L’objectif de maintien à long terme du réchauffement climatique sous le seuil des +2°C par rapport à la période préindustrielle, limite haute fixée par l’accord de Paris, « est mort », a estimé mardi James Hansen, ancien climatologue en chef de la Nasa. Il publie avec plusieurs confrères une étude selon laquelle certains phénomènes qui sous-tendent le changement climatique ont été sous-estimés.
Selon leur analyse de la situation actuelle et leurs projections, « l’objectif des 2°C est mort », a déclaré mardi M. Hansen lors d’une présentation. L’un des scénarios ambitieux du Giec – le groupe d’experts du climat mandatés par l’ONU -, tablant sur une nette diminution des émissions de gaz à effets de serre permettant possiblement de contenir le réchauffement sous ce seuil, est « aujourd’hui impossible », a-t-il estimé.
Manque de réalisme dans l’évaluation du climat ?
James Hansen met d’abord en cause la consommation énergétique mondiale qui « augmente et continuera d’augmenter », avec une « majeure partie de l’énergie provenant encore des combustibles fossiles », principaux émetteurs de gaz à effets de serre.
Outre cette transition énergétique trop lente, le scientifique et son équipe pointent du doigt dans leur étude, publiée dans la revue Environment: Science and Policy for Sustainable Development, « un manque de réalisme dans l’évaluation du climat », estimant que ce dernier est plus sensible aux émissions de gaz à effet de serre que ce qui est envisagé aujourd’hui dans les synthèses du Giec.
L’équipe de James Hansen estime aussi que la circulation méridienne de retournement de l’Atlantique (Amoc), un système de courants marins au rôle majeur dans la régulation du climat, devrait cesser « au cours des 20 à 30 prochaines années », ce qui entraînerait « notamment une élévation du niveau de la mer de plusieurs mètres ». Pourtant, en janvier, une étude dans Nature Communications affirmait au contraire l’absence de signe de déclin de l’Amoc depuis 60 ans.
Adopté il y a près de dix ans par la quasi-totalité des pays, l’accord de Paris dont Washington a récemment annoncé se retirer pour la deuxième fois, vise à maintenir l’augmentation de la température moyenne mondiale « bien en dessous de 2°C » par rapport aux niveaux préindustriels et poursuivre les efforts pour la limiter à 1,5°C. Le monde s’est déjà réchauffé de 1,3°C en moyenne. Et le seuil de 1,5°C a été dépassé pour la première fois ces deux dernières années, selon l’observatoire européen Copernicus.
Cet article du professeur Hansen « demande beaucoup de vigilance », « il n’est pas publié dans un journal de sciences du climat et formule un certain nombre d’hypothèses qui ne sont pas cohérentes avec l’ensemble des observations disponibles« , a fortement relativisé Valérie Masson-Delmotte, ancienne coprésidente du groupe de travail du Giec sur la climatologie, contactée par l’AFP. Il y a « beaucoup de spéculations » dans les travaux de Hansen, et « je continue de rester sceptique« , a aussi critiqué Karsten Haustein, climatologue de l’université de Leipzig (Allemagne).
Les faits sont là
Toutefois, les faits semblent donner raison au professeur Hansen : Janvier 2025 a été le mois de janvier le plus chaud jamais mesuré dans le monde, selon l’observatoire européen Copernicus, douchant l’espoir que le phénomène La Niña interrompe près de deux ans de records de températures, avant tout sous l’effet du réchauffement climatique d’origine humaine.

« Janvier 2025 est un autre mois surprenant, poursuivant les températures record observées au cours des deux dernières années, malgré le développement des conditions La Niña dans le Pacifique tropical et leur effet de refroidissement temporaire sur les températures mondiales« , a déclaré Samantha Burgess, directrice adjointe du service changement climatique (C3S) de Copernicus, dans son bulletin mensuel publié jeudi.
Avec une température moyenne de 13,23°C selon Copernicus, « janvier 2025 a dépassé de 1,75°C le niveau préindustriel », avant que les humains modifient en profondeur le climat par l’utilisation massive du charbon, du pétrole et du gaz fossile. Les scientifiques s’attendaient à ce que la série de records des années 2023 et 2024, les deux plus chaudes jamais mesurées, s’interrompe avec la fin du phénomène naturel réchauffant El Niño et l’arrivée de son opposé, La Niña.
« C’est ce qui est un peu surprenant »
« C’est ce qui est un peu surprenant… on ne voit pas cet effet de refroidissement, ou du moins de frein temporaire, sur la température mondiale que l’on s’attendait à voir », a déclaré à l’AFP Julien Nicolas, un climatologue de Copernicus. Copernicus relève même des signes « d’un ralentissement ou d’un arrêt de l’évolution vers des conditions La Niña », qui pourrait disparaître complètement d’ici mars, selon le climatologue.
Les températures mondiales, dont la hausse a alimenté sécheresses, canicules ou inondations dévastatrices, sont fortement dépendantes de celles des mers. Or les températures à la surface des océans, régulateurs primordiaux du climat qui couvrent plus de 70% du globe, se maintiennent à des niveaux jamais vus avant avril 2023.

