La ville de Paris s’est inquiétée ce dimanche du nouveau service de livraison express dans la capitale du géant américain de l’Internet Amazon, susceptible selon elle de « déstabiliser gravement les équilibres commerciaux parisiens ». Après les États-Unis, l’Angleterre ou encore l’Italie, Amazon lançait en effet, jeudi dernier, son service de livraison express à domicile en une heure à Paris et dans sa petite couronne, pour tous types de produits y compris l’alimentaire.
Baptisé «Prime Now», ce service, réservé aux clients prioritaires du groupe ayant souscrit un abonnement «Premium», avait été inauguré à New York fin 2014. Il est aujourd’hui disponible dans 44 villes dans le monde. En France, il concernera 18.000 références, allant de la culture aux jouets en passant par l’électronique (à l’exception du gros électroménager), incluant également 4.000 produits alimentaires, de l’épicerie au frais (notamment 85 sortes de fruits et légumes en provenance de Rungis) mais aussi les surgelés.
Les livraisons Prime Now, réservées aux Parisiens et à plusieurs villes de la petite couronne, seront effectuées, via des vans, des scooters ou même à pied, à partir d’un nouvel entrepôt de 4.000 mètres carrés, situé dans le XVIIIe arrondissement de Paris, une première implantation dans la capitale pour le géant américain.
Déplorant dans un communiqué n’avoir été informée de ce lancement « que quelques jours avant », la mairie de Paris a promis d’être « intransigeante » avec Amazon sur plusieurs points : « la préservation du commerce de proximité ; la qualité de vie des riverains au regard de la logistique du centre et du trafic des véhicules de livraison ; le degré de pollution généré par les véhicules et l’activité du lieu ; la politique de ressources humaines menée par Amazon ».
« La Ville de Paris portera aussi auprès du législateur la nécessité de définir, par la loi, des garde-fous en mesure d’éviter que de tels services ne viennent à constituer une concurrence déloyale à l’égard des commerçants et des artisans », menace-t-elle encore dans un communiqué.
La maire de Paris, Anne Hidalgo, réclame notamment que les procédures d’autorisation des maires sur l’installation de surfaces commerciales et de supermarchés puissent s’appliquer à des centres comme celui d’Amazon dans le XVIIIe arrondissement.
La mairie de Paris est très remontée contre ce nouveau service. Olivia Polski, l’adjointe à la ville de Paris chargée du commerce, de l’artisanat, des professions libérales et indépendantes, « De prime abord ça peut être une très bonne nouvelle de dire qu’il peut y avoir un nouveau service commercial, sauf que c’est un lieu de vente dématérialisé, qui n’a pas du tout les mêmes contraintes que tous les autres commerces aujourd’hui », déplore-t-elle sur France Info. Elle rappelle que les commerçants implantés dans les centres ville doivent payer des taxes particulières, et sont aussi soumis à des règles de concurrence qui évitent les concentrations dans un même lieu, ce qu’un service de livraison pour toute la capitale permet d’éviter largement.
Amazon se heurte quasi systématiquement aux obstacles que dressent devant ses projets les autorités françaises. Le libraire en ligne a été à de maintes reprises critiquée pour son impact sur les entreprises françaises. Déjà en 2013, la ministre de la culture de l’époque, Aurélie Filipetti décrivait Amazon comme « destructeur des librairies ». Une loi entrée en vigueur en 2014 interdisait à Amazon notamment d’offrir des services de livraison gratuit sur les livres. En réponse, Amazon a inventé la livraison à 0.01 € !
Plus tôt cette année, il a été rapporté qu’Amazon cherchait à acquérir la société Colis Privé dans laquelle elle détient déjà 25 % du capital. Cette négociation menaçait directement La Poste dans sa position de « livreur du dernier kilomètre ». Le journal Les Échos révèlait que cette acquisition avait été empêchée par l’Autorité de la concurrence.
Les réactions à Prime Now s’inscrivent dans cette guerre de tranchée que livre la France pour protéger ses secteurs économiques traditionnels des coups de boutoir de l’ubérisation comme des nouveaux services. Un combat d’arrière-garde ou une vraie bataille pour l’avenir ?
Source : AFP, The Verge
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