Autonomes et solidaires pour le vivant – S’organiser sans l’autorité de l’État, de Juliette Duquesne – Éditions Le bord de l’eau / Collection en Anthropocène, 18 avril 2025 – 240 pages
Cet ouvrage, fruit de trois années d’enquête et de plus d’une centaine d’entretiens, explore les initiatives citoyennes qui expérimentent des modes de vie autonomes et solidaires, en dehors du cadre étatique traditionnel. Dans un contexte de crise écologique et de défiance envers les institutions, Juliette Duquesne s’interroge : l’État, tel qu’il est aujourd’hui, est-il capable de protéger le vivant ? Parmi ceux qui souhaitent préserver le vivant, une divergence n’est pas toujours bien formalisée : notre rapport à l’État. Certains prônent la planification, alors que pour d’autres, l’État fait structurellement partie du problème. L’enjeu : construire un quotidien autour de gestes essentiels tels que se nourrir ou se loger, ensemble, sans l’autorité de l’État.
À travers des exemples concrets en France et à l’étranger, elle met en lumière des collectifs qui ont choisi de s’organiser autrement, en privilégiant l’autonomie, la solidarité et le respect du vivant. Parmi les exemples étudiés, on trouve des habitats partagés écologiques, des coopératives autogérées, des Zones à défendre (ZAD) et des communes qui expérimentent des formes de démocratie directe. Ces collectifs, sans les idéaliser, montrent qu’il est possible d’habiter un lieu et d’en prendre soin avec davantage de solidarité, de façon plus autonome et non autarcique.
Une perspective internationale : le cas des Zapatistes
L’autrice se rend également au Chiapas, au Mexique, pour étudier le mouvement zapatiste, qui depuis 1994 construit une autonomie politique, sociale et économique en rupture avec l’État mexicain. Ce modèle, basé sur la souveraineté alimentaire, l’éducation et la justice communautaires, offre un exemple de long terme d’organisation collective respectueuse du vivant.
Sans les idéaliser, ces collectifs montrent qu’il est possible d’habiter un lieu et d’en prendre soin avec davantage de solidarité, de façon plus autonome et non autarcique.
Une réflexion nourrie par l’histoire et la théorie politique
Juliette Duquesne inscrit ces expériences dans une tradition de pensée critique, en particulier anarchiste. Elle rappelle que l’anarchisme, souvent caricaturé, est une lutte contre toutes les formes de domination, en particulier celles du capitalisme et de l’État. Les formes d’organisation rencontrées, bien que diverses, partagent une volonté commune de s’émanciper des structures hiérarchiques pour construire des alternatives démocratiques et écologiques.
Autonomes et solidaires pour le vivant est un ouvrage engagé qui propose une exploration des alternatives citoyennes à l’État centralisé. En combinant enquêtes de terrain et réflexions théoriques, l’auteure offre des pistes pour repenser notre rapport à l’organisation politique et à la protection du vivant. Ce livre s’adresse à ceux qui cherchent des solutions concrètes et inspirantes pour construire une société plus juste, solidaire et respectueuse de l’environnement.
Autrice, conférencière, journaliste indépendante spécialisée dans les thématiques écologiques et économiques, Juliette Duquesne est coautrice de six livres (avec Pierre Rabhi, aux Presses du Châtelet) : Pour en finir avec la faim dans le monde ; Les semences, un patrimoine vital en voie de disparition ; Les excès de la finance ou l’art de la prédation légalisée ; L’eau que nous sommes ; Vivre mieux sans croissance ; L’humain au risque de l’intelligence artificielle. Auparavant, elle a travaillé pendant dix ans pour le journal de TF1.