Aujourd’hui, nous sommes confrontés à de multiples problèmes lorsque nous voyageons : la congestion dans les grandes villes, le changement climatique, la hausse des prix de l’énergie pesant sur les budgets privés de ceux qui sont contraints de se déplacer en voiture, et les questions d’égalité sociale. Voici quelques-unes des raisons pour lesquelles nous devrions repenser le rôle de la voiture dans notre société, d’après un rapport du Centre d’Analyse Stratégique paru fin juillet 2012.
Les zones rurales et périurbaines sont les plus motorisées de France (plus de 20 millions de véhicules, qui représentent 8% des émissions de gaz à effet de serre de la France, tous secteurs confondus), les habitants des zones rurales et périurbaines consacrent environ 12% de leur budget annuel à leur véhicule (principalement en carburant), et sont donc fortement dépendantes du cours du pétrole.
Les principaux enjeux identifiés pour la réalisation de ce rapport sont donc :
– Limiter la dépendance automobile
– Diminuer les consommations d’énergie et les émissions de CO2
– Valoriser dans la durée le potentiel économique et social des zones rurales et périurbaines
Nos voitures ne peuvent pas être considérées comme durables aujourd’hui principalement parce que l’usage de la voiture est incompatible avec les exigences énergétiques et environnementales. Les émissions de gaz à effet de serre provenant des transports ont augmenté de près de 20% depuis 1990, le nombre de véhicules et le nombre de voyages que nous faisons a doublé en trente ans ; ce niveau de l’utilisation des voitures ne pouvait être soutenue dans les pays émergents.
En outre, l’utilisation de la voiture peut dans certains cas augmenter la fragilité des populations pauvres, en particulier si l’on tient compte des coûts de l’énergie qui devraient augmenter. Nous sommes confrontés à un véhicule dépendance en spirale. Cette spirale tend à exclure certaines catégories de personnes : les personnes handicapées, les personnes âgées, les enfants, les adolescents, et bien sûr les ménages les plus pauvres. Par conséquent, nous devons proposer des alternatives pour les zones à faible densité, telles que les zones suburbaines et rurales. Le développement de la mobilité à un prix raisonnable et accessible à autant de personnes que possible est un défi, notamment en raison de la façon dont elle est sensible aux crises.
L’organisation de l’espace et des modes de vie ne devrait donc pas être déterminée par l’usage exclusif des voitures. Afin d’organiser les moyens terrestres et durable de la vie, il faut trouver une place nouvelle pour l’adaptation, pour fournir des solutions innovantes de mobilité.
L’industrie du transport doit innover
La voiture n’est plus un rêve, surtout parmi les jeunes générations. Aujourd’hui, beaucoup de Français semblent prêts à partager ou louer plutôt que d’acheter. Par conséquent, la notion de service et d’utilisation va devenir de plus en plus important et sans doute créer une nouvelle version de la chaîne de valeur de la voiture.
Les applications liées à la révolution numérique, qui est d’être connectés à l’Internet à tout moment, n’importe où et avec n’importe quel appareil, n’en sont qu’à leurs débuts dans le secteur des transports.
Une génération de véhicules hybrides ou entièrement électriques se développe et offre de nouvelles possibilités d’utilisation en fonction de leur rendement réel et de leur autonomie.
Les autorités locales, aussi, doivent réfléchir à des solutions innovantes
Notre mobilité future ne viendra pas d’une innovation unique, mais à partir de la diffusion et de l’acceptabilité sociale entre les nombreux participants. Même si ce rapport sur les nouvelles mobilités permet d’envisager des innovations dans la ville ou dans les zones urbaines voisines, des solutions pour les zones rurales et les zones suburbaines sont beaucoup plus complexes, en raison de la zone géographique des transports publics qui est inefficace. Ce domaine nécessite donc une attention presque exclusive sur l’utilisation de la voiture.
Suite aux travaux du ministère du Développement Durable au Centre d’analyse stratégique depuis plus d’un an, ce rapport suggère des moyens d’action qui allient le souci de l’environnement et la mobilité, tout en tenant compte du prix de l’énergie. Les six recommandations présentées pourraient être mis en œuvre avec de modestes dépenses publiques et un niveau considérable d’informations et de consultation avec les résidents.
Les cinq recommandations
– Aider les municipalités et les villes, ainsi que les entreprises (universités, centres commerciaux, etc), qui souhaitent développer des stratégies de mobilité adaptées à leur région. Notamment les aider à une meilleure compréhension locale des flux de transport et d’intégration, ainsi que des liaisons de transport avec les centres urbains voisins.
– Fournir aux conducteurs des informations en temps réel afin de mieux organiser le trafic en combinant le transport collectif et individuel (marche, motos, voitures ou partagés).
– S’appuyer sur l’information numérique pour développer l’auto-partage, le covoiturage en particulier et des solutions basées sur des tiers de confiance et de géolocalisation.
– Faciliter l’accès aux stations de transport en commun (voies cyclables, stationnement de covoiturage), les coordonner entre eux en vue de créer un système de transport efficace. Environ 10% des frais de transport annuels devraient être attribués à ce type d’organisation.
– Limiter les distances parcourues des usages professionnels (commerces, santé, loisirs, etc) en les encourageant à coordonner leurs voyages, les livraisons ou le transport de passagers.
Pour aller plus loin :
– Brochure « Urbanisme, services et mobilité en milieu rural : un espace-temps à réinventer« .
– Association internationale Ruralité-Environnement-Développement : http://www.ruraleurope.org
(Source : Centre d’Analyse Stratégique – Juillet 2012)
{jacomment on}