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Alerte : La biodiversité alimentaire en danger !

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Saviez-vous que 75% de l’alimentation mondiale est générée par seulement 12 plantes et 5 espèces animales ? L’association Agronomes et Vétérinaires Sans Frontières (AVSF) tire la sonnette d’alarme face à l’érosion de la variété des plantes et des animaux utiles à l’alimentation humaine. L’ONG lance donc une campagne pour sensibiliser le public à ce sujet souvent méconnu et à ses enjeux en termes de sécurité alimentaire globale et d’équilibre des écosystèmes.
 
75% des variétés comestibles ont disparu en 100 ans. Près de 100 races d’animaux de ferme ont disparu entre 2000 et 2014 (source FAO). Des 73 variétés traditionnelles de melons qu’on trouvait au début du XXe siècle, une seule existe encore. On comptait 30 variétés de tomates en 1900, il en reste 7 (1). Ces chiffres impressionnants s’appliquent à la plupart des plantes comestibles et des races animales et exposent les paysans à une forte insécurité alimentaire. Le mil, le sorgho, le niébé et le sésame sont menacés de disparition au Niger (source IRD). Des millions de bovins et porcins naissent à partir des gènes d’une centaine d’animaux seulement.
Ceci est le résultat d’un modèle agricole unique, productiviste et industriel, en monoculture, nécessitant des intrants chimiques onéreux qui ruinent les paysans et dégradent la nature. La monoculture accroit la vulnérabilité des petits paysans sur les marchés locaux et internationaux, trop souvent dépendants de la volatilité des prix, de la spéculation, etc.
Ce sont là des constats choquants et alarmants sur la disparition de nombreuses espèces et variétés de plantes et d’animaux dans les exploitations agricoles du monde entier.
 
Or la biodiversité agricole est le fruit d’un long travail d’observation, de sélection et d’échange de semences et races entre paysans au fil des millénaires. Elle est particulièrement importante pour maintenir la productivité et la résilience des systèmes de culture et d’élevage dans des environnements précaires et vulnérables tels que les zones arides, inondables ou de montagne par exemple, mais aussi face à des risques économiques sur les marchés locaux et internationaux.
 
Aussi, les initiatives de l’association AVSF sont salutaires : elle s’emploie à protéger, à travers le monde, les ressources génétiques adaptées au sol et au climat, ainsi que les savoir-faire qui s’y rapportent, au sein d’une agriculture agroécologique. Elle mène des projets dans 20 pays du monde au bénéfice de 700 000 personnes chaque année.
 

Au Pérou : Une usine de chips de pommes de terre « natives »

 
AVSF travaille au Pérou en partenariat avec la coopérative paysanne Agropia et la SCOP Ethiquable pour préserver et valoriser les innombrables variétés de pommes de terre locales de la région de Huancavelica, là où à 4 000 m d’altitude s’épanouissent des papas nativas ou pommes de terre natives, aux formes étonnantes et couleurs variées : blanche, jaune, bleu, violette, noire … Illustration de l’intérêt de cette lutte contre l’érosion des variétés et le monopole des semences : la coopérative paysanne Agropia a inauguré récemment sa propre usine de fabrication de chips de papas nativas… Un aboutissement qui permet à une centaine de producteurs de la région de transformer et vendre en direct leur production sur les marchés internationaux et de cultiver l’ambition de devenir fournisseurs de semences natives biologiques pour d’autres producteurs au Pérou.
 

Au Sénégal : Améliorer les performances de races de vaches locales

 
Présente également au Sénégal, l’ONG travaille à la conservation des races de vaches locales, résistantes à la maladie transmise par la mouche tsé-tsé et adaptées aux conditions climatiques. AVSF améliore les performances de ces élevages par l’amélioration de leur alimentation, de leur logement et de leur santé. Gâce à la mise en place d’un programme de croisement des vaches Ndama locales avec des races laitières françaises rustiques (Montbéliarde, Tarentaise, Abondance), la productivité laitière est améliorée et on évite ainsi l’importation de vaches. Dans le monde, cinq races d’animaux seulement venues d’Europe et d’Amérique du Nord dominent l’élevage.
 

Au Guatemala : Des concours de biodiversité

 
Là, les équipes d’AVSF organisent des concours de biodiversité sur le principe des matchs de foot. Aujourd’hui, plus de 800 familles paysannes indiennes de plus 100 communautés différentes participent à ce concours qui permet aux joueurs de première division d’afficher des résultats étonnants : les équipes gagnantes cultivent entre 80 et 100 espèces de fruits et légumes différents dans leurs parcelles. Ces concours permettent de revaloriser également l’identité indienne Q’eqchi’, de démontrer les performances de leurs pratiques agroécologiques de production et lutter in fine contre la migration paysanne vers les villes.
 

La diversité génétique : condition de la sécurité alimentaire

 
« Se concentrer sur quelques espèces ou variétés a permis à l’agriculture productiviste et industrielle d’augmenter les quantités de nourriture produites, mais nous y avons tous perdu : les consommateurs, en qualité et en diversité, et les paysans, en faculté d’adaptation et en indépendance. AVSF encourage les paysans dans la préservation et la reconquête de leur patrimoine cultivé et de leurs races d’élevage locales, ancestrales et résistantes, pour garantir une base alimentaire solide et de qualité, mais aussi pour qu’ils résistent mieux aux chocs économiques et climatiques de plus en plus fréquents. L’existence d’une immense diversité de ressources aux caractéristiques diverses, cette biodiversité recomposée et préservée, ce sont les conditions concrètes de notre sécurité alimentaire et nutritionnelle à tous et de l’équilibre des écosystèmes », explique Frédéric Apollin, directeur général d’AVSF.
 
La monoculture industrielle se propage rapidement sur la planète et menace l’équilibre agricole des pays du Sud. Sur le papier, elle peut séduire les producteurs locaux et les acteurs politiques : gros rendements, filière de distribution organisée… Pourtant la médaille a son revers. Les gains de productivité sont vite annulés par le coût des nombreux pesticides et engrais chimiques rendus nécessaires. Les graines ne se reproduisent pas, les intrants polluent les sols et l’eau, et impactent notre santé… Le cercle vicieux de la logique industrielle ruine les paysans et menace leur sécurité alimentaire.
 
L’uniformisation des cultures est une bombe à retardement : nombreux croient qu’elle est une force, mais en réalité, elle tue chaque jour la biodiversité agricole. La variété des cultures est indispensable à la richesse de notre alimentation et à la sauvegarde des modes de production respectueux de l’environnement. L’industrialisation a permis de gagner en productivité mais au prix d’une nature déséquilibrée. Au Nord, on cherche à réintroduire des semences oubliées. Au Sud, il est urgent de faire face à la menace en réunissant nos énergies et nos volontés pour préserver cette richesse dont nous sommes les dépositaires pour les générations futures.
L’ONG lance donc une campagne pour sensibiliser le public à ce sujet souvent méconnu et à ses enjeux en termes de sécurité alimentaire globale et d’équilibre des écosystèmes. Intitulée #CultivonsLaBiodiversité, elle s’adosse à leur site Internet : https://cultivons-la-biodiversite.org/
 
(1) Source : International Livestock Research Institute, 2014 / FAO
 

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