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Pénurie d'eau
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Crise de l’eau : de plus en plus de robinets à sec dans plusieurs régions du monde

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Parmi les ressources naturelles il en est une des plus fondamentales car elle est la source de la vie, c’est l’eau. Notre planète regorge d’eau douce mais pourtant elle subit une crise qui ne fait que s’aggraver avec le changement climatique. L’eau est inégalement répartie, mal utilisée, souvent gaspillée. De ce fait, une pénurie grave d’eau touche des zones de plus en plus nombreuses sur le globe. La crise que traverse l’Afrique du sud et la ville du Cap n’est qu’un avant-goût de ce qui risque de se généraliser dans les prochaines années. L’imminence du « Jour zéro », du jour où les robinets s’arrêteront de couler, se fait de plus en proche.
 
À l’échelle du globe, la crise de l’eau se profilait depuis des décennies. Le Forum économique mondial classe ainsi tous les ans les « crises de l’eau » parmi les menaces mondiales aux impacts potentiellement les plus graves, devant les catastrophes naturelles, les migrations de masse ou les cyber-attaques. Mais, dans certaines régions du monde, on est sous le choc : on ne pensait pas que la crise viendrait si vite. Le changement climatique a accéléré les mécanismes implacables de l’assèchement.
 
En 2014, la ville du Cap en Afrique du Sud ne se souciait pas de l’eau. Une demi-douzaine de réservoirs étaient remplis et largement suffisants pour approvisionner ses quatre millions d’habitants en eau potable. Mais la région a subi trois années consécutives de sécheresse. Aujourd’hui, les réservoirs sont au plus bas et les habitants du Cap sont obligés de se rationner drastiquement et de faire la queue aux rares fontaines disponibles. Le gouvernement a décrété hier l’état de catastrophe naturelle.
Les spécialistes du climat avaient pourtant prédit cette pénurie. Mais pas si tôt. Ils avaient calculé que cela n’arriverait pas avant 2025. Le gouverneur de la province du Cap occidental, Helen Zille est désemparée et se confie à des journalistes de l’AFP : « Les services météo d’Afrique du Sud m’ont dit que leurs modèles ne marchaient plus ».
 
Les habitants du Cap obligés de faire la queue pour s’approvisionner en eau
 

Une ressource inégalement répartie sur le globe

« La crise mondiale de l’eau est une crise de gouvernance, bien plus que de disponibilité de la ressource », notait l’ONU en 2015. La planète, dont 97% de l’eau est salée, est traversée par un flux d’eau douce renouvelable de 42.810 milliards de mètres cubes par an, soit 16.216 litres par personne et par jour, près de quatre fois la consommation des habitants des Etats-Unis, selon des données de la FAO (2016).
En prélevant près de 4.000 milliards de mètres cube d’eau douce en 2014, l’être humain consommait moins d’un dixième des ressources renouvelables à disposition. Nous disposons donc de toute l’eau qu’il nous faut. Mais cela c’est de la théorie. Car l’eau est inégalement répartie dans le monde.
 
Plus d’un quart des ressources renouvelables (qui ne comprennent pas les glaces de l’Antarctique, environ 60% des réserves de la planète) se trouvent en Amérique latine, contre soixante fois moins au Moyen-Orient et en Afrique du Nord, régions aux ressources par habitant critiques.
L’Amazonie dispose de 15 % des réserves mondiales pour 0,3 % de la population alors que l’Asie dispose de 30 % des réserves d’eau pour 60 % de la population humaine. Ces inégalités naturelles ne peuvent manquer de susciter des conflits de frontières pour l’appropriation de ce bien vital. C’est déjà le cas aujourd’hui dans de nombreuses régions du monde.
 

Une consommation démultipliée

Au cours du XXe siècle, la consommation d’eau a été multipliée par sept alors que la population l’était par trois. Les réserves de la planète s’épuisent, le niveau des nappes phréatiques baisse, quand elles ne sont pas majoritairement polluées. Sur la plaine de l’Indus et du Gange, où vivent quelque 600 millions de personnes en Inde, au Pakistan et au Bangladesh, « l’eau souterraine est pompée à un rythme intenable et terrifiant », constate Graham Cogley, de l’université canadienne de Trent. Et plus de la moitié de l’eau, contaminée par le sel et l’arsenic, est impropre à la consommation et à l’irrigation, selon une récente étude.
L’Inde pompe deux fois plus d’eau que le taux de recharge de ses nappes. Celles-ci ne se remplissent pas aussi facilement qu’un réservoir après une averse : à l’échelle de temps humaine, elles ne sont pas une ressource renouvelable.
 

Le pic de l’eau

La plupart des régions du monde ont ainsi déjà dépassé ce que le climatologue Peter Gleick appelle « pic de l’eau ».  » « Les gens vivent dans des lieux où ils utilisent toute l’eau renouvelable, ou encore pire, vivent en sursis en pompant excessivement des eaux souterraines non renouvelables », explique-t-il à l’AFP.
Certains experts estiment qu’en 2025, les deux tiers de la population humaine seront affectés par le manque d’eau et que cinq des huit milliards d’êtres qui vivent sur notre planète souffriront de maladies causées par la pollution de l’eau.
 
D’après les données de la FAO (2014), 45 pays comme l’Afrique du Sud, Chypre ou le Maroc sont en situation de pénurie (moins de 1.000 mètres cube par habitant par an), dont 29 comme l’Algérie, Israël ou le Qatar en situation de pénurie extrême (moins de 500 mètres cubes).
Des experts s’inquiètent d’une possible disparition, d’ici quelques dizaines d’années, des réserves aquifères dans une partie du bassin du Gange en Inde, dans le sud de l’Espagne et de l’Italie, ou encore dans la vallée centrale de la Californie.
 
« Un demi-milliard de personnes dans le monde font déjà face à des pénuries toute l’année », dont plus d’un tiers en Inde, indique de son côté Arjen Hoekstra, de l’université de Twente aux Pays-Bas. Et « le changement climatique s’ajoute à tout ça », met-il en garde.
La planète s’est déjà réchauffée de 1°C depuis l’ère préindustrielle, et pourrait encore gagner un ou deux degrés. Or, selon les experts du climat de l’ONU (Giec), à chaque degré supplémentaire, environ 7% de la population mondiale perdrait au moins 20% de ses ressources en eau renouvelable.
 
D’ici 2030, le monde devra ainsi faire face à un déficit en eau de 40% si rien n’est fait pour contenir le réchauffement. Et dans le même temps, la demande mondiale d’eau devrait s’accroître de 55%, sous la pression des métropoles des pays en développement.
 
Les solutions existent mais elles sont difficiles à mettre en œuvre. Parmi elles, la désalinisation de l’eau de mer, une gestion plus prudente des ressources souterraines et surtout la réutilisation des eaux usées, dont 80% sont rejetées aujourd’hui sans traitement.
Les modes de consommation doivent aussi changer et notamment dans l’agriculture. Cette activité consomme, au niveau mondial, 70 % de l’eau douce avec des disparités importantes par pays. Ainsi en Afrique du Nord, c’est 85 % de l’eau qui est prise par l’agriculture alors que la proportion est de 30 % dans l’Union européenne.
Enfin, le bon sens doit être rappelé à la rescousse. Les années d’insouciance où l’on a bétonné les cours d’eau par des barrages, où l’on a vidé jusqu‘à la dernière goutte des nappes phréatiques millénaires où l’on a pollué sans vergogne sols et cours d’eau, ces temps doivent être révolus. Le changement climatique nous pousse dans le dos et nous oblige.
 
Source : AFP
 
 

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