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La ferme de demain : entre nouvelles technologies et préservation de l’environnement

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Aujourd’hui en France, et contrairement à ce que l’on peut croire, l’agriculture représente l’un des secteurs les plus connectés. Très dépendante de la météorologie, l’agriculture doit se réinventer. Victimes du réchauffement climatique et de la crise sanitaire, de grands enjeux attendent désormais les agriculteurs dans le futur : entre nouvelles technologies et environnement, quels sont les défis à relever ?

Les technologies novatrices, levier de l’agriculture du futur 

De nos jours, les agriculteurs font appel à de nouvelles technologies pour gérer et surveiller leurs cultures. L’AgTech ou l’Agritech, représente aujourd’hui plus de 4.000 applications dédiées au secteur de l’agriculture : un quotidien qui connaît un profond bouleversement.

Après la robotisation de certaines cultures, les capteurs connectés, les drones, les technologies « NBIC » (nanotechnologies, biotechnologies, sciences de l’information et sciences de la cognition), ce sont maintenant les satellites qui sont pressentis pour devenir les nouveaux alliés 3.0 des agriculteurs. Grâce à eux, ils pourront analyser les champs et ses différentes caractéristiques : humidité des sols, chaleur, détection des anomalies. Ils permettent aux agriculteurs de gagner un temps précieux, tout en améliorant la précision et l’efficacité des analyses.

C’est dans cette continuité que les agriculteurs attendent également d’autres technologies pour les décharger de tâches répétitives et pour gagner en efficience. Dans ce métier, qui demande plus de 70h de travail par semaine, les agriculteurs semblent vouloir être épaulés par ces nouvelles technologies afin de leur faciliter le quotidien (1). Secteur extrêmement connecté, l’agriculture attend l’arrivée de la 5G avec impatience.

Pourtant, l’économiste Hélène Tordjman, maître de conférences à l’Université Sorbonne Paris-Nord, explique dans son dernier ouvrage « La croissance verte contre la nature, critique de l’écologie marchande » (Editions La Découverte, 2021), que les « choix technologiques ne sont pas neutres », à l’instar de l’historien de l’industrialisation et de la classe ouvrière, François Jarrige qui publiait déjà en 2014 « Technocritiques » (Editions La Découverte) : l’instrumentalisation de la nature et de l’homme pousse vers plus de productivisme pour faire face, aussi, aux enjeux de la concurrence internationale.

Les « nouveaux OGM » « NBT »

Les biotechnologies reviennent sous le feu des projecteurs de la Commission européenne pour une révision de leur législation. Cela fait dix ans que la bataille scientifico-économico-judiciaire fait rage. Les organismes (plantes ou espèces animales) modifiés par des outils d’ingénierie génétique comme CRISPR sont-ils ou non des OGM ? La Cour de justice de l’Union européenne rendait son verdict en juillet 2018 : les organismes modifiés par mutagénèse sont bel et bien des OGM et doivent obéir à la même règlementation en Europe. L’industrie des biotechnologies et ses lobbies subissait, avec cette décision, un revers sérieux. Les défenseurs de l’environnement, comme tous ceux qui veulent garantir l’intégrité des aliments que l’on met dans leur assiette, saluaient cette victoire.

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Or dans son rapport sur les nouvelles techniques génétiques remis ce 29 avril 2021, la Commission européenne rouvre la porte à de nouvelles variétés « sélectionnées » pour répondre aux nouveaux défis agronomiques, tournée en Europe vers une agriculture plus durable et vers la protection de l’environnement. En effet, le rapport met en avant « le potentiel de contribuer à des systèmes alimentaires durables avec des plantes plus résistantes aux maladies, aux conditions environnementales et aux effets des changements climatiques ».

Dans une note de mars 2021, « Pourquoi l’édition génomique n’est pas la réponse aux défis environnementaux de l’UE », Greenpeace met en garde contre l’utilisation de ce que l’on appelle les techniques d’édition génomique (ou du génome) telles que CRISPR, qui pourraient non seulement exacerber les conséquences négatives de l’agriculture intensive sur l’environnement, les animaux et les êtres humains, mais aussi transformer la nature et les populations (par le biais de notre alimentation) en laboratoire géant d’expérimentation du génie génétique, entraînant des résultats incertains et potentiellement irréversibles.

Une problématique environnementale de plus en plus préoccupante

Aujourd’hui, un autre défi majeur attend aussi les agriculteurs dans les années à venir : le réchauffement climatique. Ce secteur souffre de plus en plus de ses conséquences. Il y a quelques semaines, le gel a paralysé les récoltes de nombreux champs, véritable catastrophe économique pour les agriculteurs.
Cela fait quelques années désormais que les intempéries et les catastrophes naturelles impactent régulièrement les récoltes françaises. A plus ou moins court terme, les inondations, les sécheresses, le gel et autres variants climatiques seront encore plus fréquents. Va-t-on arriver à un stade où nos producteurs ne pourront plus produire en quantité suffisante pour le marché français ? Quels coûts pour les finances publiques ?

Le défi de la préservation de notre planète est l’un des enjeux principaux du futur de l’agriculture. Les agriculteurs sont parfaitement conscients des perturbations à venir et veulent s’engager à préserver notre terre et à en prendre soin grâce à des méthodes plus respectueuses de l’environnement.

La plante « écolo » qui sauve les agriculteurs de la sécheresse

Cette année encore, les Français devront affronter une situation de sécheresse. Le Nord et le Pas-de-Calais ont déjà annoncé une limitation de la consommation d’eau et ce n’est qu’un début… Selon une importante étude publiée dans Science, les ressources en eau potable vont manquer à travers toute la planète et, selon Météo France, les étés caniculaires deviendront la norme dans les années qui viennent.

