moment de la constitution de l’orthodoxie sunnite et enfin aux 19ème et 20ème siècles avec le choc de la rencontre du monde arabe avec la modernité et la puissance européenne. 
 
Au 7ème siècle, la succession du prophète à la tête du jeune Etat islamique, créé à Médine et élargi au nouvel empire arabe, va donner lieu à une compétition féroce entre la famille du prophète, représentée par Ali, son cousin et gendre, soutenu et par Médine et par les guerriers radicaux, et l’aristocratie de La Mecque représentée par le clan des Omeyades. De cette guerre de succession sortiront les grands courants initiaux de l’islam. Les sunnites forment le courant majoritaire issu de l’aristocratie mecquoise partisane d’un califat dynastique qui sera construit par les Omeyades et les Abbasides.
Le chiisme, courant minoritaire des partisans d’Ali, défait militairement à Kerbala, concentré en Irak, le berceau du chiisme, construira une théologie fondée sur l’imanat opposé au califat et sur l’attente et le retour de l’iman caché. Le chiisme deviendra bien plus tard, au 16ème siècle, la religion officielle de la Perse à partir d’une décision politique de la nouvelle dynastie perse décidée à se singulariser du sunnisme du monde arabe. L’époque contemporaine est la grande revanche du chiisme avec la révolution islamique de Khomeiny de 1979 et sa portée dans le monde islamique mais surtout avec la reconquête chiite de l’Irak au lendemain de l’action américaine en Irak en 2003. C’est la vengeance tardive de la défaite de Kerbala ressentie comme telle par le monde sunnite.
 
Le troisième courant, issu de la fitna du 7ème siècle, sera le kharidjisme, les « séparatistes révoltés », adeptes de la violence armée contre tous les dirigeants impies, refusant tout compromis politique, ancêtres des radicaux de l’islam et des djihadistes.
La mémoire de cette époque initiale de l’islam est entière dans l’islam moderne et contemporain.
Au 9ème siècle, au sein du sunnisme, la défense politique de la dynastie régnante des Abbassides face aux contestations des courants minoritaires antis califaux passe par la construction d’une orthodoxie religieuse fondée sur la tradition du prophète, la sunna. Il s’agit de nouveau d’une légitimation du politique par le religieux codifiée dans une orthodoxie appelée le sunnisme qui regroupe les « adeptes de la sunna du Prophète ». Cette construction sera la matrice des grands courants « théologiques » de l’islam sunnite. Ces trois grands courants du sunnisme sont le mutazilisme, la hanbalisme et l’acharisme.
 
Le mutazilisme, le courant éclairé de l’islam sunnite, influencé par la philosophie grecque, milite pour une lecture des textes sacrés fondée sur la combinaison de la foi et de la raison, affirme la liberté de l’homme face à Dieu et propose une théologie spéculative. Le mutazilisme, par son arrogance et sa maladresse, sera rejeté par le peuple à partir de la lutte menée par le courant du hanbalisme fondé par Ibn Hanbal, l’un des créateurs de la sunna. Ibn Hanbal peut être considéré comme le fondateur du fondamentalisme sunnite à partir de l’affirmation d’un retour strict aux seules sources et fondements que sont le coran et la sunna et d’une lecture littéraire des textes sacrés.
Ce combat perdu par le mutazilisme contre le hanbalisme conduira finalement les califes abbassides à se rallier à une synthèse puisée dans l’acharisme, du nom d’Al Achari, le grand théologien de Bagdad passé du mutazilisme à un conservatisme tempéré. L’acharisme demeure jusqu’à aujourd’hui la voie centrale de l’islam sunnite. Il repose essentiellement sur la prédominance de la sunna et de son interprétation codifiée par les ulémas, ce qui signifie le rejet de la théologie ouverte nourrie par la raison. Le rejet populaire puis politique du courant mutazilite est un moment clef de l’histoire de l’islam sunnite.
 
Le troisième moment de la formation des courants de l’islam sunnite sera la période des 19ème et 20ème siècles dans laquelle le monde arabe « rencontrera » l’Europe, une Europe puissante, coloniale et modernisée. Le monde arabe entrera dans un grand débat sur la conciliation possible entre son identité et la modernité européenne. 
 
Quels sont ces grands courants ?
 
