Le géant coopératif agricole français InVivo veut faire de l’axe Paris-Roissy une vallée agricole internationale : une vitrine de l’agriculture française, dans toute sa diversité et sa multifonctionnalité et selon les principes de l’agro-écologie.
Le long de l’autoroute A1 qui relie Roissy à Porte de la Chapelle, Thierry Blandinières imagine déjà le prochain bassin nourricier de la région parisienne. Le DG du géant de l’agriculture InVivo a présenté un projet d’envergure, porté par la filiale Agrosolutions, ce 1er février 2017, lors du IIIème Forum Grand Paris.
Des détritus, des déblais, des vieux panneaux d’affichage, des murs antibruit tagués, des talus, des campements illicites… Mal entretenue, laissée à l’abandon, l’autoroute A1 offre un bien triste spectacle aux touristes, hommes d’affaires et autres automobilistes qui arrivent de l’aéroport Roissy-CDG pour rouler jusqu’à la capitale. Entre ces deux points, 30 kilomètres qui donnent souvent une première image du pays.
Cette ancienne voie royale, transformée dans les années 1960 en autoroute, est une des plus fréquentées d’Ile-de-France. Le matin, 10.000 véhicules l’empruntent toutes les heures et 120 millions d’automobilistes par an.
La reconquête d’une partie des terres entre Paris et l’Aéroport Charles de Gaule permettrait-elle aussi l’arrêt de l’urbanisation qui grignote les terres agricoles et leurs expropriations ?
Aussi, Paris Ile de France Capitale Economique veut proposer une nouvelle vision de l’axe Paris-Roissy. Son projet : en faire la vitrine internationale de la France et remettre le végétal au cœur de l’aménagement urbain et périurbain. Le projet en plusieurs étapes verra naître des champs de blé, d’orge et de colza, des vergers, des cultures maraîchères, des serres de fruits… qui seront distribués aux particuliers et aux restaurants de l’aéroport. Mais aussi des toits et des murs végétalisés avec des plantes dépolluantes, ainsi que des couloirs verts ponctués d’étangs pour le bonheur de notre faune francilienne. En tout, le groupe qui a commencé à opérer un recensement des terres disponibles table sur 5.000 hectares à transformer.
« L’idée a germé après qu’un cabinet d’architecte publie une vidéo fantasmant un monde dans lequel les abords de l’autoroute A1 seraient verdoyants, raconte à La France agricole Antoine Poupart, chargé du projet chez InVivo. Cet axe routier est le premier et le dernier que voient les touristes. Aussi, le visuel laisse une trace positive ou négative. » « Notre objectif est d’aller à la reconquête du foncier perdu, pour redynamiser l’agriculture, tout en rendant des services environnementaux, précise Antoine Poupart. Cela implique aussi de planter des haies, ou d’installer des mares. »
Pour nourrir les hommes localement et aménager le paysage tout en préservant l’environnement et la santé des écosystèmes, Agrosolutions se fixe quatre grands objectifs :
– Recourir à des pratiques agricoles innovantes pour à la fois accroître le stockage de carbone dans les sols et la biomasse et réduire les émissions de GES.
– Diversifier l’offre pour accroître le potentiel actuel de 25 personnes nourries par hectare
– Poursuivre la mise en place de bonnes pratiques agricoles et tirer profit des propriétés dépolluantes des plantes pour lutter contre la dégradation de la qualité de l’air et de l’eau sur le territoire.
– Enrichir le capital biodiversité et accroître le potentiel d’accueil de pollinisateurs du territoire, aujourd’hui autour de 1 000 abeilles par hectare.
Pour Thierry Blandinières, ce projet s’inscrit dans le plan stratégique « 2025 by InVivo », dont l’une des ambitions est d’être une tête de pont du développement de l’agriculture française dans le monde. « Nous voulons créer une véritable « Happy Vallée » dont la vocation première sera nourricière. Avec notre connaissance de toutes les formes d’agricultures – du rural à l’urbain, le groupe a l’ambition de faire de l’A1 une vitrine mondiale de notre savoir-faire en matière d’agriculture urbaine et écologique ».
Un projet qui s’inscrit aussi sans doute dans l’évolution voulue par la Direction régionale et interdépartementale de l’équipement et de l’aménagement (DRIEA), en particulier la direction des routes Île-de-France, qui, à travers leur rapport sur « l’insertion urbaine et paysagère des autoroutes dans le Grand Paris » réalisée par l’Atelier parisien d’urbanisme (Apur), assure que, cinquante ans après la création du réseau magistral des autoroutes, un changement de paradigme est nécessaire.
L’autoroute se transforme, son exploitation est optimisée, son paysage et ses connexions aux territoires évoluent ; elle devient une infrastructure ressources et plurielle, un support de la trame verte métropolitaine. Ce rapport de la DRIEA dégage un plan d’action sur 2016-2020 sur les autoroutes du Grand Paris. Il prévoit un renforcement paysager, la prévention des décharges sauvages et des occupations illicites, sans oublier l’aménagement des entrées de ville ou la réduction de la congestion du réseau. « Des mesures concrètes existent pour l’A1 : dégager les vues qui permettent depuis Roissy de voir la tour Eiffel ou la tour Montparnasse, signaler les lieux majeurs comme Le Bourget ou les parcs par des oeuvres d’art, décorer de fresques ou d’éclairages les tunnels et les murs antibruit », détaille Pauline Zeiger, coauteur du rapport de l’IAU-IDF.
Et si l’A1 devenait le plus bel accès vers la Capitale ?
(Source : Agromedia.fr – 7 février 2017)
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