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Le défi majeur de la transition : manifester le « ET »

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Décider de concilier les contradictions, de faire dialoguer les acteurs opposés et de trouver des solutions pluridisciplinaires aux paradoxes inextricable de notre complexité devient un impératif éthique pour réussir notre transition de civilisation. En effet, à l’ère de l’anthropocène nos décisions ont désormais un impact sur la terre entière, tous les règnes et toute l’humanité. Nous pouvons éviter de faire de notre futur celui du Titanic. Question de choix, de responsabilité, d’éthique et de niveau de conscience.
 

Mais qu’est-ce que Notre-Dame a fait brûler en fait ?

En effet, en quelques jours, Notre-Dame n’aura pas fait que brûler et sa forêt avec elle. Les réactions bruissent et envahissent les réseaux sociaux en matériaux disparates et « contradictoires ».
Cependant, les enjeux de la transition majeure dans laquelle nous sommes requièrent une mobilisation encourageant l’unité aussi bien des points de vue, des visions comme des actions. Une unité transcendant les oppositions. La raison d’être des réseaux sociaux est justement le buzz qui se fait sur un événement, plus encore que pour les grands médias ; Twitter prend à contre-pied toute forme de réflexion en privilégiant l’instantané émotionnel et la parole grossière de préférence.
Au moment où nous avons le plus besoin de faire dialoguer nos points de vue afin de trouver des solutions créatives, intelligentes et intégratives – pour agir tout comme dans le vivant et faciliter une réflexion imprégnée de permaculture (au sens d’inclusif et régénératif) -, l’instantané des réactions numériques nous enjoint à la confrontation et à la vindicte.
Donc, à une potentielle « guerre de tous contre tous ».
Ceci en braquant les communautés les unes contre les autres, en faisant des différences de points de vue des arguments idéologiques, religieux ou racistes. Toute opportunité pour cliver la société, la fragmenter et pendant ce temps-là, quelques-uns nous pilotent mais pas forcément dans la direction que « nous » aurions pu choisir. (Les flous sur les « ils » et le « nous » sont délibérés).
Ainsi, au lieu de nous mobiliser entre acteurs aux avis différents pour embrasser les problématiques complexes en collèges de contributeurs multidisciplinaires, nous dispensons une énergie colossale à déjouer les attaques, à répondre aux quolibets, et pendant ce temps-là, l’essentiel passe à la trappe. Mais d’ailleurs de quel essentiel parle-t-on ?
 

La mise en exergue de la fragmentation sociale

Et c’est là que revient Notre-Dame sur le devant de la scène. L’incendie du 15 avril a fait émerger la variété des opinions, des valeurs, des priorités, des intérêts. D’un coup, l’essentiel de notre diversité sociale a surgi comme autant de flammèches se transformant très vite en incendies sociaux. Car les valeurs touchées cabrent les uns contre les autres.
Mais pour quelle raison faudra-t-il choisir entre apporter des dons à un monument emblématique, à la fonction spirituelle dépassant largement celle religieuse ET donner pour faire cesser la pauvreté, loger les SDF et apporter les conditions de dignité à tous ET donner pour « sauver » la planète des pollutions, prédations, pillages et autres participations aux extinctions de la biodiversité ?
Lorsque nous sommes émus pour les peuples premiers que nous condamnons tous, à court terme, avec des politiques virulentes comme celle du Président du Brésil ou, à moyen terme, avec la généralisation du tourisme, c’est à la fois parce qu’ils défendent leur terre pour y vivre, selon leur choix de société ET pour préserver leur contribution spirituelle à l’équilibre du monde.
 

L’impératif du « ET »

Il devient primordial d’apprendre à convier autour de la table les acteurs divers d’une même problématique et à donner les conditions du dialogue, car aucune situation aujourd’hui n’est blanche ou noire. Notre monde interconnecté vit un niveau de complexité inégalé et les élans idéologiques pourraient apparaître comme romantiques sans prise en considération des effets systémiques des conséquences aux changements exigés. Exemple : si pour la préservation de la terre et du climat, nous cessons les activités du nucléaire, de l’aviation, du tourisme international, pour ne prendre que ceux-là, ce sont des milliers d’emplois éliminés directement et indirectement dans notre pays et dans de nombreux autres. Et comment vont réagir les personnes, leurs familles, leurs villes ou villages directement concernés ? Donc, oui pour préserver la planète et la biodiversité et comment réussir une transition qui ne se résume pas à une décision unilatérale mettant en danger d’autres éléments de l’écosystème ?
Il ne s’agit pas de faire cesser toute action, mais de conjuguer des élans locaux, des actions ciblées ET la prise en compte des effets systémiques et mettre en dialogue les acteurs concernés pour coconstruire des solutions réalistes, durables et source de régénération pour les personnes, les territoires et les différents règnes.
 

Les ressources indispensables

Et pour ce faire, il nous faut deux grandes ressources : avoir une approche holistique de la réalité et une approche intégrative des relations. Holistique au sens de toutes les dimensions du réel : du spirituel au plus petit détail pragmatique. Ce que Notre-Dame met en lumière c’est la méconnaissance de la spiritualité (qui est bien au-delà de la religion et surtout transcende chaque courant religieux). L’exemple d’envisager un concours d’architecture ou qu’un designer propose une réponse indique que la Connaissance s’est perdue (1).
 
