Chroniques dilettantes, de Philippe Bélaval – Éditions Gourcuff Gradenigo, 17 octobre 2025 – 112 pages
Figure incontestée du monde du patrimoine et de la culture depuis plus de 30 ans, Philippe Bélaval a réuni, dans cet ouvrage, une quinzaine d’essais sur des sujets qui lui tiennent particulièrement à cœur dans le domaine de l’architecture, de la littérature, des arts plastiques et de la musique. Ces Chroniques dilettantes abordent des thèmes aussi variés que des lieux emblématiques comme le cimetière Saint-Sébastien à Salzbourg ou les Landes de Gascogne, des personnalités comme Pierre Loti ou Michel de Montaigne, des œuvres comme La Vocation de saint Matthieu de Caravage ou Le Déjeuner dans l’atelier de Manet, et l’on comprend très vite que la prétendue désinvolture du « dilettante » n’est chez Bélaval qu’un masque délicat, une manière de s’autoriser la liberté d’approcher les choses avec sensibilité plutôt qu’avec dogmatisme.
Ces chroniques ont été composées à l’invitation qui m’a été adressée de réunir quelques réflexions autour d’œuvres d’art et de sites historiques pour lesquels j’éprouve une inclination particulière. » Philippe Bélaval
Loin d’une érudition pesante, son regard glisse, relie, associe, et chaque essai devient l’occasion de faire dialoguer les arts entre eux, de relire les paysages comme des pages d’histoire, ou d’éclairer des œuvres familières d’une lumière oblique qui en révèle l’étrangeté secrète. À travers ce mouvement continu de va-et-vient entre passé et présent, souvenirs personnels et connaissance intime des lieux, Bélaval compose une géographie affective où le patrimoine n’est jamais figé, mais toujours vécu, ressenti, réinventé.
Ce qui frappe, c’est la capacité de l’auteur à mêler la précision du conservateur à l’émotion du promeneur : ses descriptions de Caravage ou de Manet ne sont jamais purement esthétiques, elles témoignent d’une manière de regarder le monde qui fait de la contemplation une forme d’engagement ; de même, ses évocations de Montaigne ou de Loti déroulent moins des portraits que des présences, en montrant comment ces figures continuent de travailler notre sensibilité contemporaine.
Les lieux qu’il traverse fonctionnent alors comme des réservoirs de mémoire, des territoires où la culture redevient expérience, et où le dilettantisme revendiqué devient paradoxalement la preuve la plus sûre d’une fidélité profonde : fidélité à ce qui touche, surprend, émeut. Ainsi le livre prend-il l’allure d’une promenade intellectuelle et sensible où chaque détour révèle un rapport discret, mais constant entre beauté et fragilité, entre admiration et vigilance, entre l’envie de transmettre et celle de simplement se laisser traverser.
Au fil de ces chroniques, Philippe Bélaval compose moins un autoportrait qu’une philosophie de la disponibilité : une manière d’être au monde qui accueille l’art et les paysages comme autant d’invitations à regarder mieux, à ralentir, à comprendre que le patrimoine, pour rester vivant, a besoin de regards libres, curieux, et parfois légèrement dilettantes.
Le plaisir : voilà bien le principe de ces chroniques. On ne sait bien ni comment il naît, ni comment il se transmet, mais peu importe : si la promenade, à laquelle je convie le lecteur autour de quelques chefs-d’œuvre de la création humaine, lui en fait ressentir autant que j’en éprouve moi-même. » Philippe Bélaval
Un livre qui se déploie comme la trace lumineuse de la curiosité insatiable d’un homme pour qui la culture n’a jamais été un simple décor, mais l’axe vivant autour duquel s’est toujours articulée son existence.
Philippe Bélaval a été président du Centre des monuments nationaux de 2012 à 2023, après avoir exercé plusieurs hautes fonctions publiques, en particulier dans le domaine culturel : directeur général de l’Opéra de Paris, de la Bibliothèque nationale de France, des Archives de France, puis des patrimoines. Membre du Conseil d’État pendant de nombreuses années, il a été nommé conseiller culture à l’Elysée en janvier 2023.
Il est déjà l’auteur de Voyage au Panthéon, et de Notre-Dame de Paris, une histoire de Pile de la Cité, édités aux Presses de la Cité.
