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Ça sent le roussi chez les pétroliers

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Longtemps considérés comme les rois du monde, les pétroliers sont aujourd’hui dans la tourmente. Confrontés à la chute du brut les compagnies pétrolières licencient à tour de bras. Depuis l’été 2014, c’est plus de 350 000 emplois qui ont été supprimés, sans compter les effets dévastateurs induits sur les nombreux sous-traitants de cette industrie.
 
Les industriels de la filière, qui vendent désormais moins cher leurs produits, connaissent l’une des plus graves crises depuis vingt ans. En début d’année, le britannique BP a annoncé 4.000 suppressions d’emploi dans l’exploration et la production. C’est une chute de 17% des effectifs concernés. Petrobras, la major pétrolière brésilienne, prévoit une chute de 25% de ses investissements. Tout cela est la conséquence d’un prix du baril qui a été divisé par quatre en moins de deux ans. La pression qui s’exerce sur ces sociétés est considérable. Le secteur pétrolier au sens large a diminué ses investissements de plusieurs centaines de milliards de dollars. D’où les compressions de personnel.
 
Pour les employés des compagnies pétrolières qui conservent leurs postes, les conditions sont de plus en plus difficiles. Certaines compagnies cherchent à imposer des rythmes de travail toujours plus intenses et des baisses de rémunération. Selon le site Novethic, c’est le cas outre-Manche de Wood Group. D’après le syndicat britannique du transport maritime et ferroviaire RMT, la compagnie parapétrolière, qui travaille pour Shell en mer du Nord, entend imposer quatre à cinq semaines supplémentaires de travail par an. Elle souhaite aussi allonger le rythme des rotations : les employés de l’offshore devraient désormais passer trois semaines en mer, suivies de trois semaines de repos, contre un rythme deux semaines / deux semaines jusqu’à présent. Inhabituel dans ce milieu, les salariés se mettent à faire grève !  C’est le cas dans certaines sociétés travaillant l’offshore de la mer du Nord, où aucun mouvement de grève n’avait eu lieu en près de…  30 ans !
 
Le monde du pétrole change sous les coups de boutoir de l’économie mondiale et du changement climatique. Les énergies renouvelables sont devenues les nouvelles stars au détriment des énergies fossiles. Une mutation qui s’opère inévitablement dans la douleur.
Geneviève Férone-Creuzet est une spécialiste de l’énergie et plus particulièrement du pétrole. Elle a publié « Le crépuscule fossile » (Stock) et s’est confiée dans un long entretien à paraître dans le prochain numéro de La Grande Question de UP’ Magazine. Elle observe comment le pétrole semble frappé aujourd’hui de malédiction. Il a été « sur bien des aspects une bénédiction pour le siècle dernier. Il a permis d’éradiquer certaines maladies. Il a profondément amélioré notre bien-être et notre niveau de vie sur tous les plans. Mais il a également favorisé la croissance démographique, une société de la voiture, de l’abondance et de la surconsommation qui pèse aujourd’hui sur notre environnement et qui a fait disparaître des modes de vie alternatifs et durables intéressants. La malédiction, c’est aussi celle qui frappe les pays producteurs de pétrole pris dans une dépendance totale et un jeu géopolitique extrêmement violent. »
 
Les « seigneurs du pétrole » ne comprennent pas toujours la mutation et le revers de fortune qui les frappe. Ils ont bâti de véritables empires sur l’or noir, ils ont été faiseurs de rois et ont profondément configuré la géopolitique mondiale. « Difficile pour ces seigneurs du fossile de s’imaginer comme mauvais alors qu’ils ont façonné le progrès. Il y a surtout la volonté de ne pas lâcher cette rente qui les a faits si riches et si puissants », analyse Geneviève Férone. Elle ajoute : « On a pourtant envie de leur dire « vivez avec votre temps » ! »
Au XXe siècle, poursuit G. Férone, « les pétroliers étaient des pionniers, des conquérants qui ont pris des risques absolument incroyables. Or il n’y a pas aujourd’hui plus grands conservateurs. Les voilà complètement fossilisés, avec une armée de lobbyistes, incapables de penser le changement ! » Et encore moins, leur nouvel ennemi, le changement climatique.
 
Face à ce qui ressemble à une forme de déni, ce sont les grands acteurs de la finance mondiale qui se positionnent pour accélérer le basculement de l’industrie pétrolière. Les oreilles des investisseurs entendent mieux les sirènes des défenseurs de l’environnement et de ceux qui veulent en finir avec la civilisation fossile. Ils se mettent donc dans un mouvement radical de réaction. Non par altruisme, mais pour des raisons qui sont liées au déplacement de la rente et des intérêts économiques.  Geneviève Férone affirme : « Si les plus grands financiers de la planète, les banques, les grandes compagnies d’assurances, les fonds de pension commencent à se dire qu’investir dans des énergies fossiles est pénalisant pour les rendements futurs, cela va donner un signal fort et favoriser le développement des énergies renouvelables. »
 
Dans cette transition violente, c’est, comme toujours, les salariés qui restent sur le carreau. Les licenciements du secteur pétrolier ne sont qu’un avant-goût de crises sociales encore plus vastes dans le secteur. On dégraisse, on asservit encore plus violemment les sous-traitants et les travailleurs de l’ombre, ceux qui transportent le pétrole sur des navires, ou ceux qui forent dans des conditions de travail épouvantables. Novethic affirme que, les résultats de nombreuses compagnies ayant plongé dans le rouge, elles se voient obligées de réduire leurs coûts « Quitte, dans certains cas, à encourager indirectement un véritable esclavage moderne. »
 
Image d’en-tête : REUTERS/Ceerwan Aziz
 
 
 
 
 

 

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