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Jeunes pour le climat

L’urgence climatique, invitée surprise des jeunes dans les isoloirs

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Les sondages et estimations de vote ne l’avaient quasiment pas vu venir : les écologistes se sont taillés une place de choix lors des élections européennes. Ils augmentent de 50 % le nombre de leurs députés au futur parlement européen. Une dynamique forte, portée par un vote jeune, qui impose l’urgence climatique comme thème de préoccupation majeur des citoyens d’Europe.
 
Avec des résultats à deux chiffres chez des poids lourds de l’UE, notamment en France et en Allemagne, les écologistes ont enregistré un succès historique aux Européennes dimanche, l’urgence climatique s’imposant comme un thème de préoccupation majeur pour les électeurs.
 

Vague verte en Europe

Le bond des Grünen allemands qui doublent leur score à 20,9 % est emblématique. En France, les écologistes sont troisièmes avec 13,4 %. Au Royaume-Uni, les Greens ont pratiquement doublé leur score de 2014 et dépassé le Parti conservateur au pouvoir avec plus de 12% des voix également. En Autriche, aux Pays-Bas, en Scandinavie, leurs homologues sont au-delà ou proches des 10%. En Irlande, les Verts sont arrivés troisièmes avec 15 %, contre 4,92 % en 2014. « La vague Verte a déferlé sur les côtes irlandaises », s’est réjoui samedi Bas Eickhout, candidat des Verts à la présidence de la Commission européenne.
 
En Belgique, les écologistes doublent leur score en Wallonie avec environ 20 %, ce qui les place au coude-à-coude avec le parti libéral du Premier ministre Charles Michel, qui céderait entre trois et sept points par rapport à mai 2014. À Bruxelles, le parti Ecolo-Groen, qui a surfé sur la forte mobilisation pour le climat ces derniers mois, devient la première force politique, détrônant les socialistes. Il pourrait aspirer à présider la région-capitale.
 
Les Verts pourraient même peser sur la composition de la Commission européenne et l’identité de son président, aucun des groupes parlementaires de la droite (PPE) et de la gauche (PSE) ne semblant en mesure d’obtenir une majorité absolue des 751 sièges en jeux dans 28 pays, signant la fin du bipartisme européen.
 
Pour la tête de liste des écologistes français, Yannick Jadot, une chose est acquise : l’Europe a sa « vague verte ». Et médias, observateurs et politiques ont une explication : la menace climatique est devenue une thématique sociétale dominante et une source d’inquiétude croissante. « C’est la première fois que le changement climatique joue un tel rôle dans une élection », a noté Robert Habeck, un responsable des Grünen.
 
Même analyse chez le Premier ministre français Edouard Philippe : « Partout en Europe nos concitoyens, en particulier les plus jeunes, nous demandent d’agir avec détermination, c’est ce que nous ferons en France et en Europe ».
Un message martelé aussi par le chef des centristes libéraux européens Guy Verhofstadt, allié au parti du président français Emmanuel Macron, et qui veut une majorité notamment autour du défi climatique.
 
Pour les écologistes, par la voix de David Cormand, secrétaire général d’EELV, l’enjeu est existentiel : « La question n’est plus de penser la répartition des richesses engendrées par la révolution industrielle. La question politique essentielle, existentielle, des temps qui viennent est, pour l’humanité – notre civilisation humaine – d’apprendre enfin à habiter la Terre sans se détruire et sans la détruire. »
 

L’irruption de la jeunesse

Une thématique entendue par plus d’un million de jeunes, collégiens, étudiants qui sont descendus dans les rues de 120 pays le vendredi 24 mai pour la deuxième grève mondiale pour le climat ; un mouvement baptisé « Fridays for Future » et initié par la jeune Suédoise Greta Thunberg.
Leur mot d’ordre : peser sur le scrutin des Européennes et appeler les dirigeants politiques à agir davantage contre le dérèglement climatique.  « Nous avons le sentiment que de nombreux adultes n’ont pas encore complètement compris que nous, les jeunes, ne pouvons pas arrêter la crise du climat tout seuls », insistait Greta Thunberg jeudi dernier avec son homologue allemande, Luisa Neubauer, dans une tribune publiée jeudi par le journal allemand Süddeutsche Zeitung.
 
