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San Francisco et les géants de la Tech entrent en sécession contre Trump

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Depuis que Trump a été investi Président des États-Unis il ne se passe pas un jour sans que ses décisions ne provoquent manifestations et mouvements hostiles. Il faut dire que Trump n’y va pas de main morte et enfile ses perles réactionnaires comme s’il y prenait un plaisir malin. La résistance s’organise dans tout le pays et pas seulement dans les manifestations de rues. Plus de 200 villes ont décidé de s’auto-déclarer « villes sanctuaires » face à Trump. Parmi elles, San Francisco fait figure de porte-drapeau dans cette nouvelle guerre de sécession. Dans son sillage, les grands noms de la tech et singulièrement de la Silicon Valley s’affichent ouvertement contre les décrets de Trump, et notamment celui visant l’immigration.   En ordre de bataille, la Tech californienne fait feu de tout bois pour contrecarrer le nouveau Président.
 
L’indomptable San Francisco a été la première ville à entrer en rébellion. Dès le 23 novembre, soit avant que Trump ne soit investi et que les décrets anti-immigration ou anti-avortement n’aient été signés, la ville a adopté au sein de son conseil une déclaration de résistance contre le Président américain. Voici la traduction intégrale de ce texte qui restera peut-être dans l’Histoire :
 
« ATTENDU QUE, le 8 Novembre 2016 Donald Trump a été élu pour devenir le 45ème président des États-Unis, en conséquence de quoi
 
A ÉTÉ PRISE LA RÉSOLUTION : quelles que soient les menaces proférées par le président élu Trump, San Francisco demeurera une Ville Sanctuaire. Nous ne tournerons pas le dos aux hommes et aux femmes originaires d’autres pays qui participent à la grandeur de la ville et qui représentent plus d’un tiers de la population. Il y a ici le Golden Gate : nous construisons des ponts, pas des murs ; et, cela étant
 
A ÉTÉ PRISE LA RÉSOLUTION : nous ne reviendrons jamais sur les droits des femmes, que cela soit dans le domaine de la santé, du travail ou dans n’importe quel domaine menacé par un homme qui traite les femmes comme des obstacles à rabaisser ou des objets à agresser. Et, non moins important, nous nous assurerons que nos jeunes filles grandiront avec des modèles qui leur montrent qu’elles peuvent être et faire ce qu’elles veulent ; et, cela étant
 
A ÉTÉ PRISE LA RÉSOLUTION : il n’y aura pas de thérapie de conversion, ni de suppression des droits à San Francisco. Nous avons commencé à accueillir les mariages homosexuels depuis 12 ans et nous n’allons pas nous arrêter maintenant. Et pour toutes les personnes LGBT* de tout le pays qui se sentent effrayées, intimidées, ou seules : vous comptez. Vous êtes vus, vous êtes aimés ; et San Francisco n’arrêtera jamais de se battre pour vous ; et, cela étant
 
A ÉTÉ PRISE LA RÉSOLUTION : nous croyons encore au principe fondamental de liberté religieuse de cette nation. Nous ne bannissons pas des personnes pour leur foi. Et les seules listes que l’on garde sont des invitations à venir prier ensemble ; et, cela étant
 
A ÉTÉ PRISE LA RÉSOLUTION : la vie des personnes de couleur compte à San Francisco, même si cela pourrait ne pas être le cas à la Maison Blanche. Et, guidés par l’équipe de travail du président Obama sur la police du XXIème siècle, nous continuerons à réformer notre service de police et à reconstruire une relation de confiance entre la police et les communautés de couleur afin que tous les citoyens se sentent en sécurité dans leurs quartiers ; et, cela étant
 
A ÉTÉ PRISE LA RÉSOLUTION : le changement climatique n’est pas un canular ou un complot des Chinois. Dans cette ville entourée d’eau sur trois côtés, la science est importante. Et nous continuerons notre travail sur l’énergie propre, le Zéro déchet, ainsi que tout ce que nous faisons pour protéger les générations futures ; et, cela étant
 
A ÉTÉ PRISE LA RÉSOLUTION : nous avons fourni des soins de santé à tous dans cette ville depuis presque une décennie, et si la nouvelle administration va au bout de sa promesse impitoyable d’annuler l’assurance maladie pour 20 millions de personnes, les habitants de San Francisco seront protégés ; et, cela étant
 
A ÉTÉ PRISE LA RÉSOLUTION :  nous sommes le lieu de naissance des Nations Unies, une ville rendue plus forte par les milliers de visiteurs internationaux que nous accueillons chaque jour. Nous resterons engagés pour l’internationalisme ainsi que pour nos amis et alliés du monde entier – que cela soit ou ne soit pas le cas de l’administration à Washington ; et, cela étant
 
A ÉTÉ PRISE LA RÉSOLUTION : San Francisco restera une des premières villes pour le transport et continuera à construire les systèmes Muni et BART [réseaux de transport de San Francisco, NDT] sur lesquels nous pouvons tous compter, même si l’administration de Washington va au bout de son projet de supprimer le financement fédéral pour le transport en commun ; et, cela étant
 
A ÉTÉ PRISE LA RÉSOLUTION : la Californie est la sixième plus grande économie du monde. La région de la Baie est la capitale de l’innovation du pays. Nous ne serons pas intimidés par les menaces de révoquer notre financement fédéral, et nous ne voulons pas non plus sacrifier nos valeurs ou les membres de notre communauté pour vos dollars ; et, cela étant
 
