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À la cantine, l’équitable fait école

Dans le 20ᵉ arrondissement de Paris, le dessert devient un acte engagé : pour la première fois, des milliers d’élèves dégustent des yaourts équitables, 100 % français et produits localement par des éleveurs du Perche. Ce choix affirme une conviction forte : l’alimentation scolaire peut devenir un levier concret de soutien aux filières agricoles équitables et locales. Une initiative pionnière qui conjugue juste rémunération des producteurs, qualité des produits et plaisir des enfants, et qui dessine une autre façon de nourrir, ici et maintenant, les générations futures.

Et si le changement commençait à l’heure du dessert ?

Alors que la rémunération des agriculteurs et la qualité de l’alimentation scolaire s’invitent plus que jamais dans le débat public, le 20ᵉ arrondissement de Paris ouvre la voie. Il devient la première collectivité parisienne à servir aux élèves des yaourts équitables 100 % français, produits dans le Perche par la laiterie indépendante Pur Perche et labellisés Max Havelaar France.

Derrière cette avancée, un partenariat engagé entre Pur Perche, la Caisse des Écoles du 20ᵉ arrondissement et Max Havelaar France. Ensemble, ils font entrer dans les cantines une nouvelle filière : une filière équitable « Origine France », qui garantit une juste rémunération aux éleveurs tout en offrant aux enfants des produits locaux, bons et porteurs de sens.

Depuis l’été 2024, les cantines du 20ᵉ arrondissement ont changé de recette… sans changer de plaisir. Au menu :

  • 5 références Pur Perche : yaourt framboise, vanille, citron, nature et crème dessert chocolat ;
  • 2 livraisons par mois, directement depuis le Perche ;
  • 13 300 pots toutes les deux semaines, y compris pendant les vacances scolaires ;
  • Plus de 13 000 élèves concernés dans 80 écoles ;
  • Près de 27 000 pots par mois, soit un peu plus de 3 tonnes de produits laitiers.

Une logistique bien huilée, mais surtout une réussite collective : prouver qu’une filière locale et équitable peut nourrir chaque jour des milliers d’enfants. Et ce n’est qu’un début. Objectif 2026 : intégrer le fromage carré du Perche, la crème liquide et le fromage blanc, afin de consolider durablement les débouchés de Pur Perche et d’amplifier la démarche.

Le commerce équitable… made in France

Longtemps associé aux filières du Sud, le commerce équitable change ici de géographie. Du Perche à Paris, la chaîne est courte, transparente et 100 % française : des éleveurs engagés, une laiterie indépendante où le lait est transformé sur place, puis les cantines publiques du 20ᵉ arrondissement.

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Le tout repose sur un cahier des charges exigeant, des relations commerciales pluriannuelles et la certification Max Havelaar France, qui garantit aux éleveurs un prix minimum rémunérateur, couvrant les coûts de production ; une prime de développement pour investir et se projeter ; des exigences sociales, environnementales et de traçabilité élevées.

Un modèle cohérent et ambitieux, qui redonne de la valeur au travail agricole tout en répondant aux attentes des collectivités.

« Ce projet montre que le commerce équitable n’est pas un concept, mais une solution très concrète pour soutenir l’agriculture française. Voir ces yaourts arriver dans les cantines du 20ᵉ, c’est la preuve qu’un modèle vertueux peut bénéficier à tous : aux producteurs, aux collectivités et aux enfants », explique Blaise Desbordes, directeur général de Max Havelaar France.

L’arrivée de ces yaourts dans les cantines parisiennes s’inscrit dans une dynamique plus large : le commerce équitable connaît un essor notable en France. En 2024, le marché français des produits issus du commerce équitable a cru de 25 % pour atteindre près de 2,6 milliards d’euros de chiffre d’affaires, un niveau record qui contraste avec une consommation alimentaire globale relativement atone : +1,3 % selon l’INSEE.
Autre signe fort de cette dynamique : l’offre de produits labellisés a explosé ces dernières années. On compte aujourd’hui environ 15 000 références de produits équitables, contre 3 500 en 2014, marquant une multiplication par près de cinq en dix ans.

Par ailleurs, les filières équitables françaises – dites « Nord-Nord » – ont connu une croissance particulièrement rapide (+ 65 % en 2024), et pèsent désormais près de 1,31 milliard d’euros, presque autant que les filières historiques traditionnelles (cacao, thé, café).

