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Comment construire une culture de « penseurs créatifs » au XXIe siècle ?

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Promouvoir les capacités de créativité et d’innovation grâce aux systèmes d’éducation 

Depuis l’Antiquité, les grands penseurs de l’éducation sont loin d’avoir parlé d’une seule voix. Si, pour tous, philosophes, moralistes, théoriciens ou praticiens, l’éducation était la pierre de touche pour construire un monde répondant à leurs attentes, tous ont donné à penser sur les manières d’apprendre, de former, de transmettre et en définitive de forger les sociétés humaines. La créativité, source d’améliorations et d’innovations, est un important levier de performance pour construire et inventer ensemble une autre réponse aux défis de demain, comme l’adaptabilité et les compétences à s’orienter tout au long de la vie.

 
Nombreux sont les élèves qui, bridés dans leur créativité, pourraient bientôt fredonner, à la sortie de l’école, la chanson d’Édith Piaf : « je ne veux pas travailler ». Encore trop restreinte dans le domaine scolaire, aux seuls arts plastiques, la créativité est pourtant requise dans l’ensemble des cinq domaines du socle commun des connaissances préconisé pour les élèves de 6 à 16 ans : les langages pour penser et communiquer ; les méthodes et outils pour apprendre ; la formation de la personne et du citoyen ; les systèmes naturels et les systèmes techniques ; les représentations du monde et l’activité humaine.
 
Plus largement, les chercheurs Sternberg et Lubart définissent la créativité comme « la capacité à réaliser une production nouvelle et adaptée au contexte dans lequel elle se manifeste ». 
           

Créativité : un potentiel bridé par les systèmes d’éducation internationaux

En 2014, lors du sommet mondial au Qatar sur l’innovation en éducation, 66 % des 1 800 participants ont répondu à la question « Do schools kill creativity ? » par l’affirmative. Un verdict sans appel qui dépasse les frontières de l’enseignement tricolore et pose la question de la construction d’une nouvelle génération de penseurs créatifs. Tony Wagner, l’auteur américain du best-seller Creating innovators, le constate également : à quatre ans, un enfant pose une centaine de questions par jour. A 7 ans, il commence à comprendre qu’il vaut mieux savoir répondre aux questions plutôt que de s’en poser. Quelles conclusions en tirer ?
 
Commençons par rappeler que les programmes éducatifs ont avant tout été conçus pour répondre à des enjeux économiques et technologiques pour former un travailleur conforme aux besoins du moment de la société. La massification de l’éducation s’est faite au service des grandes entreprises, y compris au détriment du sens du travail si l’on en croit la multiplication des fameux « bullshits jobs ». Une impasse qui ne va pas s’améliorer avec l’automatisation des tâches par les technologies d’Intelligence Artificielle annoncée par les grands cabinets de conseil, qui prédisent la suppression de 15 à 47% des emplois d’ici à 2030.
 
Dès lors, n’est-il pas urgent de questionner le socle de base des savoirs des étudiants ? Face à ces bouleversements technologiques, il faut réinventer notre rapport quotidien au travail. En effet, si l’on apprenait pour avoir un métier, désormais, notre métier c’est d’apprendre.
 

Réapprendre à apprendre, un enjeu technologique ?

Si l’utilisation des outils numériques à l’école fait l’unanimité, soutenue par 80 % des Français [1],  leur intégration au sein des établissements scolaires demeure insuffisante. Au service du professeur pour renforcer au quotidien le lien pédagogique qu’il tisse avec ses élèves, ils sont un véritable levier pour promouvoir et développer la créativité. Une vision partagée par l’Union Européenne.
Les politiques publiques de la Commission européenne œuvrent depuis une quinzaine d’années à renforcer le rôle de l’éducation et de la formation pour inscrire la créativité comme compétence. L’objectif est de l’ancrer dans toutes les matières enseignées pour former des « honnêtes hommes » capables d’apprendre tout au long de leur vie. Ainsi, le lancement de l’année européenne de la créativité et de l’innovation en Europe en 2009 visait à étendre la créativité sur le long terme au-delà des seuls arts plastiques grâce à l’utilisation du numérique.
 
Le sociologue français Patrice Flichy corrobore cette prise de conscience : grâce au numérique, les élèves deviendront des travailleurs autonomes capables d’épouser le « travail ouvert » qui réconcilie activités professionnelles et développement de ses passions. A l’heure où la multiplication des plateformes numériques de collaboration remet en cause le modèle traditionnel du salariat, le travailleur est de plus en plus libre de créer son activité professionnelle. Un défi que l’Éducation Nationale semble en passe de relever.
 

Transformer le système éducatif en un nouveau terrain de jeu expérimental 

Vivre de sa passion, une utopie ? En tout cas, c’est un horizon bien réel rendu possible par la création de nouveaux outils et de méthodes de travail. Pour former les penseurs créatifs de demain, de nombreuses initiatives réglementaires et technologiques voient le jour. Par exemple, le projet de loi Blanquer « pour une école de la confiance » dévoilé en octobre dernier autorise écoles et établissements publics ou privés sous contrat à expérimenter autour du numérique.
 
De même, la Commission européenne a récemment présenté un nouvel outil baptisé SELFIE, pour Self-reflection on Effective Learning by Fostering the use of Innovative Educational Technologies, destiné à aider toutes les écoles à évaluer comment elles utilisent la technologie numérique pour l’enseignement et l’apprentissage. Plus loin, dans la capitale du pays des cèdres, à Beyrouth, le Eastwood College met à disposition des élèves un enregistrement de leurs cours sur iTunes pour favoriser l’interaction avec leur professeur pendant les heures de classe.
 
Le temps est encore loin où la correction des copies sera automatisée dans l’école du XXIème siècle. Loin d’être une menace, la technologie est un formidable atout : nul doute que l’heure où chaque établissement disposera d’un Centre de Documentation et d’Information équipé des meilleurs outils numériques au service des penseurs créatifs de demain, ne sera bientôt plus un rêve, mais une réalité.
 
Franck Le Tendre, Directeur Général France et Industries EMEA chez Dropbox
 
[1] Sondage du cabinet de conseil Saegus et du centre d’études Odoxa sur les Français et le numérique à l’école, septembre 2018
 
Pour aller plus loin :
« La créativité chez l’enfant, Fondements et leviers » de Delphine Laustriat, PhD, en collaboration avec Maud Besançon, PhD – Syn-lab, 
 
Photo d’entête : « One Divided into Three », Korea.net, Flickr – Photographed © Jeon Han, Republic of Korea
 

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