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Le temple de l’économie fait place au vivant.

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Le Palais Brongniart n’est pas seulement le temple de la finance et du trading haute fréquence. Il peut accueillir le monde agricole, comme à son origine où le sculpteur Charles Seurre campa sa statue portant épi, bleuets, coquelicots et charrue à l’arrière du monument. C’est l’Institut de l’agriculture durable (IAD) qui investit les lieux, ce 29 janvier.

Un signal ? Oui sans doute la manifestation que l’activité agricole détient les clés pour trouver des réponses intégrées aux attentes économiques, écologiques et sociales. « Nous n’avons pas le choix », a rappelé Jean-François Sarreau, président de l’IAD, en ouverture : «  il va falloir nourrir 9 milliards d’humains, c’est-à-dire produire plus avec moins, et cela ne sera possible qu’en misant sur la biodiversité. L’adaptation à des modes agricoles durables et socialement responsables se fera à marche forcée, parce que le monde va s’imposer à nous ». Un écho direct à tous ceux qui clament que l’ «économie se fera avec le vivant », sinon elle s’effondrera en saccageant le capital naturel et sciant ainsi la branche sur laquelle elle est assise.

L’enjeu est alimentaire mais aussi économique pour la France où l’agroalimentaire représente 12 milliards d’euros à l’exportation. « Il faut bien réaliser que les céréales que nous vendons ont la valeur de 135 avions rafales, a insisté Sébastien Abis, administrateur au Centre international de hautes études agronomiques méditerranéennes. Ce secteur indémodable peut être porté par une ambition politique alliant performance économique, écologique et éthique ». Ce spécialiste des relations internationales et stratégiques a souligné le moment propice où nous sommes  » avec l’année internationale de l’agriculture familiale, la loi d’avenir sur l’agriculture en discussion dans l’hexagone, la révision des objectifs du millénaire, et enfin la perspective en 2015 de l’exposition universelle de Milan sur le thème Nourrir la planète ».

Evaluer pour évoluer

Face à ces défis, les agriculteurs expérimentent des pratiques nouvelles (agriculture de conservation, agroécologie, agroforesterie…) dont ils mesurent la performance avec des indicateurs qui sondent bien plus que le rendement. Ainsi la plateforme Indiciades de l’IAD considère les économie d’énergie, la protection des sols, la qualité sanitaire des aliments, la protection environnementale de l’exploitation et de la biodiversité, les impacts sur l’eau, le climat et la société… 300 exploitations sont ainsi entrées dans cette plateforme qui permet d’évaluer les progrès d’année en année. « On voit que des bonnes pratiques comme le non-labour et la couverture permanente des sols produisent de la biodiversité, a démontré Konrad Schreiber, agriculteur en Bretagne et responsable du développement de la plateforme Indiciades. La biodiversité ne se protège pas: elle se produit ou elle se détruit »
Redevenus gardiens de la fertilité, les agriculteurs en viennent aussi à valoriser leur implication pour nourrir les pollinisateurs. L’association française d’agroforesterie a ainsi proposé d’ajouter un indicateur pour estimer le potentiel de nutrition des abeilles sur des parcelles.

Dans le même esprit, Franck Coste, directeur général adjoint de Vivescia a présenté une initiative visant à réconcilier agriculteurs et consommateurs. Le groupe coopératif agri-industriel a sondé les consommateurs pour cerner leurs attentes. « Nous voulons savoir si vous entamez des démarches pour limiter les pollutions et pour améliorer la qualité de vos productions, ont insisté les parties prenantes soucieuses de recueillir des résultats concrets.
Une fois cet horizon tracé, Vivescia a mis au point un cahier des charges basé sur des obligations de résultats et non de moyens. Avec l’implication de deux cents agriculteurs, le Groupe a ainsi pu lancer la marque Respect´IN® qui renseigne sur huit points de vigilance de culture (climat, énergie, eau, sols, biodiversité, qualité sanitaire, protection environnement, société) balisant ainsi la transition concrète vers une agriculture responsable.
Force est de constater que le site associé à cette marque fait communauté avec 110 000 abonnés, 300 000 pages vues par mois et 21 500 fans. Ce qui fait dire à Franck Coste que « Tracer la véracité du changement répond à une forte demande sociétale ».

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Les clés de l’innovation : faire réseau pour articuler techniques et pratiques

Le secteur privé semble ainsi volontariste pour inventer les outils d’un contrat social valorisant le nouveau visage de l’agriculture durable. De son côté, Christian Huygue, directeur scientifique adjoint de l’INRA (Institut national de la recherche agricole) s’est attardé sur les sens de l’innovation, qui «étymologiquement signifie greffer du nouveau sur de l’ancien pour le maintenir en vie ». Un art qui va devenir difficile tant l’économie sape les capacités de renouvellement des ressources qu’elle éreinte dans une logique hors sol. Et de nommer tous les points de verrouillage : aversion au risque, inconnu, fixation autour d’une logique personnelle… pour conclure sur cette perspective que promeut l’Europe avec les partenariats public privé : « la clé de l’innovation est dans l’organisation des réseaux autour des créatifs ».

Les partages d’expériences sont essentiels pour entrainer ce mouvement de « cristallisation ». Comme l’a fait Marc Lefebvre, agriculteur à Guines dans le Pas-de-Calais, qui a abandonné le labour, la fertilisation classique et a lancé le projet Agricobio pour quantifier la recolonisation des espaces agricoles par la biodiversité fonctionnelle (grâce à des bandes fleuries intraparcelles).

On a pu entendre aussi Serge Augier, spécialiste du semis direct (sans labour) en Franche-Comté, affirmer qu’il n’y a pas de situations désespérées : « quand un sol semble mort, en deux ans on peut obtenir sa recolonisation et le voir grouiller de vie ».
Les témoignages de deux responsables amérindiens, César Belloso, président de l’Association argentine des producteurs sans labour (AAPRESID) et Ricardo Sanchez Lopez, vice-ministre de l’agriculture et du développement local de Colombie ont renforcé l’idée qu’il faut intégrer une diversité de contraintes : « Quand on promeut la culture sans labour, il faut tenir le cap aussi des bonnes pratiques agricoles (économes en eau et en intrants) », a martelé le premier, laissant le second conclure : « Il faut urgemment protéger la peau de la terre c’est-à-dire les sols, car l’Amérique latine possède un des plus gros potentiels productifs puisqu’elle génère déjà 60% du soja mondial, 33% du maïs, 70 % de la banane, 45% du café et du cacao, 44% de la viande ».

Alors que se tenait à Paris ce colloque de l’IAD sur la biodiversité meilleure alliée des agriculteurs, la FAO publiait un axe prioritaire de sa politique mondiale : des normes pour les banques de gènes des ressources phytogénétiques. Pour une meilleure conservation de la diversité agricole, afin de satisfaire les besoins alimentaires du monde. Un point important sans oublier que des banques de gènes ou de semences comme celle de Svalbald en Norvège n’est pas la panacée : les graines congelées ont besoin des agriculteurs, régulièrement pour garder leur vigueur ! Complémentarité des approches. Toujours.

Dorothée Browaeys, Rédactrice en chef adjointe UP’ Magazine / Bio-innovations

 

– cf Nouvelles normes sur banques de gènes pour partage des collections / FAO
– cf Défis alimentaires par conservation de la biodiversité / Fondation Nicolas Hulot

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