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Et si les chocolatiers et pâtissiers étaient les nouveaux aventuriers du cacao ?

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Le cacao sera sous les feux des projecteurs lors du 23e Salon du Chocolat jusqu’au 1er novembre à Paris. Cette intense parenthèse cacaotée, qui se poursuivra pendant les fêtes, est l’occasion pour l’association Relais Desserts de lancer un signal d’alarme : la préservation des terroirs de cacao et la garantie de fèves de qualité passent plus que jamais par le développement d’une culture durable et responsable, à contrecourant du mode intensif. Œuvrer activement pour la cacaoculture de demain dans le respect de la terre et des hommes, c’est la belle aventure de Cacao Forest.
 
« Et si les chocolatiers et pâtissiers étaient les nouveaux aventuriers ? » Le thème de l’édition 2017 du Salon du Chocolat ne pouvait mieux exprimer le défi auquel participe Relais Desserts, association rassemblant les plus grands pâtissiers et chocolatiers du monde, en tant que membre actif de « Cacao Forest ».
 
L’objectif de ce projet : prouver que l’agroforesterie, mode de culture traditionnel du cacao, sera à long terme la seule alternative à la culture intensive et la garantie d’un cacao de qualité. Il est mené par un groupement d’ONG, d’ingénieurs agronomes, de transformateurs de cacao et de Relais Desserts, avec pour ambition de trouver une alternative à la culture intensive du cacao qui s’intensifie et dont la prédominance semble inéluctable.
Cacao Forest veut prouver que l’agro-foresterie, mode de culture traditionnel du cacao, sera à long terme la seule alternative à la culture intensive et la garantie d’un cacao de qualité dans le respect de la terre et des hommes.
 
Et même si aujourd’hui l’agro-foresterie est comme David devant combattre son Goliath (la mono-culture intensive), tous sont convaincus de l’importance et de la pertinence de participer à ce projet et de le mener à son terme.
Comme l’explique Éric Vergne, vice-président de l’association : « Traditionnellement, le cacao a toujours été cultivé en agroforesterie. Ce mode de culture associe dans la cacaoyère plusieurs variétés de végétaux qui coopèrent pour se développer de façon harmonieuse. Cette « permaculture » est encore largement répandue dans les petites exploitations mais n’est pas optimisée.
Le rendement en cacao est donc extrêmement inférieur à celui des cacaoyères intensives en monoculture. Celles-ci ont gagné du terrain, sous l’effet d’une consommation de chocolat en forte croissance depuis ces dernières décennies. On en connaît les conséquences néfastes tant sur la biodiversité (déforestation, baisse de la diversité des fèves cultivées) que sur la qualité des sols.
Le projet Cacao Forest, initié en 2016 en République Dominicaine, bientôt étendu au Pérou, a pour objectif de prouver, par des études agronomiques et des tests grandeur nature, que l’agroforesterie est productive et économiquement viable pour les acteurs locaux. »
 
Au-delà du maintien d’une matière première de qualité, l’enjeu est en effet également de préserver des filières de production de cacao de qualité et de pérenniser les petites productions en trouvant notamment des débouchés commerciaux aux autres produits cultivés dans les cacaoyères : vente de fruits sur les marchés, production de bois de chauffage, vente aux industries locales pour fabriquer des purées de fruits, des jus, etc.
En se diversifiant, le producteur n’est plus dépendant de la seule production de cacao et ses revenus ne sont plus saisonniers.
 
 

Réinventer la cacaoculture : une action de groupe et de long terme

 
Outre les plus grands artisans pâtissiers chocolatiers, membres de Relais Desserts, ce projet ambitieux et innovant réunit des partenaires diversifiés et complémentaires, des scientifiques (le CIRAD – centre de recherche agronomique -, l’ISARA – Institut supérieur d’études agronomiques de Rhône-Alpes), une ONG suisse (The Forest Trust) qui œuvre pour un meilleur écosystème au niveau mondial, des entreprises qui travaillent le cacao (Révillon, Valrhona, Weiss) et des entreprises bio équitables (Alter-Eco, Bonneterre). Ces membres, dont Relais Desserts, composent le Groupement d’Intérêt Scientifique qui dirige Cacao Forest. Ils se réunissent 4 fois par an lors de Comités de Pilotage (COPIL) afin de suivre l’avancée du projet et de participer aux prises de décisions.
« En tant qu’artisan, commerçant et chef d’entreprise, nous avons une responsabilité » affirme Pierre Hermé. Vice-président de Relais Desserts, le célèbre chef pâtissier chocolatier voit dans cette action de groupe et de long terme l’opportunité d’échanger et de sensibiliser une grande partie des professionnels du secteur.
Les premières récoltes sont prévues dans six à huit ans. Ces premiers résultats devraient permettre de proposer des recommandations concrètes à toute la filière cacao.
« Même si c’est le combat de David (l’agroforesterie) contre Goliath (la monoculture intensive), nous sommes convaincus de l’importance et la pertinence de participer à ce projet et de le mener à son terme. » affirme Frédéric Cassel, le président de l’association.
Un retour aux sources du chocolat parfaitement en phase avec les valeurs de partage, de transmission et de recherche d’excellence des pâtissiers et chocolatiers .
 

