Face à l’urgence climatique, certains choisissent de ne pas rester spectateurs. C’est le cas de Hugo Laval et Louise Le Grand, deux étudiants de Mines Nancy, qui ont troqué leurs manuels d’ingénierie pour une caméra et un sac à dos, direction la forêt de Daintree, en Australie. Là-bas, au cœur de la plus vieille forêt tropicale du monde, ils ont vécu une expérience humaine, scientifique et spirituelle unique, qu’ils ont condensée dans un documentaire engagé : Le Souffle de l’Eau. Porté par une volonté farouche de sensibiliser aux enjeux environnementaux, leur film donne la parole à ceux qui vivent en harmonie avec la nature, tout en révélant les menaces silencieuses qui pèsent sur l’un des derniers sanctuaires de biodiversité de la planète. Une immersion bouleversante, qui rappelle que préserver, c’est aussi transmettre.
Revenus en fin d’année dernière d’Australie dans le cadre d’une année de césure, Hugo et Louise, deux élèves ingénieurs à Mines Nancy, ont passé sept mois dans la région de Daintree, qui abrite la plus vieille forêt tropicale du monde. Ils s’apprêtent aujourd’hui à sortir « Le Souffle de l’Eau », un documentaire qu’ils ont entièrement réalisé à deux afin de sensibiliser aux dégâts du dérèglement climatique et aux enjeux de préservation de l’environnement. Immersion dans les mangroves, moments d’échanges privilégiés avec les populations aborigènes locales ou encore survie en période de cyclone, leur documentaire est aussi bien le récit d’une expérience humaine et culturelle que celui d’une découverte de la nature dans son immensité.
Une vocation à sensibiliser aux enjeux environnementaux
C’est en janvier 2024 que Louise Le Grand, étudiante au département énergie de Mines Nancy, et Hugo Laval, étudiant au département mathématiques, se sont envolés pour la région de Daintree en Australie. Après six mois de stage, ces derniers avaient envie d’utiliser leur année de césure pour mener un projet qui avait du sens à leurs yeux.
Passionné de photo et de vidéo, Hugo souhaitait mettre à profit ses compétences pour capturer une culture et des paysages différents de ce qu’on peut observer en Europe : « Depuis tout jeune, j’ai développé un imaginaire fascinant autour de l’Australie, que ce soit ses grands espaces, ses déserts et la culture aborigène. Et j’avais aussi cette idée de tourner un documentaire autour de l’environnement, pour sensibiliser à sa préservation ». Une envie que partageait Louise, elle aussi préoccupée par les enjeux environnementaux : « Ma conscience écologique en faveur de l’environnement a commencé à émerger à partir du lycée, mais elle s’est renforcée à Mines Nancy, en partie grâce aux conférences et rencontres avec des alumni organisées par l’école ».
Un périple riche en découvertes et en rencontres
Pensé comme un documentaire scientifique, culturel et anthropologique, « Le Souffle de l’Eau » nous plonge en plein cœur de la forêt de Daintree, située dans le Nord-Est de l’Australie, parallèlement à la Grande Barrière de corail, véritable sanctuaire de biodiversité, abritant une faune et une flore uniques, mais aussi des savoirs ancestraux précieux. Après la séparation des continents, voyait le jour la forêt qui reste à ce jour la plus ancienne du monde, avant la forêt amazonienne. Du haut de ses 130 millions d’années, Daintree n’est pas seulement la doyenne des forêts, elle est la voisine de la Grande Barrière de corail. Ses 900.000 hectares, entre plages et outback, sont classés au patrimoine mondial de l’Unesco depuis 1988. On est bien loin de l’image aride du reste du continent. Ici, l’humidité et les précipitations sont très présentes. Cette forêt, traditionnellement propriété des Aborigènes Kuku Yalanji, fait l’objet d’une surveillance particulière de la part du gouvernement qui en a fait un parc naturel afin de mieux la préserver.
C’est le seul endroit sur Terre où se rencontrent deux lieux inscrits au patrimoine mondial de l’Unesco. Cette union de deux sites inscrits au patrimoine mondial de l’Unesco est absolument unique au monde, ce qui fait de ce lieu un joyau de biodiversité. Menacé par l’urbanisation et le réchauffement climatique, des femmes et des hommes œuvrent quotidiennement pour sa préservation.
Le projet de Louise et Hugo met en lumière le fonctionnement de l’écosystème local, du rôle d’une mangrove au fonctionnement de la Grande Barrière de corail. Les menaces auxquelles est sujette la biodiversité locale sont également mises en évidence, et notamment l’impact négatif du dérèglement climatique sur celle-ci.
Ce qui fait la spécificité du film, c’est aussi la place accordée aux populations locales, à commencer par les peuples autochtones qui habitent la forêt depuis près de 40 000 ans, mais aussi les scientifiques et experts forestiers. Des moments d’échanges et de partages qu’Hugo a souhaité retranscrire à l’écran auprès des spectateurs.
« L’élément que l’on souhaite que les gens retiennent, c’est l’importance du partage de la connaissance » explique Hugo.« Les habitants sur place ont été très réceptifs au projet et ont rapidement eu envie de partager leur savoir, car c’est selon eux un vecteur très important pour protéger ces écosystèmes. C’est notamment grâce à cette transmission des connaissances que l’on arrivera à préserver au mieux ces espaces » complète-t-il.
Une note d’espoir sur laquelle insiste aussi Louise : « Le documentaire montre bien les dégâts du dérèglement climatique, auxquels nous voulions sensibiliser à l’origine, mais le message n’est pas négatif pour autant. Nous avons voulu montrer que la nature est par essence résiliente et qu’elle peut survivre si on lui donne les conditions pour. »
« Une expérience qui va nous servir professionnellement »
Conçu et réalisé du début à la fin par les deux étudiants, ce documentaire est la preuve de leur capacité à mener un projet de grande ampleur, même à l’autre bout de leur pays d’origine.
Des facultés d’adaptation qui méritent d’être soulignées, d’autant plus lorsque l’on connait le contexte météorologique durant leur séjour. « Nous sommes arrivés quelques semaines après le passage de l’un des cyclones les plus pluvieux de l’histoire de l’Australie. Les pluies torrentielles ont continué plusieurs mois après, nous avions parfois 10 cm d’eau dans la pièce où l’on vivait, et étions coincés dans le village, car la seule route pour y arriver était complètement inondée » détaille Hugo.
Une débrouillardise qui suscite déjà la curiosité dans le milieu professionnel. « Durant tous les entretiens que j’ai passés depuis mon retour, on m’a demandé de revenir plus en détail sur ce projet. Cela attise la curiosité des recruteurs et m’a permis de témoigner de mon engagement concret envers une cause qui me tient à cœur », raconte Louise.
Place désormais à la première diffusion au public, qui aura lieu le 25 mai prochain à 11 h au Majestic Passy, 18 rue de Passy – Paris 16e. La projection d’une heure sera suivie d’une séance d’échange pour approfondir certains sujets et répondre à toutes vos questions. (Tarif unique : 4,80 €)
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