Magie, alchimie et sorcellerie – Le grand livre des sciences occultes, de Liz Williams – Éditions Glénat, 8 octobre 2025 – 256 pages
Ah, Liz Williams… une autrice qui a dû passer autant de temps dans les bibliothèques qu’Hermione Granger sous caféine. Dans ce Grand Livre des sciences occultes, elle ne nous sert pas une soupe new age avec deux pincées de cristaux et trois cartes de tarot. Non, ici, on navigue à travers l’histoire touffue, parfois sombre, souvent étonnante, de la magie, de l’alchimie et de la sorcellerie, depuis l’Égypte ancienne jusqu’aux sorcières pop culture. On découvre les origines de l’occultisme et ses diverses pratiques à travers les âges. Rituels, charmes, sortilèges, divination, sociétés secrètes et hauts lieux ésotériques sont ici analysés à l’aide de textes historiques, d’objets symboliques et de magnifiques documents d’archives.
— Tu crois qu’elle a aussi épluché les grimoires à la lueur d’une chandelle qui sent le soufre ?
— Peut-être. Mais vu la clarté de son propos, je parie plutôt à la lueur d’une lampe Ikea, mais chut, ça casse l’ambiance.
L’ouvrage, richement illustré (Glénat oblige, on se croirait parfois devant un album d’art ésotérique), fonctionne comme un cabinet de curiosités. On passe d’un chapitre sur les alchimistes qui cherchaient la pierre philosophale à des portraits de magiciennes accusées de sabbat pour avoir simplement trop aimé les plantes. On y retrouve aussi les liens entre science et magie : spoiler, Newton, le monsieur des lois de la gravitation, passait ses soirées à faire des expériences alchimiques qui auraient fait lever un sourcil à la Sorbonne.
— Newton, un sorcier raté, alors ?
— Non, un savant qui avait un côté apprenti-mage… un peu comme toi, sauf qu’il réussissait ses expériences.
— C’est bas.
Le ton de Williams reste clair, accessible, et pas trop sentencieux. Elle connaît son sujet, mais elle n’essaie pas de te convaincre d’acheter un chaudron ni de réciter des incantations sous la pleine lune (quoique, libre à toi). Résultat : on apprend beaucoup, sans s’ennuyer, et on se surprend à griffonner des notes comme : « Vérifier si ma grand-tante n’avait pas, par hasard, un livre de recettes suspectes derrière la Bible de famille ».
— Tu crois que ma grand-tante, justement, elle aurait pu avoir caché une formule secrète dans son carnet de confitures ?
— Si ses confitures explosaient au bout de trois jours, c’est possible.
C’est un livre à mi-chemin entre le guide érudit et le beau livre d’images, à savourer autant pour briller en société (« savais-tu que les grimoires médiévaux de magie étaient parfois rédigés… en faux hébreu ? ») que pour se donner une petite aura mystérieuse sur la table basse du salon.
— Ça veut dire que je peux écrire mon grimoire en faux latin et faire croire que j’ai découvert un secret ancien ?
— Oui, mais arrête d’utiliser ton stylo Bic, ça casse l’effet.
Williams livre une fresque érudite, mais jamais ennuyeuse, un peu comme si on ouvrait un grimoire ancien et qu’on y trouvait… un marque-page en forme de clin d’œil. Un ouvrage à lire avec curiosité, une tasse de thé noir, et peut-être un chat sceptique à vos côtés.
Un avertissement toutefois : après lecture, vous risquez de regarder votre bouilloire comme un possible athanor, et votre chat comme un familier en puissance.
— Tiens, regarde mon chat, il a l’air concentré, tu crois qu’il déchiffre le grimoire avec nous ?
— Non, il attend que tu renverses ton thé. Mais si tu veux, on peut toujours dire que c’est son rituel.
Et au XXIᵉ siècle, ça nous sert à quoi ?
On pourrait croire qu’un livre sur la magie et l’alchimie ferait sourire à l’ère des satellites, des ordinateurs quantiques et de l’intelligence artificielle. Et pourtant, ce Grand Livre des sciences occultes a toute sa place dans notre époque hyper-technologique.
Petit rappel historique : Williams nous montre que la science n’est pas née dans un laboratoire aseptisé, mais dans des arrière-boutiques pleines de fumée, de chaudrons et de manuscrits illisibles. C’est une bonne piqûre de rappel : nos applis météo descendent en droite ligne des astrologues qui levaient le nez vers les étoiles.
Question de regard : à force de tout expliquer en équations et en datas, on oublie parfois que l’être humain a aussi besoin de mystère. Ce livre rappelle que chercher du sens au-delà du visible, ça fait partie de notre ADN culturel.
Petit clin d’œil à nos obsessions modernes : on se moque de l’alchimiste qui triturait du plomb pour trouver l’or, mais combien d’ingénieurs triturent aujourd’hui du code en espérant “créer la formule” qui vaudra des millions ? La quête est la même, seul le jargon a changé.
Et surtout… l’imaginaire : à l’heure où l’on binge-watch des séries de sorcières, de dragons et de grimoires, ce livre remet tout ça dans une perspective historique : nos fascinations actuelles ne sortent pas de nulle part, elles ont des racines très anciennes.
Bref, vous l’avez compris, ce n’est pas un manuel de survie technologique, mais une invitation à prendre du recul. Lire Williams, c’est comme poser son smartphone deux minutes et se rappeler qu’avant les algorithmes, on avait des formules magiques.
— Donc, au XXIᵉ siècle, c’est encore utile de savoir ce que faisait un alchimiste au Moyen Âge ?
— Bien sûr. Ne serait-ce que pour relativiser tes propres expériences ratées en cuisine.
Née en 1965, auteur d’une quinzaine de romans, l’Anglaise Liz Williams est la fille d’un illusionniste et d’une romancière gothique. Elle est titulaire d’un doctorat en philosophie des sciences. Son premier roman fut publié en 2001 (« Ghost sister »). Elle est l’auteure des séries « Inspecteur Chen » / « Snake Agent », qui comprend 6 tomes mais dont 1 seul tome a été traduit en français, « Darkland » et « Worldsoul »