Approche holistique et Connaissance
 
Pour la retrouver car de tous temps c’est elle qui guide les actions collectives, il nous faut 1- en avoir conscience, 2- sortir la Connaissance des lieux pseudo-secrets où elle est détenue, car tout le monde en a besoin, 3-la partager et la diffuser et expliquer en quoi il y a un ordre et des principes du vivant et qu’en les redécouvrant et en les appliquant, cela permet de tout remettre debout. En remettant les « ordres » dans le bon sens ; alors nous pourrons agir ensemble et retrouver les voies du dialogue.
Le Vivant inspire les êtres spirituels dans toutes les traditions du monde et depuis tous temps (sorcier, chamans, prêtres-prêtresses, puis les acteurs des religions et spiritualités contemporaines …). Ces personnes, hommes et femmes transmettent alors les leçons du vivant aux acteurs en charge de la politique (pouvoir temporel) afin qu’ils administrent la Cité dans l’éthique et la justesse, comme le principe de Maât guidait les Pharaons (2). Alors, les commerçants, les guerriers, les artisans et les paysans pouvaient chacun manifester leur art dans une harmonie « pensée ». Aujourd’hui, nous sommes « pensés » par les GAFAM et les algorithmes qui mettent à mal notre liberté, mais si nous y sommes attentifs musclent notre intelligence et notre capacité à résister à la régression de l’Esprit et de l’action (3). Au lieu de muscler nos talents d’intelligences multiples, nous nous laissons embarquer dans des ping-pongs émotionnels, à la vitesse des tweets, pour avoir, au plus vite, déposé notre empreinte sur la toile. Et nous laissons alors les vibrations de nos égarements égotiques enfler sur une toile surchargée et qui s’embrase.
Si nous voulons sauver le vivant, diminuons notre empreinte écologique sur les réseaux sociaux afin que nos posts soient des contributions au service de la Vie, expression de la résilience et de l’espoir.
 
Approche intégrative
 
L’autre élément essentiel consiste à intégrer les avis différents et divergents et réussir des dialogues féconds. Il nous faut réapprendre à dialoguer, à cocréer à partir de confrontations fertiles et non pas laisser libre-cours aux insultes qui manifestent la violence et ne permettent pas les fondations pérennes pour tous les problèmes que nous devons assumer aujourd’hui. Afin de gérer le complexe (multi-niveaux, il est question de monter de niveau de conscience, ce qu’explique très bien la spirale dynamique – (4). Il nous faut atteindre le niveau Turquoise (et non pas Opale – méconnaissance des nuances aussi bien par Ken Wilber que Frédéric Laloux). C’est le niveau de la conscience humaine permettant de « gérer » la complexité que nous avons cocréée. D’où apprendre, se former, étendre ses capacités dans tous les domaines afin de plus facilement embrasser la complexité et trouver la modalité d’action contributive, au service du vivant.
 

En conclusion

Tandis que les réseaux sociaux invitent à un mode de communication, rapide, privilégiant la réaction plutôt que la réflexion et nous faisant prendre le risque du clivage en « pour » ou « contre », la transition dans laquelle nous sommes nous invite, à l’inverse, à prendre toute la mesure du chaos ambiant pour identifier les moyens de canaliser le « feu » manifesté dans l’incendie de Notre-Dame. Nous avons à agir sur tous les plans en manifestant le « ET », la part intégrative dans nos pensées, interactions et actions, alors nous aurons une chance de traverser ce moment chaotique en le transformant en opportunité féconde des possibles du vivant.
Ce qui implique de décider de renoncer aux effets médiatiques à court terme, aux buzz intempestifs pour nourrir les courants de réflexions et d’actions plus profonds, embrassant les multiples causes et les multiples effets. Tisser ensemble des relations durables et authentiques, garant de conditions de dialogues féconds dépassant les clivages. Osons être à contre-courant d’un présent qui perd le nord et se régale du chaotique pour nourrir les courants féconds d’une co-construction d’un futur soutenable et pérenne inclusif de la diversité et de la créativité sociale.
 
 
(1) Une architecture sacrée repose sur une architecture visible ET une architecture invisible ce qui est pratiqué depuis les peuples des mégalithes, en passant par les pyramides et jusqu’aux cathédrales. Par conséquent, les seules personnes qui peuvent recréer une architecture sacrée sont ceux qui en ont le savoir.
 (2) Les meilleurs égyptologues apportent des informations essentielles sur cette Connaissance perdue et pourtant essentielle pour guider nos pas vers l’exercice de démocraties éclairées, d’ailleurs les Grecs se sont inspirés de ses principes. Notamment Christiane Desroches-Noblecourt : https://fr.wikipedia.org/wiki/Christiane_Desroches_Noblecourt
 
Pour aller plus loin :
– Livre « Interconnectés – Réenchanter le monde ensemble » de Le Karmapa – Editions Massot, mars 2019
– Livre « Crise des abeilles, crise d’humanité » de Horst Kornberger – Editions Yves Michel, avril 2019
 
Photo d’entête : ©erix!
 

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