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La France est devenue la première destination européenne des capitaux risques. Plus de 2,7 milliards d’euros ont été investis dans les startups françaises ; un chiffre multiplié par six en cinq ans. Un résultat unique en Europe et spectaculaire, que nous devons aux entrepreneurs et aux politiques publiques de ces vingt dernières années. Mais parallèlement, la France peine toujours à créer des entreprises de plus de 250 salariés. Pourtant, les politiques ayant conduit aux succès dans la création d’entreprises pourraient être appliquées à la croissance des PMEs. L’enjeu est de taille. Le poids des ETIs n’a rien de symbolique.

 
Avec 590 tours de tables en 2016 (1), la France est devenue la première destination européenne des capitaux risques. Mais parallèlement, la France peine toujours à créer des entreprises de plus de 250 salariés (ETI) : 4 794, contre 12 600 en Allemagne, 10 500 au Royaume-Uni et 8 000 en Italie d’après l’organisation patronale Asmep-ETI. Les ETIs représenteraient pourtant 20 à 30% du PIB, un tiers de l’emploi industriel et auraient créées 80 000 emplois entre 2009 et 2013, quand les grands groupes en détruisaient 60 000 d’après l’organisation patronale Asmep-ETI.
 
En matière de création d’entreprises innovantes, les politiques publiques françaises récoltent les fruits de leur travail. Elles ont été volontaristes et efficaces : renforcement du dispositif du Crédit d’Impôt Recherche rendant la France hyper compétitive en matière de financement de la recherche (indispensable pour les entreprises innovantes), création du statut de Jeune Entreprise Innovante qui exonère une grosse partie des charges patronales sur les chercheurs les premières années, création de la Banque Publique d’Investissement pour accroitre l’accès et la lisibilité aux ex-agences ANVAR/Oséo et aides à l’export (COFACE).
 
Ces aides ont un réel impact financier dans les premières années fragiles de la vie d’une entreprise. Pour évaluer cet impact, je me suis intéressé aux flux financiers entre les administrations publiques et notre entreprise (innovante, en croissance, 40 salariés en France). Une entreprise paye des charges sociales, des taxes (handicap, formation…), collecte de la TVA et s’acquitte d’un impôt sur les sociétés quand elle est bénéficiaire. Elle contribue ainsi au financement du système de santé, d’assurance chômage, des retraites, de la formation continue… Logiquement, le flux financier entre une entreprise et les administrations publiques doit donc être largement en faveur des administrations publiques…
 
Dans le cas de notre entreprise, en cumulant toutes les aides citées plus haut, le flux financier était en faveur de l’entreprise les cinq premières années. Nous avons même un solde de 5 000 euros sur cinq ans. En d’autres termes, cela reviendrait à dire que pendant cinq ans, nous n’avons payé aucune cotisation, contribué à aucune charge publique et que nous avons même reçu un chèque de 5 000 euros. Une politique très favorable donc pour la startup que nous étions.

Un retour rapide (trop rapide) à la normalité

Mais dans notre cas, le retour à une contribution « normale » a été difficile à gérer car beaucoup trop rapide. J’ai poursuivi l’analyse des flux financiers entre les administrations publiques et notre entreprise sur les dix années suivantes. Au total, nous avons reversé 10 millions d’euros aux administrations publiques. Surtout, entre 2007 et 2009, alors que nous connaissions une forte croissance, nos charges augmentèrent deux fois plus vite que notre masse salariale. Sur cette période, nous sommes sortis du statut de Jeune Entreprise Innovante et avons passé le seuil des vingt salariés à partir duquel beaucoup de taux de charges sont revus à la hausse. Ces effets de seuil ont fragilisé le difficile financement de notre croissance. Une augmentation de capital, puis une acquisition nous permettront de passer ce cap. A noter que ces effets de seuil auraient pu être encore plus importants si nous avions atteint les 50 salariés (Comité d’entreprises, taxes supplémentaires…).
 
Il y a un contraste très important entre la phase de « startup » et celle de « jeune PME ». Pourtant entre 20 et 100 salariés, nos entreprises innovantes sont souvent en pleine croissance et financièrement fragiles. Une augmentation plus progressive des charges pour tendre vers le niveau des entreprises « établies » permettrait aux entreprises innovantes d’atteindre plus vite et surtout plus souvent des tailles importantes et très créatrices d’emplois. Cela permettrait de combler le retard français en nombre d’Entreprises de Taille Intermédiaires (ETI).
 
S’il faut bien évidemment se réjouir du nouveau statut français de champion européen de la création d’entreprises innovantes et saluer les politiques publiques des vingt dernières années, il ne faut pas oublier d’aller plus loin. Appliquons à la croissance des PMEs, le même volontarisme politique que celui appliqué à la création d’entreprises innovantes et je suis convaincu que nous pourrons combler notre retard en matière d’ETI et créer un boom économique dans notre pays.
 
Gilles Toulemonde, PDG et co-fondateur d’Inova Software
 
(1) source : DealRoom
 
A propos de Inova Software 
Fondé en 2001, Inova Software propose un logiciel CRM en mode SaaS dédié aux laboratoires pharmaceutiques et aux sociétés biotechs. Editeur majeur de ce marché au niveau mondial, Inova Software compte parmi ses références Astra Zeneca, Boehringer Ingelheim, Bayer, Merck, Pierre Fabre, Roche, Sanofi ou encore Takeda. Basée à Lyon, New-York et Tokyo, la société a réalisé 4,6 millions d’euros de chiffre d’affaires en 2016 dont 80% à l’international et compte 50 collaborateurs.
 

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