Pour la surface des océans, janvier 2025 se classe toutefois deuxième mois le plus chaud derrière le record absolu de janvier 2024. En Arctique, où l’hiver est très anormalement chaud, la banquise a atteint sa plus faible étendue pour un mois de janvier, pratiquement égale à 2018, selon Copernicus.
« Il ne faut pas être surpris qu’on batte des records de chaud »
Avec ce record de température, janvier 2025 devient « le dix-huitième des dix-neuf derniers mois pour lequel la température moyenne de l’air à la surface du globe a dépassé de plus de 1,5°C le niveau préindustriel », note encore l’observatoire européen. Soit davantage que la barre symbolique des +1,5°C, correspondant à la limite la plus ambitieuse de l’accord de Paris de 2015, qui vise à contenir le réchauffement bien en dessous de 2°C et à poursuivre les efforts pour le limiter à 1,5°C.
Cet accord fait toutefois référence à des tendances de long terme : une telle moyenne de réchauffement devra être observée sur au moins 20 ans pour considérer la limite franchie. En prenant ce critère, le climat est actuellement réchauffé d’environ 1,3°C. Le Giec estime que la barre d’1,5°C sera probablement atteinte entre 2030 et 2035. Et ce, quelle que soit l’évolution des émissions de gaz à effet de serre de l’humanité, aujourd’hui proches du pic, mais pas encore en déclin.
Si la plupart des climatologues estiment que ces records successifs n’invalident pas les projections, tout en se situant dans la fourchette haute de leurs estimations, certains scientifiques à la marge formulent l’hypothèse que le climat se réchauffe plus vite sous l’effet des émissions de gaz à effet de serre d’origine humaine. « Est-ce qu’on arrive à discerner une réponse du climat plus forte ? Pour l’instant, il y a quelques éléments, mais pas encore je dirais de constat, de démonstration, d’une réponse plus forte que celle attendue« , résume Valérie Masson-Delmotte.
Les études sont en cours pour se prononcer, mais quoi qu’il en soit, « dans un climat où on continue à ajouter des gaz à effet de serre, il ne faut pas être surpris qu’on batte des records de chaud », rappelle cette ancienne haut responsable du Giec.
Avec Trump, les choses ne vont pas s’arranger
Et, avec l’arrivée de Donald Trump à la tête des États-Unis, les choses ne devraient pas s’arranger. Selon les estimations, les actions de Trump pendant son premier mandat auraient conduit à une augmentation des émissions américaines de 3 à 7% d’ici 2035 par rapport à une trajectoire où les politiques climatiques d’Obama auraient été maintenues.
Les États-Unis étant le deuxième plus grand émetteur de GES au monde, leur politique climatique influence directement le réchauffement climatique global. Une étude de Climate Action Tracker a estimé que si tous les pays adoptaient des politiques similaires à celles de Trump, la température mondiale pourrait augmenter de 3 à 4°C d’ici 2100, bien au-delà de l’objectif de l’Accord de Paris (1,5 à 2°C).
Les politiques climatiques envisagées par Donald Trump pour son second mandat (2025-2029) indiquent une intensification de ses actions précédentes, avec des implications potentielles sur les émissions de gaz à effet de serre (GES) et le réchauffement climatique.
Dès son investiture en janvier 2025, Trump a déclaré une « urgence énergétique nationale », facilitant ainsi la suspension de certaines régulations environnementales pour accélérer les projets liés aux énergies fossiles. Il a également levé les interdictions sur le forage offshore et annulé les décisions précédentes concernant des projets controversés comme le pipeline Keystone XL.
Trump a entrepris de démanteler les initiatives climatiques de l’administration Biden, notamment en abrogeant l’Inflation Reduction Act qui visait une réduction de 40 % des émissions d’ici 2030 en promouvant les énergies renouvelables et les véhicules électriques. Il a également annulé les réglementations de l’Agence de protection de l’environnement (EPA) sur les émissions de méthane et les normes d’efficacité énergétique des véhicules.
Conformément à ses promesses, Trump a de nouveau retiré les États-Unis de l’Accord de Paris, qualifiant cet accord d' »escroquerie injuste et unilatérale ».
Les politiques pro-fossiles et le démantèlement des régulations environnementales pourraient entraîner une augmentation significative des émissions de GES aux États-Unis. Une analyse de mars 2024 estimait qu’un second mandat de Trump pourrait générer 4 milliards de tonnes de CO₂ supplémentaires d’ici 2030, soit l’équivalent des émissions annuelles du Japon et de l’Union européenne.
Avec AFP
« Moi, je l’ai fait le feu, alors je le connais ! ». « Ça bascule et ça bouscule… c’est ma planète ? ».
« Rouge comme le feu, le sang , le volcan . Rouge comme le feu. » sur les bancs de la maternelle, ecoleducerisier.wordpress.com
Il reste juste à savoir si on attend de brûler vif dans la lave du volcan qu’on a allumé ! Pompéi…
Ou si on veut et peut … reconstruire une Terre à habiter, Adama de la Bible. « Quand la forêt brûle » Joelle Zask