11h02, le vent se lève, de Sacha Bertrand – Éditions Paulsen / Collection « la Grande Ourse » 7 mai 2025 – 352 pages
Si la fin du monde advenait, où iriez-vous vous cacher après l’Apocalypse ? Dans une cabane perchée entre des parois de granit, à l’abri d’une brume toxique, avec pour seule compagnie une horloge figée sur 11 h 02 ? C’est précisément le décor que plante Sacha Bertrand dans son premier roman, 11 h 02, le vent se lève, publié aux éditions Paulsen. Un huis clos que l’on ressent physiquement, comme imprimé sur nos rétines et notre peau, tant les descriptions sont denses, charnelles, habitées. Bertrand y déploie une prose poétique et immersive, influencée par des auteurs tels que Jean Giono, Herman Melville et Ursula K. Le Guin.
Avant sa publication, le manuscrit avait été refusé par plusieurs maisons d’édition. Cinq ans plus tard, il trouve sa place chez Paulsen, une maison spécialisée dans les récits d’aventure et de nature. Cette persévérance témoigne de sa détermination à partager sa vision du monde, ancrée dans une relation intime avec les paysages alpins.
Un huis clos post-apocalyptique
Le roman s’ouvre sur une atmosphère oppressante : Myriam, seule survivante d’un monde dévasté, vit recluse depuis sept ans dans une cabane isolée. À intervalles réguliers, une brume toxique, surnommée « l’amer », s’élève de l’abîme, détruisant tout sur son passage. Myriam, équipée de masques à gaz, s’est adaptée à cette nouvelle réalité, rythmée par une horloge arrêtée sur 11 h 02. Un jour, elle découvre un enfant sauvage, qu’elle nomme Jonas, et décide de l’éduquer, faisant de lui son rempart contre la solitude.
Une exploration de l’emprise
Au-delà du récit de survie, le roman explore les mécanismes de l’emprise psychologique. Myriam, en enseignant à Jonas le langage, les livres et les règles de ce monde hostile, établit une relation de dépendance où elle impose une condition : il ne doit appartenir qu’à elle. Cette dynamique soulève des questions sur la liberté, le contrôle et la solitude.
Une ode à la vie sauvage
Le roman est également une célébration de la nature et de la vie sauvage. Les descriptions des paysages, des routines de survie et de la faune environnante sont empreintes de poésie. Sacha Bertrand, originaire de la vallée du Champsaur, puise dans son expérience personnelle pour dépeindre un environnement à la fois hostile et magnifique.
Un style immersif et poétique
Le style de l’auteur est marqué par une prose dense et sensorielle. Les descriptions minutieuses plongent le lecteur dans l’univers de Myriam, rendant palpable l’oppression de la brume et la beauté austère des montagnes. Cette écriture immersive renforce l’atmosphère du roman, oscillant entre tension et contemplation.
11 h 02, le vent se lève est un roman d’apprentissage intense qui mêle survie, psychologie et nature. Sacha Bertrand signe une œuvre puissante qui interroge notre rapport à l’autre, à la solitude et à la nature. Un premier roman prometteur qui marque l’entrée d’un nouvel auteur dans le paysage littéraire français.
Sacha Bertrand, né en 1995, est un écrivain français originaire de la vallée du Champsaur, dans les Hautes-Alpes. Son enfance au cœur des massifs du Vercors, du Dévoluy et des Écrins a nourri une sensibilité profonde pour la nature sauvage, qui imprègne son univers littéraire. Diplômé des Beaux-Arts de Grenoble, Bertrand a développé une pratique artistique mêlant écriture et paysage, explorant les liens entre l’homme et son environnement. Il travaille actuellement à la Cinémathèque d’Images de Montagne de Gap, renforçant ainsi son engagement envers la culture montagnarde.
Son premier roman, 11 h 02, le vent se lève, publié aux éditions Paulsen dans la collection « La Grande Ourse », est un huis clos post-apocalyptique. L’œuvre explore les thèmes de l’emprise psychologique et de la résilience, tout en rendant hommage à la vie sauvage.