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apartheid climatique
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Pour l’ONU, l’apartheid climatique est imminent. Seuls les riches s’en sortiront.

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Selon un rapport publié par les Nations Unies, le monde est de plus en plus menacé par l' »apartheid climatique ». Un monde où les riches paient pour échapper à la chaleur et à la faim causées par l’escalade de la crise climatique alors que le reste de l’humanité souffre. Dans un tel monde en crise, les droits fondamentaux à la vie, à l’eau, à l’alimentation et au logement de centaines de millions de personnes, mais aussi à la démocratie et à l’État de droit sont menacés.
 
L’ONU a publié ce 25 juin un nouveau rapport détaillant les dangers du changement climatique, avec un accent particulier sur la manière dont il façonnera la question de la pauvreté dans les décennies à venir.
Rédigé par Philip Alston, rapporteur spécial des Nations Unies sur l’extrême pauvreté et les droits de l’homme, le document brosse un tableau sombre non seulement pour ceux qui souffrent aujourd’hui, mais aussi pour les millions et les millions de personnes qui seront plongés dans la pauvreté en raison des changements climatiques. Pour l’auteur, qui est un expert indépendant spécialiste des droits de l’homme, une telle situation est de nature à compromettre dangereusement la démocratie et les droits humains.
 

Climat : les pauvres vont trinquer

Le nouveau rapport se fait l’écho des études sur le climat, dernièrement publiées par les Nations unies, appelant les gouvernements à faire plus que ce qui est prévu dans l’Accord de Paris afin de limiter le réchauffement à des niveaux considérés comme sûrs. Celles-ci ont mis en lumière les problèmes des réfugiés climatiques, la diminution des ressources naturelles et les phénomènes météorologiques extrêmes, mais cette dernière contribution met l’accent sur l’inégalité entre riches et pauvres et sur la façon dont le réchauffement climatique menace d’élargir le fossé.
 
« Même si les objectifs actuels sont atteints, des dizaines de millions de personnes seront appauvries, ce qui entraînera des déplacements massifs de population et des famines », a déclaré le Rapporteur spécial des Nations Unies sur l’extrême pauvreté et les droits de l’homme et auteur du rapport, Philip Alston. « Le changement climatique menace de réduire à néant les cinquante dernières années de progrès en matière de développement, de santé mondiale et de réduction de la pauvreté. Elle pourrait plonger plus de 120 millions de personnes de plus dans la pauvreté d’ici 2030 et aura l’impact le plus grave dans les pays pauvres, les régions et les lieux où les pauvres vivent et travaillent. »
 
Le rapport s’appuie sur les chiffres de la Banque mondiale et du Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat, entre autres, et imagine un monde avec un réchauffement de 2° C. Selon le document, 100 à 400 millions de personnes supplémentaires risquent de souffrir de la faim et un à deux milliards de personnes n’auront pas accès à l’eau en quantité suffisante. Les rendements agricoles pourraient chuter de trente pour-cent, tandis que la malnutrition, le paludisme et les maladies provoquées par le stress thermique pourraient causer 250 000 décès supplémentaires par an d’ici 2030.
 

Des écarts insoutenables

Le document publié le 25 juin par les Nations Unies souligne également les écarts entre les émissions de carbone provenant des pauvres, qui souffriront le plus, et celles des riches, qui souffriront le moins. Les 3,5 milliards de personnes qui constituent la moitié la plus pauvre de la population mondiale ne sont responsables que de dix pour-cent de ces émissions, tandis que les dix pour-cent des plus riches contribuent pour la moitié. Il est frappant de constater qu’une personne faisant partie du 1 % le plus riche est responsable de 175 fois plus d’émissions de carbone qu’une personne du 10 % le plus pauvre. « De façon très perverse, alors que les personnes en situation de pauvreté ne sont responsables que d’une fraction des émissions mondiales, ce sont elles qui seront les plus touchées par les changements climatiques et qui auront le moins de moyens de se protéger », prédit M. Alston. « Nous risquons un scénario d’apartheid climatique où les riches paient pour échapper à la surchauffe, à la faim et aux conflits alors que le reste du monde est abandonné à son sort. »
 

