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Les neurones miroirs: perception ou contagion ?

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Je vous propose d’observer un « Incroyable moment de concentration » offert par une artiste japonaise Miyoko-Shida puis de prendre le temps de vous poser quelques questions.

 

https://www.youtube.com/watch?v=K6rX1AEi57c

Qu’est-ce qui nous captive dans cette vidéo ? La poésie de cette séquence, le rythme lent et mesuré de cette femme, l’équilibre fragile qu’elle nous propose, l’attention admirative du jury ? Nous restons littéralement en suspens pendant le temps de son exploit. Nous nous synchronisons naturellement avec elle. Il est probable que nos neurones miroirs soient très fortement sollicités par l’observation de cette expérience. Appelés « neurones de l’empathie » ils s’activent dans notre cerveau à l’observation des gestes d’autrui. Ils nous permettent d’en deviner les intentions.

Pour mieux percevoir les gestes des autres, nous avons des neurones moteurs spécialisés qui simulent dans notre cerveau les mouvements observés. Ces neurones ont été découverts en 1996, par Giaccomo Rizzolati et son équipe, au cours d’enregistrements cérébraux réalisés dans des situations expérimentales sur le singe. Lorsque nous voyons quelqu’un opérer une action, ces neurones s’activent comme si nous faisions cette action.

Les neurones miroirs sont également sensibles aux signaux émotionnels. L’information est utilisée pleinement lorsque l’individu est capable de l’interpréter, de lui donner un sens. La performance de Miyoko-Shiba sollicite les neurones miroirs du spectateur en captivant son attention et en le laissant « en suspens ». Celui-ci accompagne ainsi l’artiste dans ses gestes et sa concentration extrême dans un temps suspendu et silencieux. Il est en empathie. Il se sent concerné. Par ailleurs, l’œuvre réalisée, captive par sa fragilité en mobilisant sur les équilibres qui nous habitent et auxquels nous sommes si sensibles. L’angoisse de la chute liée à un déséquilibre nous tient en haleine.

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Ni bons ni mauvais a priori, les neurones miroirs captent ce qui est proposé. Ils permettent les apprentissages par mimétisme. Ils nous entraînent à répéter ce que nous observons chez l’autre. Ils sont au cœur de nos systèmes sociaux par leur influence sur la transmission culturelle. Ils facilitent les contagions émotionnelles, ce sont eux qui rendent les processus parallèles (ou reflets systémiques) inévitables. Ils nous entraînent à faire ce que nous voyons les autres faire. Alors, peuvent-ils parfois nous inciter à adopter des comportements que nous éviterions si nous prenions plus de recul dans certaines situations ? Si l’exemplarité a si bonne presse, est-ce à cause des neurones miroirs ? Sont-ils à l’œuvre quand nous nous sentons à l’aise en face de comportements connus et mal à l’aise devant l’inconnu, là où ils ne peuvent faire écho aux situations observées ? Nous incitent-ils à reproduire les humeurs délétères dans les entreprises en difficultés ? Renforçant ainsi le problème. Vont-ils nous aider à adopter des discours plus positifs sur les enjeux de l’environnement et sur le potentiel d’innovation des équipes ?

Certains neuroscientifiques postulent que les neurones miroirs sont à l’origine de notre capacité à élaborer et transmettent une culture et qu’ils ont un rôle important pour le progrès de l’humanité. Alors, apprenons à nous en servir le mieux possible, évitons qu’ils nous incitent à devenir des moutons de Panurge, mobilisons-les afin d’apprendre l’empathie, soyons conscients que nos gestes et nos discours peuvent être contagieux.

Dans la morosité ambiante, quels équilibres non habitent ? Où mettre le balancier entre optimisme et pessimisme ? Il est possible que la tendance qui se développe d’un esprit positif soit tout aussi contagieux que la tendance inverse. Bien que l’on sache en neuroscience que le négatif est plus fort que le positif et que les cerveaux ont une meilleurs mémoire des choses désagréables que de celles qui font plaisir. Si les neurones miroirs réagissent aux situations, nous avons le pouvoir d’orienter nos évaluations de façon constructive. La beauté délicate et précaire de l’équilibre harmonieux, transmise par Miyoko-Shida, offre un ancrage pour nos choix mimétiques.

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