Lors d’une conférence de presse tenue ce 8 juillet dans l’après-midi, Christine Lagarde, la présidente de la BCE, s’est exprimée en ces termes : “Nous avons reconnu le changement climatique comme une épreuve capitale pour notre monde et comme un élément stratégique important pour le mandat de la BCE.” La crise climatique est donc une question centrale de cette nouvelle stratégie de la BCE. Un calendrier et des descriptions précises des actions qui seront prises dans les prochains mois, a été présenté. La BCE envoie un message aux industries les plus polluantes qui ne pourront plus bénéficier de son soutien. Un geste sans précédent, qui adresse un signal clair aux banques du monde entier : l’ère de la finance fossile touche à sa fin.
La Banque centrale européenne a annoncé, jeudi 8 juillet, qu’elle intégrerait davantage les considérations relatives au changement climatique dans sa politique monétaire, notamment en ce qui concerne la communication d’informations, l’évaluation des risques et les décisions relatives aux garanties et aux achats d’actifs du secteur des entreprises. « À l’avenir, la BCE ajustera le cadre guidant la répartition des achats d’obligations d’entreprises afin d’y intégrer des critères liés au changement climatique, conformément à son mandat », déclare la Banque centrale européenne.
« Ces critères comprendront l’alignement des émetteurs sur, au minimum, la législation de l’UE mettant en œuvre l’Accord de Paris, par le biais de paramètres liés au changement climatique ou d’engagements des émetteurs envers de tels objectifs », ajoute le communiqué de la BCE.
La BCE prend ainsi acte que la lutte contre le changement climatique est un défi mondial et une priorité politique pour l’Union européenne. Si les gouvernements et les parlements ont la responsabilité première d’agir sur le changement climatique, la BCE reconnaît, dans le cadre de son mandat, la nécessité d’intégrer davantage les considérations climatiques dans son cadre d’action.
Une décision pragmatique aussi car la BCE reconnaît que le changement climatique et la transition vers une économie plus durable « affectent les perspectives de stabilité des prix par leur incidence sur les indicateurs macroéconomiques tels que l’inflation, la production, l’emploi, les taux d’intérêt, l’investissement et la productivité, la stabilité financière et la transmission de la politique monétaire ». En outre, précise la BCE, le changement climatique et la transition carbone ont une incidence sur la valeur et le profil de risque des actifs détenus au bilan de l’Eurosystème, ce qui peut conduire à une accumulation indésirable de risques financiers liés au climat.
Cette initiative est la dernière d’une série de mesures prises par les principales banques centrales du monde pour reconnaître que leur politique doit tenir compte du changement climatique, bien que certaines, comme la Réserve fédérale américaine, insistent sur le fait que la lutte contre le changement climatique est la chasse gardée des gouvernements.
« Le changement climatique sera au cœur de l’examen de la politique de la Banque centrale européenne », avait annoncé le 25 janvier dernier Christine Lagarde, marquant ainsi une possible évolution vers une politique monétaire plus « verte ». Les défenseurs de l’environnement ont suivi de près l’examen de la stratégie de la banque, notamment lors d’une manifestation organisée par Greenpeace, au cours de laquelle des manifestants ont bravé l’interdiction de survoler le bâtiment de la BCE à Francfort.
Une victoire pour la justice climatique
« La nouvelle d’aujourd’hui est une victoire pour le mouvement pour la justice climatique, et pour les 165.000 personnes qui ont signé une pétition demandant la fin de la finance fossile et qui ont fait campagne pendant plus d’un an pour que la crise climatique figure en tête de l’agenda de la Banque », a déclaré Julia Krzyszkowska, chargée de campagne Europe à l’ONG 350.org. « Nous avons influencé la banque centrale la plus puissante au monde, traditionnellement conservatrice et d’habitude enfermée dans le dogme de neutralité du marché. Non seulement elle tient désormais compte de la crise climatique dans cette nouvelle stratégie, mais elle en fait même un thème central ! » se réjouit-elle.
« La BCE envoie un signal clair : l’ère du financement des combustibles fossiles touche rapidement à sa fin. Il est maintenant temps pour les banques et les investisseurs privés de rattraper leur retard et de couper leurs liens avec les industries toxiques du charbon, du pétrole et du gaz », a-t-elle ajouté.
Mais l’ONG avertit que le plan pourrait être lent à mettre en œuvre et que les discussions techniques autour de celui-ci pourraient finalement conduire à des échappatoires pour les investissements nuisibles au climat. « Nous sommes heureux que des mois de protestation contre la finance fossile portent leurs fruits, mais nous continuerons à surveiller les actions de la BCE », a déclaré Rika von Gierke, une militante du groupe de campagne Koala Kollektiv. « Nous avons trop souvent entendu de jolis mots qui ne signifient rien d’autre que du greenwash. Nous continuerons à protester jusqu’à ce que le conseil des gouverneurs fixe des règles fortes et claires pour abandonner les actifs liés aux combustibles fossiles et réglemente correctement le secteur financier contre le chaos climatique », a-t-elle ajouté.
Vertueux, enfin, mais à surveiller, notre système favorisant le court terme via la valorisation des actifs coute que coute (investissements passés) au détriment du long terme. C’est pourquoi le capital cherche à tout prix à voiler de vert ses actions passées et à les faire perdurer le plus longtemps possible. C’est la même logique qui fait qu’on prolonge les centrales nucléaires. chaque année de plus gènère un business juteux car les investissements sont ammortis de longue date.. tampis si pour cela, on joue au poker… Ouf, elle a tenu, jusque là tout va bien… Oh, merde, elle a pété! Game… Lire la suite »