D’abord, le wahabisme, apparu au 18ème siècle dans le désert arabique, se veut un courant fondamentaliste prêchant un Islam rigoureux et puritain dans la filiation du hanbalisme. Il deviendra la bannière du futur royaume érigé par la tribu des Saoud sur toute l’Arabie.
Le salafisme, ou plutôt les salafistes, hérités du hanbalisme et revigoré par le wahabisme, affirme que seul le retour aux sources de l’islam permettra la survie du monde arabe et qu’il faut mettre en place la loi islamique dans toute sa pureté initiale. Le salafisme est purement religieux et quiétiste pour certains, tels les tablighs ou les proches du wahabisme saoudien mais il est devenu politique pour ceux qui sont entrés dans l’arène politique en faveur de l’édification d’un Etat islamique, tel le parti salafiste égyptien « Nour ».
Et il existe aussi une troisième variante du salafisme, le salafisme révolutionnaire, celle qui emploie l’action armée et qui a débouché sur le djiadisme.
L’islamisme politique est encore autre chose. Il est le fait des Frères Musulmans crées dans les années 1920 en Egypte en réaction à la présence coloniale britannique et à la modernité occidentale. Le fondateur des Frères Musulmans, Hassan el Banna, a voulu transformer la religion en une idéologie politique moderne par la création d’un parti et d’un programme de réforme inspiré de la religion.
Les Frères égyptiens ont essaimé dans de nombreux pays, tels que la Tunisie, le Maroc, la Jordanie ou la Syrie, qui possèdent des partis islamiques issus des Frères musulmans mais dont les trajectoires sont très différenciées.
 
Il y a, enfin, le courant réformiste éclairé du néo mutazilisme, hérité de la pensée de Mohamed Abdouh, grand mufti d’Egypte et recteur de l’université d’El Azahr au début du 20 ème siècle. Le néo mutazilisme en appelle à la réouverture du débat théologique et juridique à partir de la raison et également au « concordisme » entre l’Islam et l’Europe occidentale. Ce courant, à l’image du mutazilisme du 7ème siècle, est très minoritaire dans l’islam officiel.
Aujourd’hui, on est frappé par la grande similitude entre les courants initiaux de l’islam sunnite et les courants modernes ainsi que par la grande stabilité de la pondération entre le courant majoritaire conservateur hérité de l’acharisme, les courants minoritaires mais actifs des salafismes et de l’islamisme politique et le courant rationnel et ouvert constamment marginalisé.
Mais le grand débat sur l’avenir de l’islam est peut-être en train de se réouvrir…
 
Les nouvelles formes de la pulsion de destruction
 
D’Al-Qaïda à Daech, un constat s’impose : le terrorisme et le djihadisme ont innové en donnant à la pulsion de destruction, qui réside en tout homme, de nouvelles formes. C’est dans la mobilisation pulsionnelle spécifique réalisée par la propagande de ces groupes que se trouve l’origine de cette violence inédite.
Pour en saisir la possibilité, il faut donc comprendre comment on va de l’adhésion à une idéologie à un passage à l’acte meurtrier. La transgression de l’interdit de tuer est ordinairement strictement encadrée dans les sociétés humaines. Dans les guerres interétatiques, c’est l’autorité politique qui commande cette transgression. Dans le terrorisme, même s’il existe des réseaux de recrutement, l’adhésion repose sur une initiative personnelle. Le dogme d’Al-Qaïda formulé par Al-Zawahiri en 2002 est repris par le groupe État Islamique : le djihad, même accompagné, aidé, coaché et financé, est affaire individuelle. Malgré l’embrigadement, la levée de l’interdit de tuer doit s’enraciner dans la subjectivité.
Pour produire cet effet, le rôle de la religion semble central. Pourtant, ce n’est pas la religion en tant que telle qui est convoquée mais son instrumentalisation politique, en vue d’un combat. Toute religion demande une faculté d’interprétation et de questionnement incompatible avec l’activisme terroriste. Au demeurant, l’adhésion religieuse à un dogme transformé en réserve de slogans constitue un formidable outil de recrutement car elle déprend le sujet de « l’idolâtrie de la vie », caractéristique des sociétés occidentalisées aux yeux des islamistes. 
Cette condition générale du passage à l’acte se décline en trois sous-conditions : la production d’un commandement « hallucinatoire », la mise au jour de la béance du moi grâce à l’entretien d’un état traumatique et la promesse d’une fusion dans un grand tout, relevant d’un modèle d’autorité plus maternel que paternel.
 
Quand, dans les armées classiques, les soldats reçoivent une dérogation pour tuer, le sujet en eux peut s’appuyer sur cet ordre pour rester éventuellement divisé dans son rapport à l’acte meurtrier. La paix revenue, on peut se plaindre de la bêtise de la guerre. Mais dans le terrorisme, le commandement doit pouvoir être relayé par le sujet lui-même. Quelque chose s’apparente ici à la psychose, hors de toute structure psychotique du sujet, impossible à supposer chez les jeunes recrues d’Al-Qaïda ou de Daech. Or, on sait que dans la psychose, le passage à l’acte meurtrier se produit dans un état d’hallucination où le sujet reçoit le commandement de tuer, dans une hallucination invocante, une voix. Il faut donc en quelque sorte produire une paranoïa artificielle, ce qui explique la présence de thèmes complotistes, d’une rigoureuse construction d’ennemi, de l’appel à la vengeance. Ainsi le sujet peut-il obéir de lui-même tout en s’annulant comme sujet. Le paradis recherché n’est en effet rien d’autre que l’abolition de la subjectivité, souhaitée par le sujet lui-même.
Soulagé des aléas de son désir, celui-ci peut se livrer aux pulsions, et d’abord à la pulsion de mort. Il est entretenu dans une pulsionnalité mortifère par les mises en scène des actes terroristes passés, en l’occurrence des décapitations. Le passage à l’acte meurtrier requiert la mobilisation pulsionnelle qui fait apparaître le rien, la destruction, la table rase, comme des urgences.
 
