L’économie se fera avec le vivant où ne sera pas. Ce leitmotiv a fait battre le cœur des Assises du vivant, les 12 et 13 décembre 2013, à l’Unesco. On l’a perçu : parler des enjeux de la bioéconomie donne des vertiges : quand certains évoquent de gigantesques opportunités, d’autres soulignent des risques majeurs de faillite de notre système hors-sol.
Nous vous proposons de prendre ici la mesure des défis que pose la bioéconomie qui envisage – rien de moins que – de prendre le relais des matières et énergies fossiles. Pour saisir le paysage en train de naître, vous pouvez découvrir dix-huit dialogues réalisés auprès d’économistes, d’anthropologues, de biologistes, d’agroécologues, d’industriels, de responsables d’organisations, d’artistes… qui sont intervenus au sein des Assises du vivant 2013. Ils parlent de leurs expériences et de la conversion à accomplir pour « revenir à la vie ».
Bande annonce
« Ces notions d’équilibre et d’optimum, ca suffit ! lâche l’économiste Jacques Weber. Je prêche pour une anthropologie écologique qui replacerait les activités humaines dans le vivant ». Pour Marc Roquette, administrateur du Groupe Roquette frères « Nous n’avons pas besoin du nucléaire, ni des énergies fossiles qui sont en train de devenir plus chères que le renouvelable, dès lors que l’on veut bien tenir compte de leurs externalités négatives ». Et René Passet, d’asséner : « Cessons donc de considérer l’environnement comme un stock mais réalisons que nous devons compter avec les écosystèmes indispensables à la reproduction des ressources ».
Parce que nous allons devoir faire face à des arbitrages délicats, nous devons nous doter d’outils de régulation. « Au-delà des indicateurs d’impact, l’arbitrage sera nécessaire afin de décider quelle quantité de notre biomasse nous attribuerons à l’alimentation, à l’énergie, à la chimie du végétal, ou au maintien des fonctionnalités des écosystèmes » souligne Denis Couvet, biologiste au Muséum national d’histoire naturelle. « Il nous faut donc collectivement nous accorder sur les démarches utiles, cohérentes aptes à soutenir la conversion de notre économie ; nous accorder sur les indicateurs qui intègrent qualité de vie, qualité de travail, et qualité de nos productions », insiste Eric Martin, président d’Agro Stratégies et prospectives.
Le parcours est stratégique : entre fragilité et puissance du capital naturel, notre industrie est désormais sommée de composer entre performance économique et performance écologique, en intégrant les préoccupations de bien-être. Une écologie humaine devenue incontournable….
Les interviews exclusives :
Jacques Weber
Economiste et anthropologue
Gilles Boeuf
Biologiste, Président du Muséum national d’histoire naturelle
Faustine Defossez
Chargée des politiques agricoles et de la bioénergie au Bureau européen de
l’environnement (BEE)
Jean-Paul Karsenty
Economiste au CETCOPRA, Paris I Sorbonne
Luc Guyau
Ancien Président du conseil de la FAO, Inspecteur général de l’agriculture
Olivier Goulet
Artiste, membre du Comité de pilotage des Assises du vivant
Benji Piyako
Chef du peuple amazonien Ashaninka
Gwenaël Kervajan
Administrateur de l’Institut Inspire
Sylvain Boucherand
Secrétaire général de l’Institut Inspire
Etienne Lebas
Fondateur, Président de Cogebio
Marc Roquette
Administrateur du groupe Roquette
Jean-Marc Petat
Directeur développement durable, Communication et Affaires publiques BASF France
Eric Martin
Président de l’ASP / Agro Stratégies et Prospectives
Chistophe Rupp-Dalhem
Directeur des programmes d’innovation chimie du végétal du Groupe Roquette
Emmanuel Delannoy
Institut Inspire
Richard Marietta
Président de Nature et Progrès
Anne Parienté
Formatrice au Centre d’éthique internationale
Henri de Pazzis
Président de ProNatura
Denis Couvet
Directeur de l’unité de conservation des espèces, restauration, suivi des populations – Directeur du CRESPO
Retrouvez toutes ces vidéos sur la chaîne Youtube d’UP Magazine
Pour retrouver les vidéos des séances plénières des Assises du vivant 2013
1 : Introduction
2 : Intervention René PASSET : Les défis posés à et par la bioéconomie
3 : Capitalisme vert et patrimoine naturel : quelles régulations ?
5 : Chimie du végétal et agroécologie : coexistence ou conflit ?
6 : Dialogue entre Gilles Bœuf et Luc Guyau
7 : Gouverner la bioéconomie : pour une politique démocratique, cohérente et soutenable.
8 : Conclusions
Pour aller plus loin :
Lire l’article La bioéconomie comme troisième révolution industrielle, D. Benoit Browaeys, Biofutur janvier 2014 (payant)
Illustration : VidyaKellie- JOGA6