Il y a vingt ans émergeait la transformation numérique et l’on expliquait aux dirigeants qu’il fallait s’adapter ou mourir. La transformation climatique est plus pressante, plus profonde, plus complexe à mettre en œuvre et ne peut être réussie que dans la coopération. Neuf ans nous séparent du premier jalon majeur posé par toutes les stratégies climat nationales comme internationales : il nous faut un saut de conscience, maintenant. C’est la mission que s’est donnée la nouvelle Convention des Entreprises pour le Climat (CEC).
Il s’agit de provoquer un sursaut pour que les entreprises prennent toute leur part dans la transition écologique. Opérer dans une démarche exigeante et bienveillante, centrée sur les dirigeantes et dirigeants.
La Convention des Entreprises pour le Climat a été imaginée pour résoudre la dissonance entre urgence écologique et priorités économiques. Les porteurs du projet viennent du monde de l’entreprise et souhaitent contribuer à accélérer sa transition. En relais de la Convention Citoyenne pour le Climat (CCC), la Convention des Entreprises pour le Climat (CEC) vise à émettre des propositions audacieuses et impactantes, destinées à être mises en œuvre dans les entreprises. Elle se tiendra du 9 septembre 2021 au 18 juin 2022 et rassemblera une diversité d’entreprises incarnée par 150 dirigeantes et dirigeants, un comité garant de la mission, des experts indépendants, des facilitateurs, ainsi que des participants du monde étudiant.
30 nouvelles dirigeantes et dirigeants français ont été sélectionnés pour participer à la Convention des Entreprises pour le Climat qui se déroulera de juillet 2021 à mars 2022. Elles et ils rejoignent les 60 premières recrues, destinées à former un collectif de 150 décideurs qui coconstruiront les feuilles de route alignant leurs entreprises avec les objectifs européens. Ils viseront 55% de réduction d’émissions de gaz à effet de serre d’ici 2030 mais également la régénération de la biodiversité et l’écriture d’un futur économique désirable.
La transition vers un monde durable et désirable n’appartient pas qu’à certaines entreprises mais bien à tous les secteurs de l’économie et à l’ensemble des territoires. La CEC se donne donc pour mission de rassembler un collectif qui habite toute la diversité que l’économie française a à offrir.
8 mois pour provoquer un sursaut
Au cours de six sessions de deux jours réparties sur 8 mois, les dirigeants sélectionnés seront entourés des meilleurs experts scientifiques et pédagogiques pour repenser leur entreprise et activités. L’horizon : réduction de 55% des émissions de gaz à effet de serre d’ici 2030 avec un impératif de protection de la biodiversité et de régénération du vivant.
Douze leviers d’actions sont répartis sur cinq thèmes qui ont guidé les travaux des Citoyens (Se Nourrir, Se Déplacer, Se Loger, Produire, Consommer), auxquels a été rajouté Se Divertir pour intégrer les industries culturelles, complétés avec six thèmes systémiques propres à l’entreprise.
Le programme
Un parcours apprenant-agissant pour les 150 dirigeants. Objectif : mettre leurs feuilles de route à la hauteur des enjeux écologiques.
Session du 9-11 septembre : Constat et monde d’après.
Vulnérabilité et contribution aux risques systémiques. Co-construction des contours d’un nouveau modèle économique soutenable, désirable et respectueux du vivant.
Session du 20-22 octobre : Nouveau cap.
Projection, secteur par secteur, dans le monde de demain. Début de la réinvention de son organisation : raison d’être, offre, modèle d’affaires, gouvernance.
Session du 2-4 décembre : Nouvelle boussole.
Mesure de ce qui aura demain de la valeur et valeur de ce qui ne se mesure pas. Étude des retournements à produire dans l’analyse de la performance et du financement des nouveaux modèles d’affaire.
Session du 20-22 janvier 2022 : Génie humain.
Explorer les ressources émergentes pour un modèle d’affaires positif. Innover en régénérant le vivant : frugalité, bio-inspiration, symbiose, sobriété.
Session du 10-12 mars 2022 : Embarquer l’équipage.
Opérer une transformation écologique qui embarque collaborateurs et parties prenantes. Faire naître un nouveau leadership, des nouveaux modes d’organisation et de coopération, de sensibilisation et de formation.
Session du 22-23 avril 2022 : Témoigner.
Faire le bilan de ce qui a été appris et construit pendant 5 sessions et 8 mois. S’adresser aux mondes économiques, politiques et médiatiques pour défendre une ambition nouvelle et une vision d’accélération des entreprises et des pouvoirs publics.
