Une coalition de scientifiques, médecins, décideurs politiques, … s’est créée pour accélérer la recherche sur la prévention et le traitement du COVID-19 dans les pays à revenu faible et intermédiaire. Un défi d’une ampleur inégalée, notamment sur le plan éthique de la recherche dans le contexte d’une urgence de santé publique de portée internationale.
Des scientifiques, des médecins, des bailleurs de fonds et des décideurs politiques provenant de plus de 70 institutions dans 30 pays se sont réunis pour créer une coalition internationale pour répondre à la pandémie de COVID-19 dans les zones à ressources limitées. Objectif : la ‘Coalition pour la Recherche Clinique sur le COVID-19’ (‘COVID-19 Clinical Research Coalition’), est d’accélérer la recherche sur le COVID-19 qui fait cruellement défaut dans les régions où ce coronavirus pourrait causer des ravages sur des systèmes de santé déjà fragiles, et où son impact serait maximal sur les populations vulnérables.
Les membres de la coalition travailleront ensemble pour déterminer ce qu’ils pourraient apporter au programme de recherche et pour former les partenariats les plus efficaces, encourageant ainsi le partage ouvert des connaissances et des données de recherche, et plaidant pour un accès équitable et abordable à ces interventions.
Dans un commentaire publié aujourd’hui dans la revue The Lancet, les membres de la coalition affirment qu’il est urgent de mettre en place une collaboration et une coordination internationales pour la recherche, afin de soutenir les pays d’Afrique, d’Amérique latine, d’Europe de l’Est, ainsi que certains pays d’Asie dans une réponse efficace à une pandémie qui s’aggrave de jour en jour, et d’accélérer la recherche ciblant spécifiquement les zones à ressources limitées.
Des objectifs d’efficacité maximum
L’objectif n’est pas de contrôler le programme de recherche, mais de le faciliter. Avec leurs partenaires, la coalition a quatre objectifs.
Premièrement, ils veulent faciliter l’examen rapide et conjoint des protocoles par les comités d’éthique et les agences nationales de réglementation, comme cela a été fait pour les essais du vaccin Ebola.
Deuxièmement, ils veulent faciliter l’approbation de l’importation de médicaments et de matériel d’étude par le biais de mécanismes accélérés coordonnés et convenus.
Troisièmement, le but visé est de garantir une collecte standardisée et simple des données clés, suffisante pour une analyse solide de l’efficacité et de la sécurité des interventions testées.
Quatrièmement, il faut fournir un cadre de gouvernance pour partager les résultats avant leur publication.
La coalition propose de faciliter la recherche COVID-19 dans les pays à faible revenu et à revenu intermédiaire en identifiant et en soutenant les chercheurs locaux établis, les fabricants locaux et les sites d’essais cliniques. Seront mis à disposition les capacités de soutien aux essais cliniques et les plateformes d’essais existantes. Cette approche garantira une collecte de données, une gestion, une sécurité et une capacité d’analyse optimales.
Un éventail d’experts sans précédent
La coalition rassemble un éventail sans précédent d’experts de la santé, issus d’instituts de recherche du secteur public, de ministères de la santé, de milieux universitaires, d’organisations de recherche et développement sans but lucratif, d’ONG, d’organisations internationales et de bailleurs de fonds, tous déterminés à trouver des solutions pour lutter contre le COVID-19 dans les zones à ressources limitées. La majorité de ces experts proviennent de pays à revenu faible et intermédiaire.
Une réponse importante en matière de recherche sur le COVID-19 a déjà été mise en place grâce à l’étude SOLIDARITY dirigée par l’Organisation mondiale de la Santé (OMS), un effort à l’échelle mondiale sans précédent.
Néanmoins, les auteurs ont constaté que sur près de 600 études cliniques enregistrées sur le COVID-19, très peu sont planifiées dans des zones à ressources limitées. Les auteurs s’engagent à partager leur expertise technique et leurs capacités de recherche clinique pour accélérer la recherche sur le COVID-19 dans ces zones.
