À défaut de neige, les fêtes ramènent leur lot de belles surprises… sur l’étiquette. Comme chaque hiver, le grand cirque des arnaques de Noël déroule son tapis rouge, et foodwatch, en maître de cérémonie, dévoile son palmarès des produits qui ont confondu magie de fin d’année et marketing m’as-tu-vu. Huit marques se retrouvent sous les projecteurs – mais pas pour leurs qualités gustatives – dans ce jeu de dupes où la dinde n’est pas toujours celle qu’on croit.
En ce début du mois de décembre, les rayons des supermarchés s’emplissent d’aliments festifs. Malheureusement, derrière les paquets dorés ou pseudo-chics de ces produits de fêtes, certains présentent un marketing pas toujours très honnête. Cette année encore, foodwatch a repéré huit produits qui induisent les consommatrices et consommateurs en erreur.
Audrey Morice, chargée de campagnes chez foodwatch, explique : « La période des fêtes est propice à se faire plaisir sans être trop regardant, mais foodwatch a l’œil. Et nous sommes aussi alertés par de plus en plus de consommateurs qui en ont marre de se faire avoir. Nous épinglons cette année encore huit arnaques. Exemples ? Du soi-disant ‘français’ avec des ingrédients qui proviennent de loin, des promesses non-tenues, des produits qui utilisent des additifs controversés dans du foie gras ou des friandises pour enfants ou encore de l’huile de palme là où on ne s’y attend pas ».
Arnaques de Noël : voici les 8 produits épinglés par foodwatch cette année :
- Œufs de lompe noirs Auchan : l’air de rien, ce petit pot ne contient pas moins de cinq additifs, dont le caramel au sulfite d’ammonium E150d, controversé pour la santé. Lors de la production de E150d, des substances classées cancérogènes possibles, le 4-Methylimidazole (4-MEI), peuvent apparaître. Ce 4-MEI est classé « potentiellement cancérigène pour l’homme » par le Centre International de Recherche sur le Cancer (CIRC) rattaché à l’Organisation mondiale de la santé (OMS). Pas très ragoûtant. Prix constaté : 3,21 € chez Auchan
- Biscuits Collection Etoile de Delacre (Ferrero) : derrière cette boîte de biscuits aux « recettes originales » et une marque commercialisée par le groupe Ferrero qui se targue d’être « fournisseur breveté de la Cour de Belgique », se cache une réalité bien moins noble. L’huile de palme figure en bonne place dans la liste des ingrédients. Ferrero fait très fort mais nous ne sommes pas dupes. Prix constaté : 2,19 € chez Lidl
- Escargots de Bourgogne, L’origine du goût, E. Leclerc : l’étiquetage de ces escargots surgelés L’Origine du goût, une marque E. Leclerc, ne manque pas de culot. L’origine de leur goût ? Assurément pas de Bourgogne. Le service consommateurs a confirmé à foodwatch que les gastéropodes ne provenaient pas de France : la liste d’ingrédients indique simplement « Europe ». Contentez-vous donc de ce mystère sur leur réelle « origine ». Prix constaté : 11,99 € chez E. Leclerc
- Sucette Fizzy Giga Twisty 65 gr : ce Père Noël Fizzy vendu chez Monoprix est hallucinant. Il contient sept additifs : des colorants (E133, E153, E160a, E163), des arômes, un gélifiant (E440i), des acidifiants (E330, E331), du sirop de glucose et de la gélatine (animale ?). Le controversé E133 est un colorant suspecté de favoriser l’hyperactivité et d’augmenter les risques d’allergies chez les petits. Pas du tout l’idée qu’on se fait de la magie de Noël. Prix constaté chez Monoprix : 2,15 €
- Terrine aux trois poissons, Saumon, colin d’Alaska et Hoki de Guyader : dans ce produit vendu 25 € le kilo, le premier ingrédient, c’est de l’eau. Ensuite, le second ingrédient le plus présent est une vague « chair de poissons » sans autre précision. Les trois poissons mis en avant sur l’emballage y sont présents en plus petites quantités (colin d’Alaska, 15% ; hoki, 5% ; saumon, 3,5% ; pulpe de saumon, 3,5%, saumon fumé, 1%). Le produit contient aussi des carraghénanes, utilisés pour améliorer la texture des produits. Or, l’Inserm soulignait en 2024 que la consommation répétée d’émulsifiants comme les carraghénanes était associée à un risque accru de diabète de type 2. Prix constaté : 3,06 € chez E. Leclerc
- Bloc de foie gras de canard, pointe d’Armagnac de Labeyrie : ce produit de la gamme ‘Les Apéritifs’, ‘fruité et fondant’ à l’emballage raffiné jouant la carte du terroir français renferme un additif que Labeyrie se garde bien de mettre en avant. Si on passe outre la cruauté animale, ce foie gras contient du nitrite de sodium ajouté, l’additif E250. Les nitrites et nitrates ajoutés dans notre alimentation, peuvent contribuer à la formation de composés cancérogènes probables et favoriser l’apparition de cancer colorectal (le deuxième cancer le plus mortel après celui des poumons) et de cancer de l’estomac. Prix constaté : 9,99 € chez Auchan
- Chocolate Bonbons Favorina de Lidl : à première vue, la petite fenêtre transparente indique que le sachet de chocolats est bien rempli. Mais une fois ouvert, c’est surtout le vide – environ un quart du paquet – qui saute aux yeux. Créer l’illusion de plus de chocolats avec un paquet plus grand alors que l’emballage est plein de vide : une pratique qui énerve beaucoup de consommatrices et consommateurs. Prix constaté : 2,19 € chez Lidl
- Pâté en croûte Le Richelieu, médaillon de mousse de canard de Maison Monterrat : la mention « viande française » très visible à l’avant de l’emballage à grand renfort de bleu-blanc-rouge fait une promesse aux consommatrices et consommateurs… non-tenue. Derrière ce vernis made in France, on retrouve surtout du porc comme premier ingrédient, présent en plus grande quantité, qui est bien français. Mais le foie maigre de canard est, lui, « origine UE et hors UE ». Autant dire : pas nécessairement français. Prix constaté : 3,99 € chez Auchan.
Au fil des années, foodwatch constate que le ‘name and shame’ fonctionne et que les marques changent leurs recettes ou leurs emballages. Indéniablement, dans les rayons des fêtes, les arnaques sur l’étiquette disparaissent sous la pression des enquêtes de l’association de défense des consommateurs et le soutien des consommateurs qui ne veulent pas se faire avoir. foodwatch continuera d’épingler le marketing abusif des produits festifs jusqu’à ce que ces pratiques cessent.
Sur son site internet, l’association de défense des consommateurs met à disposition un outil de signalement des produits au marketing peu honnête et invite les personnes ayant repéré des emballages qui induisent en erreur à les épingler sur le « Mur des arnaques ».
En attendant que les rayons brillent autant par leur transparence que par leurs paillettes, mieux vaut garder l’œil vif et la loupe à portée de caddie. Les marques finiront peut-être par céder à la pression, conscientes que personne n’a envie d’emballer du vide ou des additifs sous le sapin. Et si malgré tout l’arnaque persiste, pas de panique : foodwatch continuera de distribuer ses sacs de charbon médiatiques. Après tout, c’est aussi ça, la magie de Noël. 🎄
Pour aller plus loin :
- Arnaques sur l’étiquette : conseils pour repérer les pratiques marketing abusives
- Article « C’est quoi le problème avec les additifs alimentaires ?«






