Face à la flambée de la France avec un RN à Matignon, François Hollande peut réunir une coalition de gouvernement allant des Insoumis aux Macronistes pour apaiser le pays.
François Hollande s’est donc présenté à la députation en Corrèze. Pour un ancien Président de la République, c’est déjà étonnant de quitter la douceur de sa retraite amoureuse et joviale. Mais en outre, sous la bannière du Nouveau Front Populaire ! Lui qui a subi les assauts au vitriol de tous les
bienpensants d’au-delà de la gauche : de social-libéral à « social-traitre », en passant par « Président de droite ». Voilà un choix surprenant. Est-ce du sado-masochisme ? Déjà que les citoyens de droite moquent son embonpoint et sa rondeur par le sobriquet « Flamby », délicieux flan au caramel, alors pourquoi aller se soumettre au fiel marxiste ?
L’homme est affable, son intelligence vive, son humour à l’épreuve des balles, certes, mais pourquoi ?
Revenons à l’enjeu réel des élections des 30 juin et 7 juillet : la préservation de l’unité pour éloigner le spectre d’une guerre civile identitaire.
Le risque est réel avec le RN à Matignon : au mieux, il dégrade les libertés publiques comme Georgia Meloni en Italie. Au pire, il a les moyens de réaliser son idéologie : le Premier ministre initie les lois, dispose du pouvoir règlementaire et dirige la Police et l’Armée. Le RN pourra nommer les directions des entreprises publiques, et notamment médiatique (France télévision, Radio France, etc.). De quoi instaurer un régime d’extrême droite induisant une méfiance des citoyens entre eux, en fonction de leurs identités exacerbées, pouvant conduire en effet à un état de guerre civile.
Face à cette éventualité, rappelons-nous du Président Hollande, capable de tenir l’unité du pays au cœur des attentats, quand la violence islamique déchirait les corps sans distinction, les cœurs en enlevant les vies et les êtres aimés, et même les âmes, surtout musulmanes qui se sont vue pointées
du doigt. Et François Hollande, par son action et sa résilience, nous a permis de rester ensemble. Sans haine, mais avec fermeté. Souvenons-nous de François Hollande tenant tête à Vladimir Poutine en 2014 après l’invasion de la Crimée, isolé sur cette position en France, il a refusé de livrer à la Russie les Mistrals, ces navires transport militaires. Lui que certains qualifiaient de Flamby a fait preuve d’une fermeté que Nicolas Sarkozy n’avait pas eu en Géorgie.
Au-delà de son humour, François Hollande est un homme d’État. Son retour en politique, à l’échelon Député, tient peut-être à son sens de l’État : il refuse que la République soit souillée par un gouvernement de nervis fascistes. Mais ce ressort honorable est-il le seul ?
Au soir du 7 juillet, les sondages laissent entrevoir deux options : majorité au bloc Nationaliste ou majorité ou bloc Populaire. Dans la première, il faudra tenir et résister. Mais dans la seconde, si le NFP dispose d’une majorité relative, il faudra trouver un accord avec la Macronie. Or qui d’autre
que François Hollande peut réunir cette nouvelle coalition allant des Insoumis à Renaissance, sinon le géniteur involontaire d’En Marche, François Hollande, lui-même Socialiste, ancien parti de Jean-Luc Mélenchon ?
Cette option peut prêter à sourire, mais elle mérite d’être creusée.
Vis-à-vis du Nouveau front Populaire, cette coalition est l’intérêt des partis qui sont majoritaires en son sein : PS, EELV et PCF. Les Socialistes ne peuvent que soutenir l’un des leurs. Les Écologistes pourront faire passer plusieurs de leurs mesures, de même que les Communistes. Restent les Insoumis, certes réticence sur la personne, mais face au risque RN à Matignon, même les plus intransigeants peuvent accepter cette coalition.
Vis-à-vis d’Ensemble, regroupant Renaissance et Modem, l’acceptation est possible. Pour le Modem, rappelons le flirt idéologique de François Bayrou avec l’ex-épouse d’Hollande, Ségolène Royale. En intégrant des mesures importantes aux yeux des centristes, telle que le soutien aux TPE et PME par la commande publique, un terrain d’accord peut être trouvé.
Renaissance devrait également s’y joindre. Car rappelons que François Hollande, même s’il le regrette probablement aujourd’hui, a permis l’ascension du Rastignac d’Amiens et la création d’En marche, donc de Renaissance ! En outre la reconnaissance du ventre, un gouvernement Hollande est l’assurance de conserver à la France une note de crédit internationale stable, donc éviter la faillite de l’État, thème cher à Lemaire, Philippe et même Darmanin !
Au soir des élections, face à deux blocs Nationaliste et Populaire de force équivalente, la responsabilité incombera à Ensemble, le groupe du Président. La logique est celle d’un retour au « en même temps » des origines, conduisant à accepter de participer à un contrat de gouvernement
avec le Front Populaire, pour construire la transition écologique et sociale nécessaire, avec des mesures réalistes et salutaires.
Qui pour la mener ? Bien sûr, une fois Mélenchon rangé au placard de l’histoire, plusieurs figures peuvent y prétendre, de François Ruffin à Raphaël Glucksmann. Celle de François Hollande a l’avantage d’être « prête à l’usage » dans l’urgence, grâce à son expérience, son sens du consensus
et sa capacité à apaiser notre pays face aux tristes passions, comme il a su le faire en 2015.
Enfin, abordons le véritable ressort dramatique de cette série Netflix dans le réel : qu’est-ce qui fait courir François Hollande ? Sinon la vengeance ! Hollande n’a jamais pardonné à son ancien stagiaire de lui avoir voler son second mandat.
Devenir le Premier Ministre d’Emmanuel Macron est le meilleur moyen de le cornériser et le réduire à un humiliant silence, lui qui aime tant briller et paraître !
Franz Vasseur, Avocat – Chroniqueur invité de UP’
Hollande fait don de sa personne à la France ! Comique !