Il est évident que ce défi d’une ampleur inégalée ne pourra être relevé par une seule organisation. La coalition facilitera une approche coordonnée, afin que toutes les données de toutes les régions soient recueillies de manière similaire, mises en commun et partagées en temps réel. Ceci permettra aux pays et à l’OMS de prendre rapidement des décisions en matière de politiques et de pratiques fondées sur des données probantes.
« Nous nous réjouissons de la création de cette coalition, qui met à profit des expertises multinationales et multidisciplinaires existantes dans la réalisation d’études cliniques dans les zones à ressources limitées, et qui assistera l’OMS dans son rôle de coordination de la réponse mondiale au COVID-19, » déclare le Dr. Soumya Swaminathan, Scientifique en chef de l’Organisation mondiale de la Santé. « Bien que l’épicentre se situe actuellement ailleurs, nous devons nous préparer dès maintenant aux conséquences de cette pandémie dans les zones à ressources plus limitées, ou nous risquons de perdre un nombre beaucoup plus important de vies. »
Les membres de la coalition réclament des engagements spécifiques afin que les zones à ressources limitées aient accès le plus tôt possible aux nouveaux traitements efficaces, et que ceux-ci soient abordables et facilement accessibles.
À ce jour, 70 organisations font partie de la coalition et un appel a été lancé pour que d’autres institutions prêtes à partager leurs capacités existantes les rejoignent.
Signataires actuels :
- Noor Hisham Abdullah, Ministry of Health, Malaysia ;
- Marcelo Claudio Abril, Mundo Sano Foundation, Argentina ;
- Ashenafi Tazebew Amare, University of Gondar, Ethiopia ;
- John H Amuasi, the African coaLition for Epidemic Research, Response and Training (ALERRT), Ghana;
- Prasert Auewarakul, Mahidol University, Thailand ;
- Augustin Augier, ALIMA, France ;
- Manica Balasegaram, GARDP, Switzerland ;
- Emmanuel Baron, Epicentre, France ;
- Daniel G. Bausch, UK Public Health Rapid Support Team & London School of Hygiene & Tropical Medicine, UK ;
- Philip Bejon, KEMRI-Wellcome Trust Research Programme, Kenya ;
- Anders Björkman, Karolinska Institutet, Sweden ;
- Catharina Boehme, FIND, Switzerland ;
- Maria Elena Botazzi, Baylor College of Medicine, US A;
- Joel G Breman, American Society of Tropical Medicine and Hygiene (ASTMH), USA ;
- Pedro Cahn, Huesped Foundation, Argentina ;
- Gail Carson, International Severe Acute Respiratory and Emerging Infection Consortium (ISARIC), UK ;
- Roberto Chuit, Argentina National Academy of Health, Argentina;
- John Clemens, icddr,b, Bangladesh ;
- Stewart Cole, Pasteur Institute, France ;
- Nick Day, Mahidol Oxford Tropical Medicine Research Unit, Thailand ;
- Arjen Dondorp, Critical Care Asia Network, Mahidol Oxford Tropical Medicine Research Unit, Thailand ;
- Paul Farmer, Harvard Medical School, USA ;
- Jeremy Farrar, Wellcome, UK ;
- Abebaw Fekadu, CDT-Africa, Addis Ababa University, Ethiopia ;
- Antoine Flahault, Institute of Global Health, University of Geneva, Switzerland ;
- Patricia Garcia, Universidad Peruana Cayetano Heredia, Peru ;
- Steven Gordon, Malawi-Liverpool-Wellcome Trust Clinical Research Programme, Malawi ;
- Anastasia Guantai, University of Nairobi, Kenya ;