Le Français Yannick Jadot n’a pas manqué de saluer la mobilisation électorale des jeunes en France, qui se sont selon lui « emparés de ce scrutin ».
Un quart des 18-24 ans aurait voté pour Europe Écologie – les Verts aux élections européennes de ce dimanche, auquel s’ajoutent 28% des 25-34 ans. Aux précédentes élections, les jeunes s’étaient plutôt tournés vers le Rassemblement national, la France insoumise ou la République en marche.
 
Le vote des jeunes aux élections européennes 2019
 
En France, la mobilisation a pris de l’ampleur depuis l’été 2018, après la démission fin août de Nicolas Hulot, le ministre de la Transition écologique découragé par la puissance du lobbying et l’inaction politique, un été caniculaire, et les multiples grèves des lycéens pour le climat.
 
En Allemagne, des dizaines de YouTubeurs ont appelé le même jour leurs millions d’abonnés à voter contre les partis du gouvernement Merkel en raison de leur mauvais bilan en matière de climat. Dans l’électorat allemand, une rupture générationnelle se dessine nettement, les Verts arrivant devant les conservateurs parmi les 18-44 ans quand la CDU-CSU de Mme Merkel domine chez les plus de 60 ans.
Les élections « montrent que nous ne mettons pas la crise climatique seulement à l’agenda de la rue mais aussi dans les bureaux de vote », s’est félicitée, Luisa Neubauer.
« Ce résultat est une invitation à toute le spectre politique : attaquez-vous vraiment à la crise climatique », ajoute-t-elle sur Twitter, « la planète se fiche de savoir si la protection du climat est de gauche ou libérale ».
 

Il y a eu une erreur

Une vague verte portée par la jeunesse que les sondeurs n’avaient pas vu venir. Selon Daniel Boy, spécialiste en sociologie électorale et en écologie politique, interrogé par France-Inter : « On a sous-estimé le vote des jeunes ». Certes, les sondages avaient repéré que l’enjeu climatique était le plus important, notamment chez les jeunes ; « Mais il était difficile de savoir comment ça allait se traduire dans les urnes » poursuit-il. D’autant que, traditionnellement, les jeunes sont peu intéressés par les élections européennes et qu’ils grossissent les bataillons de ceux qui s’abstiennent le jour des élections. Or la mobilisation était au rendez-vous et les sondages ne l’ont pas vu venir ; « il y a eu une erreur de plusieurs points » confesse le politologue. Pour EELV, les sondages qui leur accordaient un score à deux chiffres étaient, il est vrai, rarissimes.
 
Une dynamique verte dont il faudra désormais tenir compte car elle semble profondément enracinée dans les esprits. Elle exprime une prise de conscience des enjeux climatiques, mais aussi ceux liés à la santé, l’alimentation, l’agriculture, les rapports de force commerciaux. Les jeux politiques traditionnels qui font volontiers des écrans de fumée pour occulter les vrais débats sont mis en question. « Il faut imposer un nouveau récit, de nouveaux clivages un nouvel imaginaire » martèle l’écologiste David Cormand. Dans cette optique, que pèse le rapport de force entre les anciens partis de droite ou de gauche, leur lutte pathétique pour la survie, ou l’affrontement binaire entre LREM et le RN en France ? Peu de poids face aux enjeux réels qui devront être non seulement affrontés, mais aussi débattus et tranchés à très brève échéance. Les jeunes semblent, eux, l’avoir bien compris.
 
 
Avec AFP, Euractiv
Image d’en-tête : Emmanuel Dunand/AFP
 

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