L’histoire de la CEC
En juillet 2020 Eric Duverger, cadre chez Michelin depuis plus de 20 ans, annonce à son employeur son intention de prendre deux années sabbatiques. Son projet : donner vie à un événement qu’il a décidé de nommer la “Convention des Entreprises pour le Climat”. Profondément inspiré par le discours de clôture de la Convention Citoyenne, pour lui, pas de doute : impossible de réussir la transition écologique sans les entreprises et pour l’instant, elles sont très loin du compte.
Grâce à plus de 120 entretiens menés auprès d’acteurs du monde de l’entreprise et de la transition écologique, le projet se construit et un comité de pilotage se constitue avec six personnalités passées par Google, Lafarge, Vivendi… La même et simple idée les rassemble : il y a eu le temps de la procrastination, puis le temps des petits pas et il est désormais temps que le monde économique prenne toute sa part dans la transition.
Le 17 décembre 2020, la CEC publie son premier communiqué de presse sous forme d’appel aux dirigeants économiques français : “Même si vous avez de nombreux défis à relever, vous sentez que c’est le moment de vous engager sur cette priorité”.
Il est entendu par près de 150 dirigeants qui candidatent dans les premiers mois et tout s’accélère à partir de là : 30 premiers noms sont publiés en mars, l’effectif bénévole de la CEC grandit à plus de 30 personnes et toute l’équipe sent une vague qui commence à monter. A moins de quatre mois de la première session de la CEC leur intention est claire. Ils veulent démontrer que société civile et monde économique peuvent avancer ensemble et que lorsque 150 dirigeants prennent, comme les Citoyens, le temps du constat et de l’intelligence collective, ambitions et actions changent de niveau.
Leur mission : Aider le monde de l’entreprise à agir face à l’urgence, en ligne avec les objectifs donnés aux Citoyens en 2019 puis par l’Europe en 2020 : tenir une trajectoire nationale de -55% d’émissions de GES d’ici 2030, dans le respect de la biodiversité et dans un esprit de justice sociale.
Leur ambition est de construire avec 150 dirigeants sélectionnés un nouveau modèle économique respectueux du vivant et le mettre en œuvre à travers 150 feuilles de route opérationnelles qui rentrent dans le vif du sujet : raison d’être, gouvernance, business model, marketing et communication, finance, comptabilité, ressources humaines, … Mettre en avant, grâce au fruit de ce travail, des demandes à l’attention du monde politique.
Pour quel résultat ? Un regard augmenté des 150 dirigeants sur le rôle de leur entreprise et d’eux-mêmes dans la transition écologique. Un effet d’entraînement et de démultiplication de l’initiative, à la fois régional et sectoriel. Une réévaluation pragmatique, ancrée dans l’urgence présente, de l’équilibre People / Planet / Profit. Un message positif, inspirant pour une vision d’avenir constructive.
Un comité des garants a été mis en place avec Yann ARTHUS-BERTRAND (Fondation Good Planet), Matthieu AUZANNEAU (The Shift Project), Nathalie BOYER (Orée), Paola FABIANI (Medef Comex 40), Arnaud LEROY (ADEME), Fabrice BONNIFET (C3D), et le collectif Pour un réveil écologique.
Mathieu Baudin, Directeur de l’Institut des Futurs souhaitables, et Valérie Brunel, co-fondatrice et responsable programme de l’IFs, s’associent avec la Convention des Entreprises pour le Climat et participera en tant qu’intervenant à la première journée de la Convention.
L’IFs possède une expérience de plus de dix ans dans des programmes de prise de conscience écologique et de mise en mouvement sur le terrain, au cours desquels il a rassemblé un collectif de plus de 150 experts, d’ultra runners à data journalistes, philosophes à street artists.
Mathieu Baudin explique ce partenariat : « Si le Dalaï Lama et Mère Térésa jouaient ensemble au Monopoly, la fin serait toujours la même ! Ce n’est pas un problème de joueurs, c’est un problème de jeu. Il nous faut questionner le design du jeu, les règles de nos fonctionnements. Nous sommes ravis, à l’Institut des Futurs souhaitables d’accompagner ces femmes et ces hommes qui ont décidé de réinventer ensemble ce formidable plateau de jeu. Plus que jamais, il est temps de prendre au sérieux nos rêves et d’en faire une stratégie… »
Pour Valérie Brunel « Le monde économique que nous avons ne s’est pas imposé à nous : c’est nous qui l’avons imaginé. Rien ne nous empêche d’imaginer autre chose, bien au contraire. Nous nous sentons donc très chanceux de bénéficier de l’expertise pédagogique et du réseau d’intervenants de l’IFs. Il soutient le passage à l’action de ceux qui veulent contribuer à imaginer une économie soutenable et faire advenir un futur désirable ».