Ces chiffres confirment que le commerce équitable ne se limite plus à certains produits exotiques, mais s’étend largement à des productions agricoles et alimentaires françaises, reflétant une demande croissante des consommateurs pour des produits locaux, transparents et socialement responsables

Pur Perche, quand les éleveurs reprennent la main sur leur lait

Pur Perche, c’est avant tout une histoire de courage et de territoire. Face à l’instabilité des prix du lait, cinq éleveuses et éleveurs du Perche ont décidé de créer leur propre laiterie pour maîtriser la valeur de leur travail. Leur credo : une transformation 100 % locale, des produits fabriqués à quelques kilomètres des fermes, une gamme complète : yaourts, fromage blanc, crèmes dessert, riz au lait, fromages (camembert, tomme), mozzarella, burrata et lait et surtout, un lien direct entre producteurs et consommateurs.

Pour Aurélie Suzanne, éleveuse et cofondatrice de Pur Perche, « Derrière chaque pot, il y a des visages, des familles, des paysages. Le commerce équitable, c’est un engagement humain : choisir la transparence, la solidarité et la confiance, du producteur jusqu’au consommateur. »

Le 20ᵉ arrondissement, une collectivité qui nourrit l’avenir

Ce partenariat s’inscrit dans une stratégie alimentaire ambitieuse portée par la Caisse des Écoles du 20ᵉ arrondissement, déjà saluée en novembre 2025 lors des Trophées Fairtile de Max Havelaar France. Elle y a reçu le Trophée de l’approvisionnement équitable “Origine France” pour ses 13 500 repas quotidiens et son objectif : intégrer 20 à 30 % de produits équitables selon les filières.
L’arrivée des yaourts Pur Perche prolonge naturellement cet engagement, en ajoutant une filière laitière française équitable à l’assiette des enfants.

« Garantir des volumes à un prix juste et stable aux producteurs donne tout son sens à notre politique d’achat. Accompagner des producteurs qui font le choix de l’autonomie, c’est exactement l’esprit de notre signature : “à la Caisse des écoles du 20ᵉ, chaque geste nourrit un avenir plus durable”. » plaide Grégory Mèche, directeur général de la Caisse des Écoles du 20ᵉ arrondissement

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Un modèle appelé à essaimer partout en France

Du Perche à Paris, et déjà jusqu’à Toulouse. En Haute-Garonne, le lycée Saint-Joseph utilise désormais la Brique Rose, premier lait local et équitable labellisé Max Havelaar France, produit et conditionné en Occitanie. Autant de preuves qu’une commande publique responsable, locale et équitable n’est pas une exception… mais bien une voie d’avenir. Une voie qui commence parfois par un simple yaourt, savouré à la cantine.

Et si l’équitable devenait la norme dans les cantines ?

Servir des yaourts équitables et français dans les cantines n’est ni un geste symbolique ni une opération de communication. C’est un choix politique, au sens le plus concret du terme : celui de décider ce que l’on met dans l’assiette des enfants… et ce que l’on soutient comme modèle agricole.

Alors pourquoi ces filières équitables « Origine France » restent-elles encore l’exception, quand elles répondent précisément aux défis de notre époque : rémunération juste des agriculteurs, qualité nutritionnelle, traçabilité, transition écologique et relocalisation de l’alimentation ?

Le premier frein est souvent économique, ou plutôt perçu comme tel. Oui, un produit équitable peut afficher un coût légèrement supérieur à court terme. Mais continuer à acheter à bas prix, c’est accepter un système qui fragilise les producteurs, appauvrit les sols et standardise l’alimentation. Les collectivités pionnières le démontrent : en repensant les marchés publics, les volumes et les menus, l’équitable devient soutenable, sans renchérir le prix du repas.

Le second frein est structurel. Ces filières françaises sont jeunes. Elles ont besoin de visibilité, de volumes sécurisés et d’engagements pluriannuels pour se consolider. En retour, elles offrent ce que peu d’autres modèles garantissent : une stabilité économique pour les producteurs et une qualité constante pour les convives.

Il existe aussi un frein culturel. Le commerce équitable reste trop souvent cantonné à l’imaginaire des produits exotiques. Pourtant, appliquer ses principes au lait, aux yaourts ou au fromage français est une évidence. Mieux : c’est une réponse directe à la crise agricole que traverse notre pays.

L’exemple du 20ᵉ arrondissement de Paris montre que cette transformation est possible, ici et maintenant. En intégrant une filière laitière équitable et locale dans ses cantines, il démontre que la commande publique peut devenir un levier puissant de transition alimentaire, au bénéfice des enfants, des producteurs et des territoires. La question n’est donc plus de savoir si ces filières ont leur place dans la restauration collective. Elles l’ont. La véritable question est désormais : combien de collectivités oseront, à leur tour, faire de l’alimentation scolaire un moteur de justice sociale, agricole et environnementale ?

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