Internet joue une fonction décisive dans ce processus, non seulement par le contenu traumatique des scènes visionnées mais aussi par la temporalité de l’immédiateté que le mode de communication sur réseaux sociaux permet. Tous les jeunes djihadistes passent par internet. Un grand nombre d’entre eux se font recruter sur les réseaux sociaux, d’autres se rendent sur les sites djihadistes après une rencontre en prison ou dans la vie. Le sujet est ainsi mis en état de trauma artificiel.
Dans l’aspiration par la pulsion de mort qui en découle, non seulement il est tendu vers la destruction de tout et la production du « rien » caractéristiques de la transformation nihiliste de la guerre et de la politique, mais il devient capable de donner la mort par morcellement du corps (tête coupée des décapités, ou explosion des terroristes et de leurs victimes dans les attaques suicides).
Cette manière de tuer marque le retour à un état archaïque de la libido. C’est dans cette libido archaïque que prend sens la promesse d’une jouissance sans partage dans un grand tout qui est aussi bien celui de la foule qui soutient la démission subjective du djihadiste, que de la communauté utopique visée par ce messianisme politique, ou encore du grand tout de l’univers, symbole éternel de la mère.
 
Antoine Arjakovsky relevait que les quatre pôles de l’orthodoxie se retrouvent dans les autres religions. Le sunnisme et le chiisme peuvent se situer dans le pôle loi et justice, le karidjisme dans le pôle mémoire, et le soufisme peut être dans le pôle gloire. Il s’ interroge sur la possibilité de faire une typologie à partir de la psychologie proposée en lien avec les pathologies de mort et sexuelles. Certains pôles pourraient-ils être associés à des pôles de l’identité ?
Antoine de Romanet a souligné la fécondité de la distinction faite entre guerre, avec une armée et une fin, et terrorisme, avec une armée mais sans fin et l’intérêt du rapport entre armée et police. 
 
Le soufisme, qui n’est pas un courant de l’islam, pourrait-il avoir un certain rôle pacificateur ?
 
Jacques Huntzinger dit clairement que le soufisme est un courant important dès les origines de l’islam. Il apparait dans le sunnisme et dans le chiisme. C’est un courant qui est par définition anti fondamentaliste, ce qui signifie aller au cœur de la sunna, de la tradition par la contemplation. Il y a même une dimension très ésotérique. C’est donc l’ouverture d’une voie ésotérique vers la contemplation de Dieu destinée à procurer la plus grande proximité avec Dieu si tant est qu’on puisse approcher Dieu dans l’islam, ce qui n’est pas le cas. Il y a cependant des expériences soufistes de profonde transformation intérieure par la contemplation qui peut passer par l’ésotérisme. C’est la voie qui apparait comme la plus positive en termes d’islam purifié mais c’est aussi la voie de l’intériorité qui s’oppose à une certaine extériorité qui se retrouve dans l’orthopraxie sunnite. Si le soufisme a droit de cité chez les chiites, il a des difficultés à être légitimé par le sunnisme. Le soufisme vit donc de façon différencié dans ses rapports avec les différents courants de l’Islam.
 
Concernant les rapports entre djiadisme, islamisme et salafisme, il faut préciser que le djihadisme a dès son origine deux acceptions, le petit et le grand djihad. Le grand djihad, c’est la voie vers la réforme intérieure. Le petit djihad, c’est celle de la guerre, d’abord défensive puis offensive, qui peut être comparée à la théorie de la guerre juste au nom de la défense de la vérité contre les impies. Au départ, le djihad c’est la guerre contre les apostats, contre ceux qui ont abandonné la tradition sunnite, c’est-à-dire les chiites et créé d’autres religions. La religion devient un parti. Cela continue aujourd’hui.
L’islamisme politique est d’essence différente. Il est une expression ambiguë mais réelle d’une volonté moderniste de l’Islam. La religion devient une idéologie politique avec un parti, les Frères Musulmans, un programme et l’exercice de la conquête du pouvoir.
Une branche de l’islamisme politique a dévié vers un islamisme radical et violent et a rejoint le djihadisme. Dans le salafisme il y a tout ce que l’on veut. Il y a donc une porosité entre islamisme politique, salafismes et djihadisme, entre des courants qui ont chacun leur trajectoire et leur spécificité ce qui explique leur complexité.
 
