Regardez le monde
avec les yeux ouverts

Inscrit ou abonné ?
CONNEXION

UP', média libre
grâce à ses lecteurs
Je rejoins

rejoignez gratuitement le cercle des lecteurs de UP’

Malgré les pénuries à venir, l’agriculture européenne entend résister à la logique productiviste

Malgré les pénuries à venir, l’agriculture européenne entend résister à la logique productiviste

Commencez

La panique sur l’approvisionnement alimentaire causée par la guerre de Poutine en Ukraine risque, dans la précipitation et l’urgence, de faire reculer tous les progrès réalisés pour une agriculture européenne plus verte. L’approvisionnement en céréales et oléagineux devient compliqué pour les pays dépendant des productions ukrainiennes et russes. La flambée des prix des engrais de synthèse et de l’alimentation animale inquiète grandement agriculteurs et éleveurs. Bruxelles en est consciente et veut aider la profession mais elle tient à défendre sa stratégie pour verdir les cultures en sabrant l’usage des pesticides. Un plan remis en cause par des États, eurodéputés et organisations agricoles au nom de la « souveraineté alimentaire ».

L’Europe et l’Afrique « seront très profondément déstabilisées sur le plan alimentaire » dans les 12 à 18 mois, a averti vendredi le président Macron à l’issue d’un sommet des Vingt-Sept, appelant à « réévaluer les stratégies de production » de l’UE.

La guerre de la Russie en Ukraine, deux gros producteurs de céréales, a propulsé les cours des huiles, blé, soja, colza, tournesol et maïs à des niveaux records et Moscou menace de suspendre ses exportations d’engrais dont les Européens sont dépendants. Pressée d’adopter des mesures d’urgence, la Commission européenne envisage de puiser pour la première fois dans la « réserve de crise », fonds de quelque 450 millions d’euros destiné à aider les agriculteurs en cas d’instabilité des prix, a indiqué à l’AFP une source européenne. États et eurodéputés doivent donner leur accord.

L’exécutif européen étudie aussi un possible soutien, pas encore défini, aux éleveurs porcins. Enfin, la Commission devrait proposer d’assouplir les règles sur les terres en jachère, pour les remettre en culture. En revanche, de même source, la Commission reste intransigeante sur sa stratégie « De la ferme à la fourchette » qui vise, d’ici à 2030, à réduire de moitié l’usage de pesticides, de 20% celui d’engrais, et à consacrer un quart des terres au bio.

« Mission nourricière »

Début mars à Bruxelles, les ministres européens de l’Agriculture avaient pourtant réclamé à la Commission une « réévaluation » : l’objectif prioritaire est de « libérer le potentiel de production », « d’assurer notre mission nourricière (…) pour répondre à la demande européenne et mondiale », faisait valoir le ministre Julien Denormandie.

Ce dernier avait rappelé les études projetant des baisses de rendements de 10 à 15% pour les céréales, oléagineux, viandes bovine et porcine, dans les scénarios intégrant la stratégie verte. « Si la sécurité alimentaire est en péril, il faudra revoir nos objectifs et peut-être les corriger », avait répondu le commissaire européen à l’Agriculture Janusz Wojciechowski. Depuis, la Commission a réuni ce 9 mars les experts de son « Mécanisme de préparation et réaction aux crises de sécurité alimentaire ».

Pourquoi ne pas profiter d’une lecture illimitée de UP’ ? Abonnez-vous à partir de 1.90 € par semaine.

Or, « il ressort clairement que l’UE n’est pas en danger de pénuries alimentaires, que l’impact immédiat se traduit plutôt par des renchérissements sur la chaîne d’approvisionnement, des flux commerciaux bouleversés, et des conséquences pour la sécurité alimentaire mondiale », selon un compte-rendu de la réunion. La Commission juge que « la sécurité alimentaire va de pair avec durabilité ».

Bruxelles souligne l’essor des biopesticides, une meilleure sélection des variétés, les changements de régimes alimentaires et des critères durcis pour les importations, facteurs non inclus dans les études prédisant une chute des productions.

Sols affaiblis

Mais l’invasion de l’Ukraine par la Russie a réveillé les détracteurs de cette stratégie : « La logique de décroissance de la « ferme à la fourchette » doit être profondément remise en question. Il faut produire plus », insiste la FNSEA, premier syndicat agricole français, à l’unisson de la fédération européenne Copa-Cogeca.

L’eurodéputé conservateur Norbert Lins, président de la commission parlementaire agriculture, appelle à « autoriser temporairement l’usage de produits phyto-sanitaires » là où ils sont restreints, et le groupe PPE (conservateurs) plaide pour « reporter toutes les initiatives législatives sur les pesticides ou la restauration d’espaces naturels ».

