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Quatre épreuves, fin des séries S ,L, …, grand oral, contrôle continu… : les modalités de la « remusculation » du bac présentées mercredi 14 février par le ministre de l’éducation, Jean-Michel Blanquer, veulent redonner « du sens et de l’utilité » au bac, « tremplin vers la réussite dans l’enseignement supérieur ». Alors, concrètement, quels en sont les bénéfices pour les élèves, face à la question épineuse des inégalités sociales et des difficultés de mise en place de cette réforme ?
Tribune libre
Les réformes actuelles de la filière générale du lycée et du baccalauréat peuvent être considérées comme l’aboutissement de la réforme des cycles universitaires appelée LMD (Licence Master Doctorat) adoptée en 2002. Au niveau de la forme, les bulletins scolaires vont devenir semestriels comme à l’université. Durant le contrôle continu, il y aura deux sessions de partiels dont les sujets devront être tirés d’une banque nationale. Les copies seront corrigées par des enseignants différents de ceux qui suivent leurs élèves. Les étudiants qui rentreront après la réforme seront préparés au rythme des cours qui les attendront en études supérieures.
Les réformes de la filière générale et du baccalauréat vont amener les élèves au meilleur niveau dans les matières de ‘spécialités’. Elles tournent le dos à l’enseignement d’un maximum de matières générales en se contentant d’un niveau général moyen des élèves. Avec un nombre d’heures prévisible d’enseignement bien plus important dans les matières de spécialités en 1ère et terminale, il ne fait pas de doute que le niveau des élèves s’en trouvera renforcé. Ce sont autant d’atouts qui permettront aux élèves de s’engager dans des études supérieures en limitant le risque d’échec.
Cette réforme modifie également les épreuves du baccalauréat et le système de notation qui lui est attaché. Les bénéfices attendus sont multiples :
– Avec quatre épreuves terminales, les élèves ne pourront plus jouer sur les coefficients et compter sur les nombreuses ‘petites’ matières pour rattraper leurs ‘mauvais’ résultats dans des matières fortes. Les élèves seront tirés vers le haut, leur niveau s’en trouvera amélioré ;
– Le contrôle continu va inciter les élèves à travailler régulièrement, alors que l’actuel bac permet à des élèves de travailler au dernier moment en bachotant. Les enseignants vont retrouver une légitimité ;
– L’harmonisation des notes organisées dans les commissions Adhoc permet aujourd’hui de remonter des notes et de faire passer des élèves qui clairement n’avaient pas le niveau. Cette distorsion de notation va disparaître.
D’autres bénéfices sont également attendus. D’abord, l’organisation actuelle du baccalauréat se déroule sur deux semaines plus des épreuves orales qui se déroulaient dans des lycées parfois éloignés des lieux d’habitation des élèves. Ce qui fait perdre quasiment un mois aux élèves de terminale mais aussi aux élèves des lycées centres d’examen. Ensuite, le nouveau baccalauréat se déroulera probablement sur deux ou trois jours plus le grand oral.
Ces réformes qui concernent les élèves de la filière générale font bien la passerelle avec les études supérieures en leur faisant comprendre que c’est un travail régulier qui permet d’atteindre les meilleurs résultats. Tous les acteurs impliqués l’ont d’ailleurs bien compris : cette réforme fait la quasi-unanimité des acteurs concernés, des profs aux enseignants, aux parents d’élève et même aux Présidents d’Université ! Visiblement, elle inspire confiance plus qu’elle n’inquiète, ce qui est de bon augure pour sa mise en place.
Mais au-delà des enjeux nationaux, cette réforme a l’ambition implicite de repositionner l’enseignement supérieur français dans les meilleurs classements internationaux. Car ne nous y trompons pas, nous sommes bien en compétition politique et économique avec des pays lointains comme les plus proches. La qualité et l’attractivité de l’enseignement et notamment de l’enseignement supérieur contribue non seulement à construire un soft power mais aussi à attirer les meilleurs talents : étudiants, chercheurs… et investisseurs qui vont avec. L’attractivité de l’enseignement supérieure devient un enjeu dans les rapports.
Christophe Rochelle, ancien professeur, fondateur d’Etude dirigée
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