Dans le cadre du projet agro-écologique et de la politique industrielle ambitieuse portés par le gouvernement, les ministres en charge de l’agriculture, de l’industrie et de l’enseignement supérieur et de la recherche ont confié à l’IRSTEA la mission d’identifier les forces et les faiblesses du secteur des agroéquipements. Un rapport présente donc les forces et les faiblesses de ce secteur, mais aussi les opportunités qui se présentent, liées à la bonne tenue économique de l’agriculture, aux dispositifs d’aide à l’innovation et au potentiel du « Big Data ».
Les conclusions de la mission ont été présentées le 12 janvier par Jean-Marc BOURNIGAL, président de l’IRSTEA, à Geneviève FIORASO, Stéphane Le FOLL et Emmanuel MACRON.
Le secteur étudié rassemble les machines mobiles utilisées en agriculture, foresterie et entretien des espaces verts ainsi que les technologies de l’information et de la communication associées, la France étant le troisième producteur européen pour un chiffre d’affaires de 4,4 milliards d’euros en 2013, plus de 540 entreprises de fabrication et de 2000 en distribution, représentant plus de 40 000 emplois.
Si l’industrie française a démontré sa capacité à apporter des réponses aux besoins en matériel spécialisé, y compris à l’export, elle souffre d’un déficit d’image et d’un manque de visibilité de ces métiers. On estime de 5000 à 7000 le nombre d’emplois non pourvus pour la fabrication et la distribution.
Un ensemble de recommandations ont été formulées telles que la co-conception des systèmes agricoles et des équipements de la transition agro-écologique, le soutien au développement de la robotique agricole et à l’innovation ainsi que l’amélioration de l’attractivité des métiers et des formations.
Un séminaire de restitution de ce rapport destiné aux professionnels et autres acteurs concernés sera organisé au premier trimestre 2015. Et les ministres souhaitent qu’un plan d’actions opérationnel soit établi en lien avec les professionnels du secteur sur la base de ces recommandations.
Dans un contexte de diminution de la main d’œuvre en agriculture, de transition énergétique et de développement de l’agro-écologie, les agroéquipements devront répondre à plusieurs défis d’ordre économique (production performante en quantité et en qualité), environnemental (réduction des émissions vers l’eau et l’air) et social (amélioration du confort, réduction des risques et développement des échanges).
Trois recommandations principales
– Préparer l’agriculture de demain :
1. Co-concevoir systèmes agricoles et équipements de la transition agro-écologique, dans l’objectif de répondre aux enjeux de la transition agro-écologique, en particulier pour exploiter la diversité fonctionnelle et mettre en œuvre le bouclage des flux.
2. Développer la robotique agricole, vecteur de sécurité et de confort au travail, de performance sociotechnique et de moindre impact sur l’environnement (via des machines utilisant l’énergie électrique, se configurant en fonction des opérations, voire travaillant en réseau).
3. Préparer l’ « agriculture numérique », ou « agriculture à base de données », indispensable à des processus de production plus précis et plus adaptables au changement (via la génération de connaissances agronomiques nouvelles).
– Encourager l’innovation et organiser son écosystème :
4. Clarifier l’écosystème de l’innovation, afin de la rendre plus accessible aux entreprises de l’agroéquipement et de favoriser les échanges et transferts entre secteurs industriels connexes (véhicules industriels, automobile).
5. Rendre l’innovation en réseau plus attractive aux acteurs de la chaîne de valeur, d’une part en accompagnant sa genèse, d’autre part en facilitant l’accès au marché des produits innovants via des processus de labellisation.
– Renforcer les compétences et les moyens du secteur :
6. Rapprocher la formation des besoins du secteur, afin de mieux répondre aux besoins de recrutements aujourd’hui mal satisfaits, d’un point de vue quantitatif (rendre plus attractifs les métiers et formations de l’agroéquipement) ou qualitatif (ouverture à l’international).
7. Structurer les moyens nationaux d’expertise et d’essais afin de garantir, en France, l’accès à des moyens d’essais et à une expertise pour accompagner le développement d’agroéquipements.
8. Améliorer la présence internationale, l’avenir de la filière industrielle résidant en partie dans sa capacité à investir les marchés étrangers.
9. Constituer un comité stratégique de filière, indispensable pour assurer la cohérence de l’ensemble de ces mesures, en incluant tous les acteurs du secteur. Ce comité sera le lieu de construction d’objectifs partagés, concrétisés au travers d’un contrat de filière, assurant le dialogue entre les acteurs privés et les pouvoirs publics.