A ÉTÉ PRISE LA RÉSOLUTION : nous condamnons tous les crimes et les discours haineux perpétués en raison de cette élection. Et bien que les États-Unis vont bientôt avoir un président qui a fait preuve d’un manque de respect envers les valeurs que nous tenons en haute estime à San Francisco, il ne peut pas changer qui nous sommes, et il ne changera jamais nos valeurs. Nous argumentons, nous militons, nous débattons vigoureusement au sein de San Francisco, mais sur ces points nous sommes unis à 100 %. Nous combattrons la discrimination et l’irresponsabilité dans toutes ses formes. Nous sommes une Ville. Et nous avancerons ensemble. »
 
Comme San Francisco, New York, Chicago, Boston, Los Angeles ou Oakland se sont déclarées villes sanctuaires. Donald Trump en est ivre de rage et a déclaré vouloir les priver de fonds fédéraux. En clair, leur couper les vivres. Une telle décision pourrait se chiffrer en milliards. New York, par exemple, reçoit près de 10 milliards de dollars de fonds fédéraux en 2017.
« Le président n’a pas l’autorité constitutionnelle pour couper les fonds aux États et aux villes seulement parce qu’elles ont agi légalement pour protéger les familles immigrées. […] J’encourage le président Trump à révoquer son décret immédiatement. S’il ne le fait pas, je ferai tout ce qui est en mon pouvoir pour le combattre », a assuré Rahm Emanuel, maire de Chicago, lors d’un point presse.
Les maires de San Francisco, Berkeley et Oakland sont du même avis. « La Baie de San Francisco s’unit contre la faillite morale représentée par les politiques de la Maison-Blanche qui divisent des familles, nous fait tourner le dos à des réfugiés dans le besoin, et pourrait faire dérailler les efforts de près d’un million de jeunes productifs qui sont sur la voie d’une régularisation et de la citoyenneté », écrivent-ils dans un communiqué commun.

La Tech en ordre de bataille

Dans la même veine, Les entreprises technologiques se mettent en ordre de bataille face au décret anti-immigration du président américain Donald Trump, inquiètes autant des conséquences immédiates que du précédent qu’il pourrait créer pour un secteur reposant essentiellement sur des talents étrangers.
 
Dans la première initiative d’envergure du monde des affaires contre le nouveau président, près de 130 entreprises, basées en majorité dans la Silicon Valley, ont apporté leur soutien devant une cour fédérale à la procédure visant à contrecarrer l’application du décret.
 
La lettre des entreprises (« amicus brief ») dénonce une rupture avec « les principes d’équité et de prédictibilité qui ont régi le système de l’immigration aux États-Unis depuis plus de cinquante ans », et les « dommages importants pour le commerce américain, l’innovation et la croissance » qui en découlent. À part quelques signataires comme les jeans Levi’s ou les yaourts Chobani, la liste réunit le gratin de la high-tech.
 
Sa première version dans la nuit de dimanche à lundi dernier rassemblait une centaine de noms et la plupart des poids lourds et startups en vue : Apple, Facebook, Google, Intel, Microsoft, Netflix, Twitter, eBay, PayPal, Uber, Airbnb, Yelp, Pinterest, Snap, Spotify USA, Lyft, Stripe, Dropbox… Une trentaine d’autres les ont rejoints lundi après-midi, dont SpaceX et Tesla, les deux entreprises du milliardaire Elon Musk qui fait partie d’un forum de dirigeants d’entreprises chargé de conseiller Donald Trump. Le patron d’Uber, Travis Kalanick, vient lui d’en démissionner, après une fronde de ses utilisateurs qui y voyaient une marque de soutien à la politique présidentielle. IBM, dont la patronne participe au même forum, n’a en revanche pas signé. D’autres absents notables sont Oracle et Amazon. Ce dernier a toutefois appuyé la plainte initiale de l’État de Washington, où il est basé.
 
Pendant la campagne électorale, le secteur technologique avait plutôt fait campagne contre Donald Trump. Et après des tentatives de dialogue depuis l’élection, ce n’est pas un hasard si c’est le sujet de l’immigration qui fait ressurgir l’opposition au président. « Toutes ces entreprises dépendent lourdement de scientifiques et ingénieurs étrangers « , souligne Darrell West, directeur du Centre pour l’innovation technologique de la Brookings Institution à l’AFP. Il prédit des antagonismes d’autant plus forts que les entreprises du secteur comptent beaucoup de « gens jeunes et progressistes », peu favorables à la politique présidentielle.
Roger Kay, analyste chez Endpoint Technologies, rappelle que les meilleures entreprises du secteur sont allées chercher des ingénieurs ainsi que beaucoup de fondateurs et de patrons en Asie, en Russie… Ce sont ces gens, venus souvent au départ avec des visas, qui ont « alimenté l’essor de la hi-tech ».
Vivek Wadhwa, ex-entrepreneur et professeur à la Carnegie Mellon University Engineering dans la Silicon Valley précise : « L’Iran et l’Irak ont fourni beaucoup de « mathématiciens et de scientifiques brillants » à la Silicon Valley ». Mais prévient-il : « Donald Trump a montré qu’il pouvait, selon son bon vouloir, viser n’importe quel groupe en bannissant même provisoirement des résidents légaux détenteurs d’une carte verte. »
 
Le conflit entre le secteur technologique et Donald Trump est donc ouvert. Un secteur d’un poids financier considérable, grand créateur d’emplois et d’innovations. Mais fera-t-il le poids face aux entreprises moins progressistes du vieux secteur industriel comme celui de l’industrie fossile par exemple. Pourront-ils peser suffisamment pour faire reculer Trump ? Rien n’est moins sûr.
 
 
Sources : AFP, Positivr 
 

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