« Ne croyez pas que vous aiderez la production alimentaire en la rendant moins durable », alors que la potasse des engrais vient essentiellement de Russie et du Bélarus, réplique Frans Timmermans, vice-président de la Commission chargé du « Pacte vert ». « Labourer plus de terres, développer des biocarburants et l’élevage intensif en utilisant davantage de pesticides et d’engrais synthétiques augmenterait considérablement le risque d’effondrement des écosystèmes », avertissent également quelque 90 ONG (Greenpeace, ClientEarth…).

En France, la Confédération paysanne dénonce l' »opportunisme malsain » du « monde productiviste », jugeant que l’exploitation des jachères et l’usage des pesticides menacent la qualité des sols et, donc, la production à terme. « Produire plus n’est pas une garantie pour nourrir le monde : l’agriculture paysanne produit 70-75% de l’alimentation mondiale sur un quart des terres cultivées, l’agriculture industrielle accapare trois quarts des terres » dont seule une petite partie est dédiée à l’alimentation humaine, affirme sa secrétaire nationale Laurence Marandola.

Avec AFP

Nous avons un message pour vous…

Dès sa création, il y a plus de dix ans,  nous avons pris l’engagement que UP’ Magazine accordera au dérèglement climatique, à l’extinction des espèces sauvages, à la pollution, à la qualité de notre alimentation et à la transition écologique l’attention et l’importance urgentes que ces défis exigent. Cet engagement s’est traduit, en 2020, par le partenariat de UP’ Magazine avec Covering Climate Now, une collaboration mondiale de 300 médias sélectionnés pour renforcer la couverture journalistique des enjeux climatiques. En septembre 2022, UP’ Magazine a adhéré à la Charte pour un journalisme à la hauteur de l’urgence écologique.

Nous promettons de vous tenir informés des mesures que nous prenons pour nous responsabiliser à ce moment décisif de notre vie. La désinformation sur le climat étant monnaie courante, et jamais plus dangereuse qu’aujourd’hui, il est essentiel que UP’ Magazine publie des rapports précis et relaye des informations faisant autorité – et nous ne resterons pas silencieux.

Notre indépendance éditoriale signifie que nous sommes libres d’enquêter et de contester l’inaction de ceux qui sont au pouvoir. Nous informerons nos lecteurs des menaces qui pèsent sur l’environnement en nous fondant sur des faits scientifiques et non sur des intérêts commerciaux ou politiques. Et nous avons apporté plusieurs modifications importantes à notre expression éditoriale pour que le langage que nous utilisons reflète fidèlement, mais sans catastrophisme, l’urgence écologique.

UP’ Magazine estime que les problèmes auxquels nous sommes confrontés dans le cadre de la crise climatique sont systémiques et qu’un changement sociétal fondamental est nécessaire. Nous continuerons à rendre compte des efforts des individus et des communautés du monde entier qui prennent courageusement position pour les générations futures et la préservation de la vie humaine sur terre. Nous voulons que leurs histoires inspirent l’espoir.

Nous espérons que vous envisagerez de nous soutenir aujourd’hui. Nous avons besoin de votre soutien pour continuer à offrir un journalisme de qualité, ouvert et indépendant. Chaque abonnement des lecteurs, quelle que soit sa taille, est précieux. Soutenez UP’ Magazine à partir d’1.90 € par semaine seulement – et cela ne prend qu’une minute. Merci de votre soutien.

Je m’abonne →

S’abonner
Notifier de

0 Commentaires
Les plus anciens
Les plus récents Le plus de votes
Inline Feedbacks
View all comments
La guerre en Ukraine va semer la famine en Afrique et au Moyen-Orient
Article précédent

La guerre en Ukraine va semer la famine en Afrique et au Moyen-Orient

Poutine prive l’Europe d’engrais
Prochain article

Poutine prive l’Europe d’engrais

Derniers articles de Sécurité alimentaire et agrostratégies

REJOIGNEZ

LE CERCLE DE CEUX QUI VEULENT COMPRENDRE NOTRE EPOQUE DE TRANSITION, REGARDER LE MONDE AVEC LES YEUX OUVERTS. ET AGIR.
logo-UP-menu150

Déjà inscrit ? Je me connecte

Inscrivez-vous et lisez trois articles gratuitement. Recevez aussi notre newsletter pour être informé des dernières infos publiées.

→ Inscrivez-vous gratuitement pour poursuivre votre lecture.

REJOIGNEZ

LE CERCLE DE CEUX QUI VEULENT COMPRENDRE NOTRE EPOQUE DE TRANSITION, REGARDER LE MONDE AVEC LES YEUX OUVERTS ET AGIR

Vous avez bénéficié de 3 articles gratuits pour découvrir UP’.

Profitez d'un accès illimité à nos contenus !

A partir de 1.70 € par semaine seulement.

Profitez d'un accès illimité à nos contenus !

A partir de $1.99 par semaine seulement.
Partagez
Tweetez
Partagez
WhatsApp
Email
Print