A l’ère du web 2.0, les acteurs de la recherche deviennent accessibles quelque soit leur pays d’origine. Cela représente un avantage pour les entreprises qui peuvent, grâce à des plateformes dédiées, repérer de futurs partenaires ou soumettre une problématique en ligne.
Le crowdsourcing et le data mining (éventuellement couplé web sémantique) représentent deux outils dont l’usage se répand grâce à l’internet. Le premier vise à faire appel aux internautes (à la « foule ») pour résoudre des problèmes. Le second consiste à fouiller le web via la formulation de requêtes que des algorithmes interprètent et que d’autres trient.
Dans ce contexte, plusieurs plateformes spécifiquement dédiées à des problématiques de R&D ont récemment été lancées. Disponible depuis 2001, InnoCentive est l’une des plus connues. A la recherche de nouvelles méthodes d’exploitation des connaissances pour réduire les coûts élevés de développement de nouveaux médicaments, Eli Lilly, groupe pharmaceutique américain, a élaboré un portail doté d’une place de marché de l’innovation. Les entreprises peuvent y déposer des problématiques, des appels d’offres. Des scientifiques préalablement enregistrés ont la possibilité d’y répondre, avec à la clé, une rémunération dont le montant est fixé à l’avance par l’entreprise cliente de la plateforme. Selon des spécialistes du management de l’innovation, « les sujets de R&D ainsi « externalisés » sont en général très spécifiques. Ils concernent entre autres des questions complexes sur lesquelles les équipes en interne « sèchent », des sujets « en dormance » ou secondaires pour lesquels l’entreprise ne souhaite pas engager des ressources internes. »
Les avantages pour les entreprises en recherche de compétences sont pluriels. Les entreprises clientes qui soumettent des problématiques engagent des montants modestes au regard des coûts habituels de R&D. En ne payant que pour des solutions, elles réalisent des économies tout en partageant les risques. Surtout, lorsqu’elles sélectionnent une proposition, le délai d’acquisition de la solution est relativement court. Certaines entreprises bénéficieraient de retombées en quelques mois seulement. Y compris pour des problématiques sur lesquelles travaillaient leurs équipes en interne sans succès. Et le principe fonctionne. Si de grands groupes développent leur propre plateforme, certains « postent » sur InnoCentive ou des offres concurrentes (NineSigma ou YourEncore, par exemple) des cas à résoudre avec, souvent une solution à la clé.
En France, des offres similaires sont proposées aux entreprises depuis trois ans. L’une d’entre elles est proposée par PRESANS, société fondée en 2008 par Albert Meige (MBA HEC, PhD physique et Ingénieur Télécom). L’offre de cette startup incubée à l’Ecole Polytechnique, établissement dont elle est issue, s’adresse aux entreprises qui ont besoin d’informations pour prendre des décisions stratégiques, industrialiser une technologie, identifier une technologie ou un nouveau partenaire dans un pays émergent, connaître un état de l’art technologique, ou découvrir de nouvelles applications ou marchés. « PRESANS propose des solutions pour identifier, qualifier et engager les meilleurs experts dans le monde pour répondre aux besoins des industriels, explique Albert Meige. Notre offre repose sur trois piliers : des appels à expertise, du conseil en management de l’innovation et une cartographie de compétences. Ce qui nous différencie de nos concurrents InnoCentive ou NineSigma est notre approche intégrée qui mixe savamment accompagnement client (qui permet, de façon annexe, un meilleur contrôle des aspects liés à la propriété intellectuelle) et technologies informatiques de pointe de data mining. Au lieu d’attendre que des experts s’inscrivent sur notre plateforme web, notre outil permet de puiser dans une base de données de plus d’un million d’experts. Cette base de données est, générée automatiquement grâce à notre outil de cartographie de compétences. »
Expernova, start-up incubée par HEC, s’est également focalisée sur un sourcing dynamique non tributaire d’enregistrement d’experts. Sa plateforme offre la possibilité de bénéficier d’une cartographie de chercheurs ciblés. Une démarche sur laquelle s’est également penché le ministère de la recherche dont l’objectif est de favoriser les collaborations entreprises-acteurs de la recherche publique. A l’occasion de la première édition des journées « Contacts Innovation » inspirés des First Tuesday britanniques, Laurent Wauquiez a récemment lancé la nouvelle version du portail internet : le Moteur de la Recherche. Ce portail intègre les projets lauréats des investissements d’avenir et cartographie pour la première fois toutes les compétences de recherche publique au niveau national. Il permet aux chercheurs de se faire connaître auprès des entreprises, notamment en déposant leur CV sur le site. Il permet aux entreprises de trouver rapidement les laboratoires de recherche qui travaillent dans leur domaine et de déposer des appels à projets pour les chercheurs.
L’offre française. Trois entreprises à la loupe…
Fondée en 2008, Hypios propose une plateforme web qui vise à mettre en relation des entreprises qui exposent des problèmes technologiques ou organisationnels qu’elles n’arrivent pas à résoudre (les « seekers ») avec une base de quelque 800 000 scientifiques répartis dans le monde entier (les « solvers »). Chaque « seeker » remplit une fiche décrivant sa problématique, le délai dans lequel il souhaite que le problème soit résolu, le prix qu’il offre pour sa résolution. Les « solvers » inscrits peuvent proposer des solutions adaptées. Toutefois, grâce à ses algorithmes, Hypios est également en mesure de trouver des « solvers » en dehors de sa base d’inscrits.
Créée en 2008, Expernova cartographie les compétences scientifiques et technologiques en utilisant les technologies du Web sémantique et de Data Mining. En partenariat avec le LIRMM (Laboratoire d’informatique, de Robotique et de Microinformatique de Montpellier), la société a développé les algorithmes de cartographie de compétences (Expernova Engine) qui font l’originalité de son moteur de recherche. Cet outil identifie automatiquement les compétences à partir des informations disponibles sur Internet : publications scientifiques, brevets, projets collaboratifs de R&D, pôles de compétitivité, etc. Ouvert en février 2010, le service propose une base de données d’un million de profils d’experts appartenant à près de 50 000 organismes de 36 pays (Europe et Asie).
Depuis 2008, PRESANS repose son activité sur trois piliers : appels à expertise mondiaux, conseil haut de gamme en management de l’innovation et cartographie de compétences et d’expertises. En partenariat avec le Laboratoire d’Informatique de l’Ecole Polytechnique, l’entreprise a développé une technologie brevetée de cartographie de compétences et d’expertises. Les dizaines de millions d’experts présents dans tous les pays laissent des traces sur le web (publications scientifiques, brevets, sites de centres de recherche ou de conférences scientifiques, etc.) : PRESANS collecte, analyse et structure cette information pour construire une base d’experts au niveau mondial avec un focus sur l’Europe, les Etats-Unis, l’Inde, la Chine et le Brésil. La base ainsi constituée a dépassé à ce jour le million d’experts. Convaincu qu’un accès à un annuaire de compétences ne présente qu’une faible valeur ajoutée pour ses clients, PRESANS a également construit autour sa technologie une offre de services haut de gamme dans le domaine du conseil. Dans un cadre d’une prise de décision stratégique, d’une due diligence, de la réalisation d’un état de l’art ou de l’identification de solutions techniques, PRESANS identifie, qualifie et fait travailler les meilleurs experts dans le monde pour répondre aux besoins de ses clients en matière de management de l’innovation.
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