Or, pour les agriculteurs, cette sècheresse récurrente est problématique. Les éleveurs se retrouvent rapidement sans fourrage car l’herbe des prés jaunit trop vite, les céréaliers et les maraîchers voient leurs cultures se dessécher.

D’où l’intérêt de la Silphie, une plante venue d’Amérique du Nord qui est très répandue à l’Est des Etats-Unis et au Canada. Issue de la famille des Astéracées, elle résiste bien à tous les aléas climatiques qu’il s’agisse d’épisodes de sécheresse, de fortes pluies (elle peut résister 2 mois et demi en étant immergée) et de gel jusqu’à -40°.
Il y a mieux : la Silphie présente de nombreux atouts notamment au niveau agro écologique (plus de produits phyto sanitaires, réduction de l’empreinte carbone et rendements économiques élevés…) et elle offre de nombreuses possibilités d’utilisation.

Silphie France, le fournisseur exclusif de la semence de Silphie sur tout le territoire français, constate au quotidien un réel engouement pour cette culture « nouvelle génération », tant en France qu’à l’étranger. En pleine période de crise économique, l’entreprise française affiche ainsi une croissance dynamique malgré la crise et recrute de nouveaux collaborateurs. En trois ans à peine, elle a contribué à implanter plus de 2000 ha de cette plante sur 40 départements partout en France.

La raison de son succès ? Sa forte présence aux côtés des agriculteurs et sa capacité à anticiper le nouveau visage de l’agriculture de demain avec ces nouvelles tendances émergentes que sont le changement climatique (sécheresse, pluies diluviennes), l’appétence des professionnels et des particuliers pour des cultures plus respectueuses de l’environnement, et l’envie des agriculteurs de développer des cultures plus rentables…

Autre défi : le soutien aux agriculteurs

Pour accompagner les agriculteurs, la startup française Agriconomie a été créée en 2014 par trois jeunes entrepreneurs issus du secteur agricole, dont Paolin Pascot, l’ancien président de la Ferme Digitale, l’association des acteurs du monde agricole visant à créer la ferme de demain.

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Il s’agit de la première plateforme de vente en ligne à l’écoute des problématiques rencontrées par ce secteur en proposant des services et produits pour répondre au mieux aux besoins des agriculteurs, et entièrement dédiée aux approvisionnements agricoles qui compte aujourd’hui plus de 65 000 clients. Elle propose également une offre complète d’outils en ligne visant à faciliter l’activité quotidienne de l’agriculteur.

Très engagées pour les agriculteurs, les équipes de la marketplace réfléchissent constamment aux besoins futurs du secteur. Afin de permettre aux agriculteurs d’augmenter leurs capacités de production et leur chiffre d’affaires, Agriconomie a lancé « Les agrico-relais », un nouveau service pour briser la spirale de la solitude et permettre aux agriculteurs de faire des économies substantielles : les agriculteurs peuvent, par exemple, venir chercher leurs semences chez l’un des agriculteurs partenaires. Pour installer un point relais sur sa ferme, l’agriculteur doit disposer d’un espace de stockage couvert, d’une journée libre pour la collecte, et des matériels logistiques pour charger / décharger les produits. Il est rémunéré à la commande. Le jour de la collecte, un conseiller d’Agriconomie se rend sur place pour échanger avec les agriculteurs autour d’un apéritif dinatoire, et ainsi créer un lien social et échanger sur leurs problématiques de tous les jours, afin de mieux les conseiller ensuite.

La startup a également créé « La marque blanche » : après cinq ans de recherche et développement, la plateforme est mise à disposition des entreprises qui souhaitent à leur tour se lancer dans l’aventure du commerce en ligne. En choisissant cette solution, ces derniers accélèrent leurs mises en ligne de plusieurs mois, voire plusieurs années, tant le marché de la vente en ligne des produits agricoles (semences, engrais, phytos…) est complexe à appréhender.

Comme le soulevait dans UP’ le professeur de stratégie et entrepreneuriat à la Kedge Business School, Xavier Hollandts, « Assisterons-nous dans les prochaines années, les prochaines décennies, à un basculement impulsé par cette révolution technologique ? Sachant qu’une autre bataille se jouera dans les rayons et étals de supermarchés : les consommateurs seront-ils prêts en effet à faire évoluer leur alimentation en soutenant, par leurs achats, une agriculture technologique et moins « terrienne » ? »

(1) 79 % des exploitants connectés reconnaissent l’utilité des nouvelles technologies pour l’agriculture. Entre 2013 et 2015, le ministère de l’agriculture a constaté une augmentation de 110 % de l’utilisation d’applications professionnelles par les agriculteurs possédant un smartphone. 79% d’entre eux utilisent internet, selon le rapport agriculture-innovation 2025. C’est plus que la moyenne française.

Photo d’en-tête : Des films ‘roses’ (principe de la technologie des ‘Cascades lumineuses®’ (CL®) ) qui modifient le spectre solaire sur la culture de framboisiers dans la ferme expérimentale ADESVA

1 Commentaire
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Patrice A
2 années

Merci pour cette belle analyse. je crois effectivement que seules des innovations s’ incluant dans une pensée globale peuvent résoudre l’impact important du secteur de l’agriculture / élevage. Pour cela évitons les clivages et avançons tous ensemble avec une vraie philosophie du vivant et de la place de l’Humain.

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