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Pesticides : Le Parlement européen mise sur le biocontrôle

Dans une note approfondie, Christophe Clergeau, député européen et vice-président du groupe Socialistes & Démocrates, salue l’adoption d’un rapport d’initiative ambitieux consacré au biocontrôle. Pour lui, ce vote marque une étape décisive : les alternatives aux pesticides chimiques existent, sont mûres, et doivent désormais devenir la norme au sein de l’Union européenne. Alors que la Commission projette une réforme inquiétante du cadre réglementaire des pesticides, l’eurodéputé appelle à une mobilisation politique forte pour garantir, dès 2025, un paquet législatif cohérent, protecteur et tourné vers l’avenir.

Le biocontrôle, levier clé d’une transition agricole crédible

Christophe Clergeau rappelle d’abord une évidence souvent minimisée dans le débat public : « les pesticides sont, par nature, faits pour tuer ». De ce constat simple découle une réalité incontournable : leur utilisation ne peut jamais être anodine. Toxicité potentielle, effets cocktails, exposition des agriculteurs, dégradation des sols, pollution des eaux… les risques associés aux pesticides chimiques sont aujourd’hui largement documentés. Face à ces défis sanitaires, environnementaux et sociaux, la transition vers des pratiques agricoles plus sûres ne peut plus être différée.

C’est dans ce contexte que l’adoption du rapport d’initiative sur le biocontrôle prend toute son importance. Pour la première fois, le Parlement européen reconnaît explicitement le rôle central de ces solutions fondées sur des mécanismes naturels — microorganismes, médiateurs chimiques, extraits végétaux — dans la construction d’une agriculture plus durable. Selon Christophe Clergeau, ce vote constitue « un message clair » : l’Europe ne peut pas rester prisonnière d’un modèle agricole dépendant d’intrants chimiques ; elle peut au contraire organiser une réduction massive de leur usage grâce au déploiement du biocontrôle. Ce dernier s’affirme désormais comme l’un des piliers structurels de l’agroécologie européenne.

Une feuille de route claire attendue de la Commission européenne

Le député insiste : l’impulsion politique est donnée, mais elle doit maintenant être suivie d’une traduction réglementaire rapide et ambitieuse par la Commission européenne. Christophe Clergeau formule trois priorités essentielles pour structurer durablement l’essor du biocontrôle.

D’abord, définir clairement ce qu’est le biocontrôle, afin d’assurer une cohérence dans la mise en œuvre et d’éviter les interprétations divergentes entre États membres. Cette définition est aujourd’hui fragmentée et parfois floue, ce qui freine l’innovation et complique les procédures d’autorisation.

Ensuite, simplifier les procédures d’autorisation de mise sur le marché, sans jamais abaisser le niveau de protection de la santé ou de l’environnement. L’objectif est de rendre le système plus agile, plus rapide et plus transparent. Les solutions de biocontrôle sont souvent pénalisées par des procédures longues et coûteuses, conçues initialement pour des molécules chimiques bien plus toxiques. Une réforme ciblée permettrait de rétablir un rapport plus juste entre risque réel et niveau d’exigence réglementaire.

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Enfin, renforcer les moyens humains, scientifiques et financiers de l’EFSA (Autorité européenne de sécurité des aliments (European Food Safety Authority)) (1) et des autorités nationales. Les retards chroniques dans l’évaluation des dossiers — parfois plusieurs années — constituent l’un des principaux freins au déploiement des alternatives. Donner à ces institutions les moyens d’expertise nécessaires permettrait d’accélérer la transition tout en garantissant une évaluation rigoureuse.

Le risque d’un retour en arrière : des autorisations de pesticides quasi illimitées

Si le Parlement ouvre une voie de progrès, Christophe Clergeau alerte avec vigueur sur la direction opposée que semble emprunter la Commission européenne à travers son projet d’« omnibus » sur les pesticides. Le commissaire en charge de la Santé, Oliver Várhelyi, propose en effet de supprimer le principe du renouvellement périodique des autorisations de mise sur le marché.

Actuellement, ces renouvellements permettent de réévaluer régulièrement les risques liés aux substances autorisées, à la lumière des avancées scientifiques et des nouvelles données environnementales ou toxicologiques. Le passage à des autorisations pratiquement sans limite de durée reviendrait à figer des produits potentiellement dangereux dans le paysage agricole européen. Une telle réforme irait à rebours des principes inscrits dans les traités, qui imposent un haut niveau de protection pour la santé humaine, la biodiversité et les ressources naturelles.

Christophe Clergeau souligne également les conséquences stratégiques d’un tel choix : sans échéance à respecter, l’industrie agrochimique n’aurait plus aucune incitation à investir dans des alternatives moins nocives. L’innovation serait ralentie et la transition agricole, déjà fragile, se trouverait lourdement compromise. En voulant régler un problème réel — la lenteur des évaluations — la Commission risque de dérégler tout l’édifice de protection construit depuis plus de vingt ans.

Deux visions irréconciliables de l’agriculture européenne

Le débat autour de ces réformes révèle, selon Christophe Clergeau, un affrontement politique fondamental. D’un côté se trouve une Europe qui assume la nécessité de sortir progressivement des pesticides chimiques, qui renforce la gestion intégrée des ravageurs et qui investit dans la recherche, l’accompagnement des agriculteurs et la diffusion du biocontrôle. Cette vision est portée par les sociaux-démocrates et les forces progressistes du Parlement.

De l’autre, une Europe défendue par la droite et l’extrême droite, qui cherche à maintenir coûte que coûte les modèles productivistes traditionnels. Cette ligne politique valorise les « autorisations éternelles », minimise les risques environnementaux et confère un avantage disproportionné aux grandes firmes de l’agrochimie, au détriment des agriculteurs, des citoyens et de la santé publique.

Le vote du Parlement sur le biocontrôle montre cependant qu’une majorité d’eurodéputés fait désormais le choix de la transition écologique, de la protection sanitaire et d’un modèle agricole moins dépendant de substances controversées.

Un appel ferme à agir : 2025 doit être l’année du virage législatif

Christophe Clergeau appelle solennellement la Commission européenne à revoir en profondeur sa copie. Il lui demande de renoncer à la logique dangereuse des autorisations illimitées, de retravailler son projet d’omnibus sur les pesticides et de présenter, dès 2025, un paquet législatif complet et cohérent pour accélérer le déploiement du biocontrôle.

Pour le député, l’enjeu dépasse la technique réglementaire : il s’agit de protéger la santé des citoyens, de garantir des conditions de travail sûres aux agriculteurs, de préserver les écosystèmes européens et de bâtir une agriculture résiliente, compétitive et compatible avec les attentes sociétales. L’Europe dispose aujourd’hui des outils et des solutions ; il lui reste à faire les choix politiques courageux qui s’imposent.

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(1) L’EFSA est la référence scientifique indépendante de l’UE en matière de sécurité alimentaire.

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