Pourquoi les bananes n’ont-elles pas de pépins ? Et autres récits de la domestication de nos fruits et légumes, de Benjamin Nowak – Éditions Dunod, 7 mai 2025 – 192 pages
La plupart des fruits et légumes que nous mangeons ont été modifiés par les êtres humains au fil de sélections minutieuses. Meilleure résistance aux maladies ou à la sécheresse, fruits plus gros et plus nombreux, richesse accrue en nutriments… la domestication des plantes a entraîné la naissance de nouvelles variétés, certaines bien différentes des espèces sauvages dont elles sont issues, comme le maïs ou le blé. Parfois également, ce sont des aléas inattendus qui sont à l’origine de changements radicaux. Un sabotage raté ou une défaite navale ont par exemple modifié la répartition géographique de certaines cultures.
Dans Pourquoi les bananes n’ont-elles pas de pépins ?, Benjamin Nowak explore avec rigueur et curiosité l’histoire fascinante de l’agriculture et de l’évolution des plantes cultivées. À travers une série d’exemples concrets, souvent surprenants, il montre comment l’intervention humaine a modelé le monde végétal, non seulement par nécessité alimentaire, mais aussi sous l’influence de contextes économiques, politiques et même accidentels.
Le livre se distingue par son accessibilité : bien qu’il aborde des concepts scientifiques comme la génétique, la sélection artificielle ou la biodiversité, Nowak parvient à les rendre compréhensibles à un large public. Il mêle anecdotes historiques, découvertes scientifiques et réflexions sur les enjeux contemporains de l’agriculture pour éclairer les transformations du végétal domestiqué. L’exemple de la banane – stérile, clonée et vulnérable – devient ainsi un symbole des limites de la domestication moderne.
Au fil des chapitres, le lecteur découvre que ce que nous considérons comme “naturel” dans notre alimentation est en réalité le fruit d’une longue coévolution entre l’homme et les plantes. Certaines cultures, comme la carotte ou la pastèque, ont vu leur apparence complètement transformée. D’autres, comme le blé, sont au cœur de véritables enjeux géopolitiques.
Chaque chapitre est complété d’une infographie permettant d’avoir un regard immédiat sur la notion explicitée (production annuelle de sucre dans le monde, principaux exportateurs de café, caractéristiques des variétés de colza…).
Enfin, Nowak ne se contente pas de relater le passé : il interroge aussi l’avenir. À l’heure du changement climatique, de l’érosion génétique et des débats autour des OGM, Pourquoi les bananes n’ont-elles pas de pépins ? incite à réfléchir à notre rapport aux plantes et aux technologies que nous mobilisons pour les cultiver. Benjamin Nowak propose un essai très accessible et novateur, dans le sens où il traite simultanément de l’évolution des espèces et des sociétés humaines.
L’ouvrage de Benjamin Nowak est une synthèse captivante et instructive sur la manière dont l’humanité a façonné – parfois sans en mesurer toutes les conséquences – les fruits et légumes qui remplissent nos assiettes aujourd’hui.
Sommaire de l’ouvrage :
- Partie 1 : le syndrome de domestication et les modifications biologiques des espèces sauvages. La suppression des mécanismes de dispersion des graines. La perte des moyens de défense naturelle des plantes. L’augmentation de la taille des fruits…
- Partie 2 : la diffusion des espèces domestiquées sous influence des activités humaines. Des plantes loin de leur foyer de domestication. L’influence des événements historiques. Le poids des traités internationaux…
- Partie 3 : les évolutions récentes et les récoltes à venir. Le développement des variétés modernes. De nouveaux agents pathogènes. L’influence du climat…
Benjamin Nowak est maître de conférences en agronomie, à VetAgro Sup (campus agronomique de Lempdes) et enseigne l’agronomie aux étudiants destinés à devenir ingénieurs agronomes. Il est rattaché à l’UMR Territoires pour ses activités de recherche et est également l’auteur du Mémo visuel d’agronomie chez Dunod.





