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Les journalistes ont l’obligation morale de déclarer l’urgence climatique

Les journalistes ont l’obligation morale de déclarer l’urgence climatique

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« J’appelle tous les dirigeants du monde entier à déclarer l’état d’urgence climatique dans leur propre pays jusqu’à ce que la neutralité carbone soit atteinte. » C’est ce qu’a déclaré le secrétaire général des Nations Unies, António Guterres, dans son discours au sommet Climate Ambition du 12 décembre dernier, organisé pour le cinquième anniversaire de l’Accord de Paris. L’appel de Guterres semblait s’adresser aux dirigeants des gouvernements nationaux ; le Secrétaire général a ainsi noté que « trente-huit pays ont déjà » fait de telles déclarations. Mais Les dirigeants politiques ne sont pas seuls concernés ; il est temps que les médias du monde entier déclarent également l’état d’urgence climatique.

Les journalistes et les responsables de l’information en charge des journaux, des émissions de télévision et de radio, des organes de presse sur Internet exercent une profonde influence sur la façon dont le public pense et ressent le problème déterminant de notre époque — et ce que, le cas échéant, les gouvernements, les entreprises et d’autres acteurs puissants finissent par faire à propos de cet enjeu.

Les médias ne devraient-ils pas dire la vérité sans détours sur le problème climatique et, surtout, sur ses solutions ? Les médias peuvent-il faire preuve de leadership, d’autorité, et donner à l’urgence climatique l’attention soutenue et l’importance qu’elle mérite ? UP’ Magazine fait partie des rares médias qui s’y sont engagés dès octobre 2019.  Un mois plus tard, les dictionnaires d’Oxford ont désigné « urgence climatique » comme mot de l’année pour 2019, en partie en reconnaissance des centaines de villes, villages et pays qui avaient déclaré de telles urgences. Pourtant, les grands médias sont restés pour la plupart sur leur réserve.

Certains journalistes se sentiront mal à l’aise à l’idée de prendre une telle mesure, craignant que cela ne franchisse la frontière entre le journalisme et le plaidoyer. C’est une préoccupation sérieuse et compréhensible — après tout, les militants du mouvement Fridays For Future de Greta Thunberg, Extinction Rebellion et le mouvement Sunrise, entre autres, ont tous invoqué à plusieurs reprises l‘« urgence climatique» comme cri de ralliement pour exiger une décarbonisation rapide des économies du monde.

Mais voici un fait complémentaire que trop de rédactions semblent ignorer : ce ne sont pas seulement les militants qui parlent d’une « urgence climatique ». Plus de onze mille scientifiques de premier plan ont expressément choisi l’expression « urgence climatique » pour décrire la situation à laquelle notre civilisation est actuellement confrontée. Les journalistes sceptiques doivent garder à l’esprit que les scientifiques ont tendance à être des individus axés sur les données, orientés rationnellement, qui évitent généralement les mots chargés d’émotion. Les scientifiques adoptent maintenant l’expression « urgence climatique » parce que les réalités physiques sont devenues si extrêmes, le temps restant pour résoudre le problème si limité et les réformes nécessaires si difficiles qu’aucun autre mot ne suffit. L’humanité doit réduire ses émissions de 45% d’ici 2030 pour éviter une catastrophe totale, ont averti les scientifiques de l’ONU. Cet objectif nécessitera de transformer l’énergie, l’agriculture, la finance et d’autres secteurs clés du monde à un rythme et à une échelle sans précédent dans l’histoire.

« Les scientifiques ont l’obligation morale d’avertir clairement l’humanité de toute menace catastrophique et de « dire les choses telles qu’elles sont ». Ainsi commence la déclaration signée par les onze mille scientifiques.

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Les journalistes ont démontré une telle obligation morale en couvrant le coronavirus cette année. Malgré les réductions de personnel qui ont obligé de nombreux journalistes à travailler dans des conditions très difficiles, les organes de presse ont héroïquement relevé le défi d’informer le public sur ce qui se passait pendant la pandémie, pourquoi et comment les gens pouvaient se protéger et protéger les autres. Les médias ont également demandé des comptes aux dirigeants politiques, la plupart des médias mettant en lumière les affirmations non fondées ou dangereuses des multiples fournisseurs de désinformation

Désormais, les journalistes doivent apporter ce même sens de dévouement professionnel à la couverture de l’urgence climatique. Comme l’a souligné António Guterres, la Terre « se dirige vers une augmentation catastrophique de la température de plus de 3°C. au cours de ce siècle ». Une telle augmentation, les scientifiques le prédisent clairement, serait une condamnation à mort pour des centaines de millions de personnes et la civilisation telle que nous la connaissons. Le dire n’est pas plus partisan que de dire que le coronavirus est très contagieux et menace de tuer des millions de personnes, mais peut être contenu si les gens portent des masques et prennent des distances physiques entre eux.

Le journalisme climatique a parcouru un long chemin en 2020. Si 2019 a été l’année où les médias grand public ont enfin abandonné le « silence climatique » qui avait émoussé la compréhension publique et l’action politique pendant si longtemps, 2020 a été l’année où les politiciens et les rédactions ont commencé à traiter le climat comme un problème de premier plan qui exigeait une attention particulière. Mais il reste encore beaucoup à faire.

Les mois à venir seront une période charnière dans l’urgence climatique. À l’échelle mondiale, le sommet de l’ONU en novembre décidera si les gouvernements du monde ne s’engagent pas seulement en paroles à atteindre des émissions « nettes nulles » d’ici le milieu du siècle, mais prennent également des mesures concrètes pour le faire.

Déclarer une « urgence climatique » est certes une question de mots, mais la politique est souvent une danse savante entre des mots et des actes. Les mots peuvent préparer le terrain pour les actes, à la fois en clarifiant ce qui est en jeu et en fournissant une norme destinée à demander des comptes aux dirigeants. Les organes de presse ont un avantage : ils possèdent de gros mégaphones et, en 2020, ils ont su les utiliser pour aider nos sociétés à traverser la terrible pandémie. 2021 sera l’année où les médias déclareront l’humanité en urgence climatique. Une urgence que nous promettons, de notre côté, d’éclairer de notre mieux pour, nous l’espérons, aider chacun à la surmonter.

 

 

 

 

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Covering Climate NowCet article est publié ici dans le cadre du partenariat de UP’ Magazine avec Covering Climate Now, une collaboration mondiale de plus de 400 médias sélectionnés pour renforcer la couverture journalistique du changement climatique.

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marc.guiraud***
3 années

Chère Fabienne Marion, permettez-moi d’exprimer un désaccord avec votre article et son titre. Tout d’abord, cela fait des dizaines d’années que les médias traitent le sujet du réchauffement climatique et que les politiques prennent des mesures. Si elles sont insuffisantes, c’est peut-être parce qu’il n’était pas, collectivement, possible de faire plus et mieux, tant les inerties sont considérables, face à un problème effectivement systémique. Rien de sert de culpabiliser et en tout cas ce n’est pas aux journalistes de le faire. Au-delà, les journalistes ne doivent avoir aucune « obligation morale », quel que soit le sujet. Ce serait extrêmement dangereux pour… Lire la suite »

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