Au-delà de son rôle clé dans la compétitivité d’un pays, l’innovation technologique est indispensable pour apporter des réponses pertinentes aux défis que pose notre engagement en faveur d’un développement durable en termes de croissance économique, de préservation de l’environnement et de progrès social.
La mission de prospective technologique menée par le Centre d’analyse stratégique s’est efforcée d’éclairer cette double problématique en proposant une vision de long terme pour les secteurs de l’énergie, des transports et du bâtiment à travers un rapport sorti ce mois. Pour chaque technologie étudiée, elle a tenté d’apprécier à la fois la contribution possible en matière de développement durable et le potentiel de compétitivité de notre pays sur la scène internationale.
Les travaux ont examiné les conditions d’une intégration de ces progrès dans les systèmes et sous-systèmes préexistants (ou à créer) ; et les conditions d’une arrivée à maturité technique, économique mais aussi sociale.
Dans la mesure du possible, deux horizons de temps ont été retenus : un horizon à moyen terme, 2030, pour lequel il y a une vision assez claire des évolutions à venir et un horizon à long terme, 2050, qui permet d’envisager des sauts scientifiques encore incertains. Enfin, la mission s’est intéressée à quatre technologies transverses qui interviennent de façon constante dans les trois grands secteurs étudiés, et qui sont susceptibles de produire des avancées déterminantes (la métrologie ; les nanotechnologies ; la régulation et le contrôle commande ; le réseau domiciliaire).
Un des enseignements de l’exercice est que la prospective technologique reste, en France, très émiettée, ce qui rend difficile à la fois une approche systémique pourtant indispensable et, s’agissant du bon usage de cette ressource rare que constituent les fonds publics, la définition des priorités sur des bases solides. Dans chaque discipline, dans chaque secteur, les chercheurs, les industriels ont leur propre vision prospective, parfois trop optimiste pour les premiers, mais ces visions s’inscrivent insuffisamment dans un cadre de cohérence permettant d’apprécier l’intérêt réel des innovations envisageables.
Une difficulté d’ordre pratique dans la conduite d’une démarche prospective globale tient à l’absence de bases de données validées et partagées sur le coût et les performances des technologies. Cela vaut aussi bien pour l’état actuel des différentes technologies que pour les informations – au moins les ordres de grandeur – concernant des innovations en cours de développement ou d’expérimentation. Ces données existent ou pourraient exister, si la demande en était clairement formulée, mais elles sont dispersées dans autant d’organismes et supposent une mise en cohérence suffisante pour pouvoir servir de base à une démarche prospective.
Les quatre propositions du rapport
Proposition n° 1 : tenir compte, dans la définition des mécanismes de soutien au développement d’une technologie, de sa maturité technique et économique, de sa capacité d’intégration dans les systèmes existants et du positionnement au niveau mondial de la recherche et l’industrie françaises.
Proposition n° 2 : Dans le domaine de la production d’électricité, encourager le déploiement des énergies renouvelables compétitives et privilégier, pour celles dont le coût de production de l’électricité serait supérieur à un seuil à déterminer, les opérations de démonstration et de recherche.
Proposition n° 3 : Compte tenu des différences de prix entre les installations photovoltaïques au sol et en toiture, étendre le concept de bâtiment à énergie positive à un ensemble plus large, l’îlot ou le quartier, afin de bénéficier d’énergies locales à moindre coût.
Proposition n° 4 : Investir dans les technologies transverses : les dispositifs de régulation et gestion des systèmes (contrôle-commande) et en particulier du bâtiment (réseau domiciliaire) ; les nanotechnologies ; les techniques de mesure (métrologie) ; les tiC ; les matériaux.
(Source : (c) Centre d’analyse stratégique – Août 2012)
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