- Philippe J Guerin, Infectious Diseases Data Observatory (IDDO), University of Oxford, UK ;
- Abraham Hodgson, Ghana Health Service, Ghana ;
- Peter Horby, ISARIC & the African Coalition for Epidemic Research, Response and Training (ALERRT), UK ;
- Peter Hotez, Baylor College of Medicine, USA ;
- Muntaser Ibrahim, Institute of Endemic Diseases, University of Khartoum, Sudan ;
- Chikwe Ihekweazu, Nigeria Centre for Disease Control, Nigeria ;
- Timo Jaeger, DZIF German Center for Infection Research, Germany ;
- Jean Jannin, Société Francophone de Médecine Tropicale et Santé Internationale, France ;
- Gagandeep Kang, Translational Health Science and Technology Institute of India, India ;
- Marie-Paule Kieny, Drugs for Neglected Diseases initiative, Switzerland ;
- Yeri Kombe, KEMRI, Kenya ;
- Hans-Georg Kraeusslich, DZIF German Center for Infection Research, Germany ;
- David Lalloo, Liverpool School of Tropical Medicine, UK ;
- Trudie Lang, The Global Health Network, UK ;
- Ramanan Laxminarayan, Center for Disease Dynamics, Economics & Policy, USA ;
- Honorati Masanja, Ifakara Health Institute, Tanzania ;
- Marcela Mercado, Instituto Nacional de Salud de Colombia, Colombia ;
- Hassan Mshinda, Botnar Foundation, Tanzania ;
- Joia Mukherjee, Partners in Health, USA ;
- Trevor Mundel, Bill & Melinda Gates Foundation, USA ;
- Jean-Jacques Muyembe, Institut National pour la Recherche Biomédicale, Democratic Republic of Congo ;
- Barnabas Nawangwe, Makerere University, Uganda ;
- Francine Ntoumi, Pan-African Network for Rapid Research, Response, Relief and Preparedness for Infectious Disease Epidemics (PANDORA-ID-NET), Fondation Congolaise pour la Recherche Médical, Brazzaville, Republic of Congo ;
- Marta Ospina, Instituto Nacional de Salud de Colombia ;
- Michael Parker, ETHOX Centre, University of Oxford, UK ;
- Bernard Pécoul, Drugs for Neglected Diseases initiative, Switzerland ;
- Antonio Plasència Taradach, ISGlobal, Spain ;
- Richard Price, Menzies School of Health Research, Australia ;
- David Reddy, Medicines for Malaria Venture, Switzerland ;
- John Reeder, UNICEF/UNDP/World Bank/WHO Special Programme for Research and Training in Tropical Diseases (TDR), Switzerland ;
- Philip J Rosenthal, UCSF, USA ;
- John Arne Røttingen, Norwegian Research Council, Norway ;
- Fred Siyoi, Kenya Pharmacy & Poisons Board, Kenya ;
- Munir S. Skaf, University of Campinas, Brazil ;
- Nathalie Strub-Wourgaft, Drugs for Neglected Diseases initiative, Switzerland ;
- Marcel Tanner, Swiss Academy of Arts and Sciences, Switzerland ;
- Guy Thwaites, Oxford University Clinical Research Unit, Vietnam ;
- Faustino Torrico, CEADES Foundation, Bolivia ;
- Nísia Trinidade Lima, Fundação Oswaldo Cruz (Fiocruz), Brazil ;
- Jürg Utzinger, Swiss Tropical and Public Health Institute, Switzerland ;
- George M Varghese, Christian Medical College, Vellore, India ;
- Nicholas J. White, Mahidol Oxford Tropical Medicine Research Unit, Thailand ;
- Marc-Alain Widdowson, Institute of Tropical Medicine, Belgium ;
- Charles S Wiysonge, South African Medical Research Council, South Africa ;
- Tassew Woldehanna, Addis Ababa University, Ethiopia ;
- Katharine Wright, Nuffield Council of Bioethics, UK ;
- Yazdan Yazdanpanah, REACTing & INSERM, France.
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