Menaces politiques

Du fait de cet « apartheid », la menace qui pèse sur la démocratie et l’État de droit est tout aussi importante que les questions de sécurité alimentaire, de logement et d’eau, affirme le rapport. Il soutient que les migrations massives anticipées de personnes forcées de mourir de faim ou de se déplacer « poseront des défis immenses et sans précédent à la gouvernance » et susciteront probablement « des réponses nationalistes, xénophobes, racistes et autres ».
 
« Dans un tel contexte, les droits civils et politiques seront très vulnérables », pense M. Alston. La plupart des organismes de défense des droits de l’homme ont à peine commencé à s’attaquer à ce que le changement climatique présage pour les droits de l’homme. Mais la question fait toujours partie d’une longue liste de  » problèmes à régler « , alors que le temps restant pour éviter des conséquences catastrophiques est extraordinairement court. « Alors qu’une véritable crise qui menace les droits de l’homme d’un grand nombre de personnes s’abat sur nous, la méthodologie habituelle, fragmentée, question par question, des droits de l’homme est terriblement insuffisante » estime le rapporteur de l’ONU.
 

Faillite des gouvernants

Le rapport n’épargne personne ; il pointe les discours de circonstance prononcés par des chefs d’État ou de gouvernement lors de conférences régulières qui ne mènent à aucune action concrète. « Les États ont dépassé tous les seuils et tous les avertissements scientifiques, et ce qui était autrefois considéré comme un réchauffement catastrophique semble aujourd’hui être le scénario le plus probable », a déclaré M. Alston. « Aujourd’hui encore, trop de pays font des pas à courte vue, et en plus, dans la mauvaise direction ». Les États ne parviennent même pas à respecter leurs engagements actuels pourtant inadéquats en matière de réduction des émissions de carbone et de financement climatique. En revanche, ils continuent à subventionner l’industrie des combustibles fossiles à hauteur de 520 milliards de dollars par an.
 
Philip Alston critique également les mesures « manifestement inadéquates » prises par l’ONU elle-même, les États, les ONG et les entreprises, en estimant qu’elles sont « totalement disproportionnées par rapport à l’urgence et à l’ampleur de la menace ». Son rapport au Conseil des droits de l’homme de l’ONU conclut sombrement : « Les droits de l’homme pourraient ne pas survivre aux bouleversements à venir. »
 
Ce document glaçant vient s’inscrire dans la liste désormais très longue des rapports, manifestes, appels, études diverses qui veulent alerter et mobiliser les opinions sur les risques que représente la crise climatique. Comme d’autres, il dénonce l’impuissance voire la collusion des États, des organisations, des grandes compagnies.  Mais ce qui le rend original et particulièrement percutant est la mise en lumière des impacts climatiques sur la pérennité même de nos sociétés démocratiques et des droits humains qui les ont façonnées depuis des décennies. Certains voient dans le dérèglement climatique non maîtrisé un risque d’effondrement et de fin de l’humanité. Un horizon si sombre qu’il en devient inconcevable et impensable. En revanche, ce que nous dit ce rapport de Philip Alston est plus aisément conceptualisable car on en voit les prémisses dans certaines régions du globe : si nous ne faisons rien, c’est la démocratie et les droits de l’homme qui risquent d’être réduits à néant. La nature ayant horreur du vide, elle remplacera rapidement des siècles de construction historique par un chaos sauvage inédit. Est-ce ce monde que nous voulons pour les générations qui viennent ? C’est la vraie question que pose ce texte.    
 
 
 

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Invité
4 années

Je ne comprends pas. L’air que nous respirons, l’eau que nous buvons sont les mêmes pour tous.

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