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L’Open Innovation : un concept multifacettes

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Collaborer pour innover permet de gagner du temps et de partager les risques. Depuis dix ans, un nombre croissant de grands groupes mettent ainsi en place une démarche d’innovation ouverte. Une révolution culturelle pour celles qui prônaient le secret industriel.

Nos boîtes aux lettres seront peut-être, demain, interactives et intelligentes : connectées, elles seront capables d’apporter des informations sur leur contenu et de prévenir le facteur d’un retour de courrier. Un prototype de ce type d’équipement a récemment été présenté lors de la dernière édition du Lab Postal. Créé en 2009, ce dispositif animé par la Direction de l’Innovation et du Développement de E-Services (DIDES) du Groupe La Poste offre un espace de démonstrations pour des PME innovantes. Avec des objectifs très pragmatiques : repérer les innovations applicables au domaine postal et favoriser leur diffusion au sein du groupe.

Car à La Poste comme dans la majorité des entreprises de taille importante, l’innovation n’est pas uniquement le fruit de projets développés en interne. Le temps où les grands groupes confinaient leurs processus d’innovation au périmètre délimité par leurs ressources internes semble bel et bien révolu. A l’image d’un Procter & Gamble – un pionnier qui fête, cette année, les dix ans de son programme « Connect + Develop » –, les groupes d’envergure nationale et internationale cherchent compétences et idées à l’extérieur de leurs centres de R&D et marketing.

Plusieurs ressources peuvent être mises à contributions : salariés, clients et fournisseurs. Mais également des partenaires industriels et de recherche : start-up, PME, laboratoires de recherche académiques, experts indépendants, ou même concurrents.

Prenons le cas des salariés. Les premières manifestations de l’innovation dite « participative » se sont concrétisé par la mise en place de boîtes à idées. Aujourd’hui, la tendance est plutôt à encourager la mise en œuvre de concepts innovants à travers le soutien d’équipes motivées, en mesure de mener à bien leur projet. Depuis 2008, Alcatel-Lucent propose ainsi à ses salariés français le dispositif « Défi ENTREPRENDRE », version nationale du programme « Entrepreneurial Bootcamp » initié par les Bell Labs et Alcatel-Lucent University, deux filiales du groupe Alcatel-Lucent. En mars 2012, l’équipe gagnante de la saison 6 sera dévoilée. Le projet pourra alors faire l’objet d’un développement au sein du groupe ou bien dans le cadre d’une spin off. Avec un vivier de plusieurs projets finalistes, Alcatel-Lucent bénéficie d’autant d’idées innovantes potentiellement intéressantes à mettre en œuvre.

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L’ouverture se fait également vers l’extérieur. Si l’innovation a longtemps été considérée comme une activité devant être gérée de façon interne – pour se protéger de la concurrence et parce que les meilleures idées étaient censées venir de l’intérieur des entreprises – cette approche ne fait plus recette. La culture du secret, encore active dans les années 1980, n’est plus (dans une certaine mesure). Confrontées à une concurrence mondiale de plus en plus vive, les entreprises s’organisent pour devenir plus agiles et recourir à de nouveaux modes d’innovation. L’un des objectifs affichés est de gagner du temps d’accès au marché – de réduire le « time to market » – tout en partageant les risques.

« Lorsqu’en 2001 le PDG, Denis Ranque, m’a demandé s’il fallait garder une recherche centralisée, j’ai répondu « oui, mais à la condition qu’elle soit ouverte vers l’extérieur et puisse travailler en réseau » », racontait Dominique Vernay, dans un article de l’Usine Nouvelle publié en janvier 2009, alors qu’il était directeur recherche et technologie de Thales. Ainsi, dans les années 2000, Thales a placé l’innovation parmi ses priorités, en adoptant, en particulier, une démarche d’innovation ouverte envers ses partenaires, les laboratoires de recherche académique et les PME. Une démarche qui n’était pas aisée pour un très grand groupe leader sur ses marchés…

Reconnu pour ses innovations qui ont marqué le marché de l’optique ophtalmique, le numéro un mondial des verres correcteurs, le groupe Essilor, cherche également à donner un coup d’accélérateur à sa partie instrumentation. Invité par Opticsvalley à rencontrer ses adhérents, Fabrice Devaux, directeur R&D d’Essilor Instrumentation a exprimé ses besoins auprès des participants : « nous ne cherchons pas de simples fournisseurs. Nous souhaitons établir une vraie relation de partenariat pour innover et recourir à des technologies que nous ne maîtrisons pas aujourd’hui. Nous souhaitons proposer de nouveaux équipements plus performants et moins chers. De réelles opportunités de collaborations sont aujourd’hui à saisir. »

L’innovation ouverte est, en fait, un concept multifacette. Il est possible, par exemple, de collaborer avec des PME innovantes ou des laboratoires de recherche académiques dans le cadre de projets collaboratifs nationaux ou européens. La mise en place de laboratoires communs publics/privés est une autre voie comme celle de créer des consortiums, à l’image de GreenTouch crée, en 2010, par Alcatel-Lucent et qui compte aujourd’hui une cinquantaine de membres collaborant dans l’objectif de réduire la consommation des réseaux télécoms d’un facteur 100. Certaines entreprises procèdent par ailleurs par concours pour entrer en contact avec des start-up et PME innovantes ce qui ne les empêche pas de faire un « sourcing » sur le terrain. Car les entreprises n’entendent pas aujourd’hui maîtriser en interne l’ensemble des savoirs nécessaires à leur développement.

Reste à régler les problèmes de propriété intellectuelle qui souvent, représentent un frein à l’innovation ouverte. « Même si les mentalités ont évolué, la défiance vis à vis de l’autre subsiste ; certains préfèrent poursuivre la route sur le mode autarcique. Et ceux qui décident de participer à un projet collaboratif, le font à l’issue d’un arbitrage risques/avantages. Sans doute faut-il encore du temps, afin que s’opère une montée en culture de l’Open Innovation. La maîtrise des outils de la propriété intellectuelle est l’une des pistes à suivre », expliquait Antoine Dintrich, directeur général de l’Institut Européen Entreprise et Propriété Intellectuelle (IEEPI), à l’occasion d’une interview accordée en juin 2011 à la société Menscom, société de conseil spécialisée dans les stratégies de concertation et de débat public et dans la communication d’influence.

Si les problématiques de propriété intellectuelle et de partage de revenus futurs sont souvent au cœur des dysfonctionnements, certains grands groupes comme Thales cherchent à rassurer les PME et offrir un cadre gagnant-gagnant. Pour les start-up et PME à l’origine de technologies innovantes, l’Open Innovation peut s’avérer, en effet, fructueuse. Elle peut représenter le moyen d’aller au bout d’un projet et, en cas de succès commercial, générer des revenus qu’il est possible d’investir dans le développement de produits maison.

Open Innovation : naissance d’un concept

L’innovation ouverte est un terme inventé par Henry Chesbrough, professeur à l’université de Berkeley. Dans son livre « Open Innovation », publié en 2003, il met en avant une démarche où les bonnes idées proviendraient de l’intérieur comme de l’extérieur de l’entreprise. Ces idées peuvent être mises sur le marché par des chemins eux aussi internes (par l’entreprise elle même) ou externes (par d’autres acteurs partenaires de l’entreprise).

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