L’innovation est un thème à la mode. Alors que la France s’envisage comme une « Start-up nation », ce thème n’est malheureusement pas toujours employé à bon escient.
Les origines de l’amalgame
Trop souvent, l’innovation est cantonnée à sa dimension technologique. Celle-ci a en effet longtemps été associée aux résultats de la recherche industrielle (qu’elle soit fondamentale ou appliquée). Cette vision partielle est notamment due à l’efficacité de la recherche française et à la croyance que tout résultat de la recherche correspond à un besoin et donc à un marché. Cette incompréhension des problématiques d’innovation est aussi due à la coupure qui a longtemps existée entre les ingénieurs et les commerciaux.
Il est important de rappeler qu’une innovation est la rencontre entre une invention et un marché. À cet égard, on peut noter qu’avant le premier euro de chiffre d’affaires, de nombreuses start-ups ne sont en fait que des regroupements de personnes autour d’un projet porté par un ou plusieurs inventeurs.
La variété d’innovations
L’innovation non technologique est caractérisée par de multiples dimensions. L’innovation de procédé implique une nouvelle méthode de production ou de distribution. L’innovation de commercialisation s’attache par exemple à la conception ou au conditionnement. L’innovation par les usages peut être définie comme l’observation de l’utilisation d’un produit ou d’un service afin de proposer de nouvelles manières d’utiliser ceux-ci. Mais l’innovation peut aussi être managériale quand il s’agit d’adopter de nouvelles pratiques de gestion des ressources humaines. Le regain d’intérêt pour les problématiques liées au design, surfant notamment sur les succès d’Apple et de Dyson, est un exemple typique de la diversité des innovations possibles.
La révolution du quaternaire
En ne considérant l’innovation que de son point de vue technologique, la France risque de manquer un virage important : celui de l’individualisation du service. Dans son livre L’espoir économique : la révolution du quaternaire, Michèle Debonneuil, qui a mis en en place le Plan de développement des services à la personne en 2005, détaille sa vision de l’avenir. Le fil directeur de son livre est l’émergence d’un nouveau modèle dans lequel les consommateurs se détourneront des biens et services traditionnels au profit de services incorporants des biens. L’exemple le plus typique est sûrement les services de type Autolib’, mais les objets connectés sont aussi pleinement partie intégrante de cette dynamique.
L’avantage de ces services réside dans leur caractère non délocalisable. Il est inévitable que la production de biens manufacturés à faible valeur ajoutée se fasse dans les pays où la main d’œuvre non qualifiée est la moins coûtante. L’idée sous-jacente de ce concept consiste en la prise de conscience des personnes que la qualité des prestations est préférable à la quantité.
Une prise de conscience amorcée
Fin janvier, la Banque Publique d’Investissement a lancé pour la première fois des mesures en faveur de l’innovation non technologique pour rattraper, comme elle le dit, son retard. Ainsi dès cette année, une « Bourse des nouveaux entrepreneurs » (subvention de 30k€) va être créée et visera à favoriser le développement de ce type de projets.
Ailleurs, il existe tout de même quelques initiatives allant dans ce sens. Par exemple, Sparknews permet de faire connaitre des solutions ingénieuses à des problèmes récurrents dans les pays en voie de développement, ou encore le Prix de l’Innovation Territoriale de l’Université d’été « emploi, compétences et territoires » ayant pour objectif de valoriser les actions innovantes menées par les collectivités territoriales.
Cette prise de conscience de la valeur de l’innovation non technologique apparaît comme porteuse d’emplois et de bien-être pour les citoyens. En envisageant l’innovation sous un autre prisme, les entrepreneurs peuvent à la fois s’ouvrir de nouveaux marchés et combler un besoin latent dans la population.
Thibaut Lottier – MTI Master Review