A l’occasion de la sortie du dernier livre de Luc Ferry « L’invention de la vie de bohême », il nous a semblé intéressant de nous questionner sur qui sont les bohêmes d’aujourd’hui dans notre monde économico-innovant.
De 1830 jusqu’à 1900 la vie de Bohème se crée en nouvel imaginaire, en nouvel idéal existentiel. La Bohème était artiste ; elle était révoltée ; elle était facétieuse ; elle voulait construire un nouveau monde et sans le savoir, allait forger un grand avenir. C’était à Paris, entre les années 1830 et les années 1900, que s’inventait un nouvel idéal existentiel, une utopie animée par la conviction que « la vraie vie est ailleurs ». Bohême était synonyme de créativité, inventivité, esprit de révolte, jeunesse, effervescence, …
La Bohème était fauchée, mais elle était créative, innovante, disruptive dirait-on aujourd’hui. Son inventivité sans tabou allait donner naissance à l’art moderne, à l’idéologie soixante-huitarde, aux indignés et peut être aussi aujourd’hui, aux créateurs de rêves technologiques.
Car au fond, les startupers qui bricolent dans un coin de garage en songeant à révolutionner le monde, qui inventent sans le sou mais dans une fièvre créatrice souvent incandescente, ces bohèmes contemporains ne sont-ils pas les héritiers directs des bohèmes que peint Ferry ? Loin du cabaret du Chat noir où au XIXème siècle l’on croisait Bruant, Lautrec, Satie ou Debussy, ou du bal Tabarin ou encore du Lapin Agile, les bohêmes du XXIème siècle sont dans des « incubateurs » d’entreprises ou d’écoles, créés par des pôles de compétitivité ou des agences de développement économique.
L’idéologie de ces bohèmes n’est-elle pas finalement l’idéologie dominante de l’innovation actuelle ?
Qu’en pensez-vous ?
{jacomment on}