Et si l’Agro-foresterie était la solution ?

 
Le chocolat illumine le regard des enfants et les papilles des gourmands. Rares sont les ingrédients qui génèrent un tel engouement quasi planétaire. Pourtant, à la source du chocolat, la culture du cacao n’est pas toujours un conte de fée.
La consommation de chocolat s‘est fortement amplifiée durant les dernières décennies. Le cacao est devenu une matière de spéculation, gérée comme un produit financier et de plus en plus déconnectée de sa nature de plante agricole.
La culture intensive s’est développée, avec les effets désastreux qu’on leur connaît : appauvrissement des sols, déforestation, baisse de la qualité et de la diversité des fèves cultivées et, enfin, grandes difficultés financières des petits producteurs. D’où l’idée ambitieuse de Cacao Forest, de préserver des filières de production de cacao de qualité mais aussi de pérenniser les petites productions, en les rendant plus productives et donc autonomes, et bien sûr en protégeant durablement l’environnement.
 
Pour trouver une alternative à la culture intensive du cacao, Cacao Forest projette donc de développer l’agro-foresterie. Ce mode de culture traditionnel associe plusieurs variétés de végétaux dans la cacaoyère. Comme la permaculture, l’agro foresterie crée une sorte de symbiose dans laquelle la diversité de l’ensemble bénéficie à chacun.
Ce mode de culture traditionnel est encore largement répandu dans les petites exploitations mais il n’est pas optimisé. Le rendement en cacao est donc extrêmement inférieur à celui des cacaoyères intensives en monoculture.
Elle respecte le sol, l’environnement et garantit aux producteurs l’autonomie et un meilleur pouvoir d’achats.
Les autres végétaux cultivés dans la cacaoyère peuvent également générer des revenus financiers aux producteurs (bois de chauffe, fruits, etc.). Ainsi le producteur n’est plus dépendant de la seule production de cacao et ses revenus ne sont plus saisonniers.
 

Les actions sur le terrain

 
Le projet a démarré en République Dominicaine et devrait s’étendre prochainement au Pérou. Aujourd’hui, deux experts ont été mandatés à temps plein en République Dominicaine pour Cacao Forest : Martin, du CIRAD qui est plus particulièrement en charge les aspects agronomiques : relevés des parcelles, techniques de production, …. Et Alexandre de TFT, qui coordonne les dimensions commerciales et logistiques du projet.
 
Le projet s’articule autour de trois axes majeures :
Un axe agronomique :
  • Analyse des cacaoyères en place (densité, variété, âge et taille des arbres, espèces qui cohabitent dans la cacaoyère) et de la productivité actuelle
  • Elaboration des protocoles de tests agro foresterie
  • Suivi des résultats des tests, adaptation et recommandation
Un axe commercial :
  • L’enjeu de l’agro-foresterie est de permettre aux producteurs de vivre confortablement des produits de leurs récoltes.
  • Aider les producteurs à trouver des débouchés commerciaux aux produits des cacaoyères : vente de fruits sur les marchés, production de bois de chauffage, vente aux industries locales pour fabriqués des purées de fruits, des jus, etc….
Un axe humain :
  • Le projet est construit de manière à proposer un renfort aux producteurs mais en aucun cas de leur imposer des méthodes venues d’ailleurs
  • Cacao Forest ambitionne de rendre les producteurs autonomes, de leur mettre de se regrouper pour prendre des décisions communes et peser plus forts s’ils s’unissent en coopératives.
A fin juillet 2017, Cacao Forest a négocié des contrats de partenariats avec trois coopératives de producteurs en République Dominicaine, ce qui représente 72 parcelles implantées dans des régions clef pour implémenter les tests d’agro-foresterie productive.
 
La mode est aujourd’hui à la production artisanale de ses propres saveurs de cacao, loin des fournisseurs industriels. Par besoin d’authenticité, de plus en plus d’artisans chocolatiers veulent produire leur propre matière première à partir de techniques oubliées. On retrouve cette différenciation dans les techniques de broyage, de torréfaction, de malaxage et de raffinerie de la matière première mais surtout dans le choix de la qualité des fèves sélectionnées. Un retour aux sources puisqu’autrefois, tous les artisans chocolatiers créaient leur propre chocolat.
 

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