Al-Quaïda et Daech ne peuvent être comparés. Al-Quaïda est une organisation fondée sur une théologie politique. Daech est différent puisque c’est une opportunité géo politique fabriquée par d’anciens officiers de l’armée irakienne évincés du fait de la politique américaine irakienne et qui ont réagi par rapport à leur identité sunnite et ont pactisé avec certains idéologues qui avaient travaillé avec al-quaïda et qui sont revenus chez eux. Daech est un conglomérat. Il y a un volet politique lié à l’histoire de l’Irak et un volet opportuniste.
 
Concernant le littéralisme dans l’islam, il faut rappeler qu’au départ, le littéralisme est présent dans tous les grands livres. La particularité pour l’islam c’est qu’il se crée très vite pour des raisons politiques. Le calife s’appuie sur une lecture du coran et de la tradition. Dès lors, si on veut être en opposition avec le calife il faut avoir une autre lecture littérale. Une telle position présente sous les califats se retrouve aujourd’hui. Les fondamentalistes se retrouvent dans « l’âge d’or », Mahomet et les deux premiers califes. 
 
Sur les questions psychologiques, Hélène L’Heuillet, Maître de conférences en philosophie politique et éthique à l’Université de Paris-Sorbonne, considère que nos sociétés ne sont pas la norme, hors pathologie. Nos sociétés ont aidé à la division subjective des adolescents. Elle se dit convaincue de la nécessité d’un nouveau langage pour aider les adolescents dans la compréhension des conflits.
Concernant les jeux, elle rappelle que Mohamed Merah passait beaucoup de son temps avec les jeux vidéo car ils assurent la mobilisation pulsionnelle de la totalité des tensions.
Elle insiste aussi sur la nécessité de la parole pour soutenir la division subjective des adolescents sinon ils basculent dans des aspirations grisantes et dangereuses.
Il y a des conflits possibles en politique et il y a la pulsion de destruction chez les jeunes qui mettent toutes leurs pulsions à tuer et des associations qui les relayent. Les thèses de Jacques Derrida et Jean Baudrillard ne sont pas pertinentes car elles jouent sur un effet de miroir.
Son intention n’est pas de pathologiser le djiad. Ce qu’elle dit est que tous les mouvements de ce type peuvent générer des pathologies. Le djiad a une logique de guerre civile et le risque doit être identifié.
Sur les questions d’ordre politique, Hélène L’Heuillet faisait observer que l’état islamique a voulu concurrencer al-quaïda en confisquant un territoire sans avoir l’intention de demander une reconnaissance comme Etat par le concert des nations. Ses institutions sont d’ailleurs assez faibles. La morale appliquée est liée d’ailleurs à la vacance des institutions. La guerre et le terrorisme sont deux choses différentes. La guerre est conduite par des Etats qui ont des armées ce qui suppose une concertation alors que le terrorisme ce sont des combats irréguliers. Le terrorisme devient la forme contemporaine de la guerre qu’on ne maîtrise pas et les Etats ne sont donc pas armés pour mener la lutte. 
 
Certains aspects peuvent aussi être apparentés à une logique de guerre civile
 
Si un rapprochement peut être fait avec le nazisme par certains aspects en particulier le nihilisme, les effets de foule et le pouvoir maternel, une différence doit être cependant relevée. La conception de l’identité diffère puisque dans le nazisme il y a l’idée d’une filiation pure alors que dans le djiadisme la pureté est hors filiation. La filiation est reconstruite avec un transnationalisme qui assure une plus grande efficacité que le nazisme puisque la puissance d’extension est plus grande car la reconstruction d’une nouvelle identité est possible.
Concernant un éventuel rapprochement avec le terrorisme russe, il est vrai que l’on peut faire un rapprochement avec le nihilisme russe qui peut être une source inconsciente du nihilisme actuel. Le jeune Lénine a construit son engagement contre l’anarchisme. Aujourd’hui, on revient à l’anarchisme. La différence c’est que dans le djiadisme il n’y a pas de phénomène de parti. Chacun peut y avoir son projet.
L’individualisation du djiadisme est un phénomène fondamental qui est l’inverse de la position bolchevick. Les manières de tuer sont aussi nouvelles.
 
Sur un possible rapprochement entre Daech et Al-Quaïda, des doutes peuvent être émis. S’il est peut-être vrai que Daech n’existerait pas sans Al-Quaïda, des doutes peuvent être émis sur un tel rapprochement. Il y a, en effet, une filiation plus importante que la concurrence entre les cellules veut le faire penser. Partout il y a de la science mais elle s’est vite perdue volontairement.
 
Source : ©Pôle de Recherche Collège des Bernardins – octobre 2015
 
 

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