Corine Pelluchon appartient à cette nouvelle génération de philosophes qui envisagent leur pensée dans l’action. Volontiers subversive, elle se bat pour intégrer l’écologie et la prise en compte de la condition animale dans un nouveau contrat social. C’est une philosophe de l’existence qui travaille, sans complexe, à refonder les anciens concepts. Elle élabore une philosophie au centre de laquelle l’homme n’est pas seulement défini par la liberté mais surtout par la responsabilité. Les nourritures sont pour elle tout ce nous relie au monde, à l’autre, aux autres êtres vivants humains ou animaux, à la biosphère. En ce sens, sa philosophie politique et éthique nous appelle à réapprendre le plaisir du monde, le sens du beau et du style. Un cadre pour un renouveau des programmes politiques ? UP’ Magazine l’a rencontrée.
Corine Pelluchon était l’invitée de la dernière séance du cycle Questions de vie de l’Université populaire de la mairie du 2ème à Paris ce mardi 5 avril. Professeure de Philosophie à l’université de Franche-Comté ( Besançon), spécialiste de philosophie politique et d’éthique appliquée (éthique médicale et biomédicale ; question animale ; philosophie de l’environnement), Corine Pelluchon s’intéresse aux défis que soulèvent les pratiques médicales, aux difficultés liées à la crise environnementale dans notre vie comme en politique.
Un travail qui relève essentiellement de la philosophie politique et qui conduit à un examen des conditions de la délibération permettant de parvenir à une législation adaptée sur les questions qui dépassent le problème de la coexistence pacifique des libertés et même celui de l’équitable répartition des ressources.
Elle s’interroge sur les transformations des institutions démocratiques et de la culture politique pouvant rendre possible l’installation de l’écologie et de la question animale au cœur de la République et permettre une meilleure délibération ainsi qu’une réelle participation des citoyens sur les questions dites de bioéthique, tentant ainsi de reformuler les termes du contrat social.
Son dernier livre « Les nourritures – Philosophie du corps politique » sorti en avril 2015 aux éditions du Seuil et qui a reçu le prix Edouard Bonnefous de l’Académie des Sciences Morales et Politiques, développe une philosophie qui célèbre notre immersion dans le monde sensible, et pense avec originalité les conditions d’une rénovation de la démocratie, tout en faisant de l’alimentation le paradigme d’une nouvelle philosophie de l’existence : « En mangeant, je dis la place que j’accorde aux autres ».
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